L’exception aura duré onze mois. À compter du 1er janvier 2024, les taux d’usure seront de nouveau révisés chaque trimestre. Depuis février dernier, ils étaient fixés tous les mois pour s’adapter à la vive remontée des taux d’intérêts qui a prévalu pendant près de deux ans. Le taux plafond applicable aux prêts d’une durée de 20 ans et plus atteindra 6,29% pour le premier trimestre 2024.
Taux d’usure révisé chaque trimestre en 2024
Jeudi 28 décembre, la Banque de France a acté la fin de la révision mensuelle du taux d’usure. Retour à la fixation trimestrielle prévue par la loi à compter de janvier 2024.
Depuis février 2023, les taux d’usure, qu’ils concernent les crédits immobiliers ou les prêts à la consommation, étaient calculés chaque mois pour tenter de contrer la progression très rapide des taux d’intérêts. En opérant une révision plus rythmée des taux maximum légaux, la décision de la BdF permettait ainsi aux banques de détail d’adapter plus régulièrement leurs barèmes de taux au contexte monétaire hyper mobile, évitant que l’effet ciseau ne pénalise les ménages pourtant solvables trop rapidement. Initialement programmée jusqu’en juillet 2023, la révision mensuelle du taux d’usure a finalement été prolongée jusqu’à la fin de l’année 2023.
Selon le communiqué de presse de la BdF, entre janvier 2023 et janvier 2024, les taux d’usure auront gagné 270 points de base, passant de 3,57% à 6,29% pour les prêts d’une durée de 20 ans ou plus. Cette mensualisation exceptionnelle qui a permis d’accompagner les banques n’a plus lieu d’être. Les conditions monétaires se stabilisent, l’inflation en zone est en phase descendante et se dirige vers son objectif de 2%. Et pour la deuxième fois depuis octobre dernier, la Banque Centrale Européenne laisse inchangés ses taux directeurs, signe d’une relative détente.
On attend très prochainement la publication au Journal Officiel pour connaître tous les taux d’usure applicables selon les durées et les types de crédit.
Meilleur accès au crédit immobilier en 2024 ?
La Banque de France estime que le retour au calcul trimestriel “devrait contribuer à la tendance vers la stabilisation des barèmes de crédit immobilier, et donner une meilleure visibilité aux emprunteurs”. Le fait que les conditions monétaires se détendent est en effet une excellente nouvelle pour les ménages porteurs d’un projet immobilier. L’accès au crédit en 2024 sera-t-il pour autant facilité ?
Détente sur les taux mais aucune souplesse quant aux règles du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière). Les autorités persistent et signent dans leur entêtement à encadrer le crédit immobilier par une norme d’une rigidité aveugle qui ne trouve aucune justification si ce n’est de freiner la consommation. Ce ne sont pas les 3 mesures cosmétiques de la Banque de France qui vont régler la crise immobilière :
-
La durée de remboursement reste limitée à 25 ans, avec possibilité de différé d’amortissement jusqu’à 27 en cas d’achat en VEFA ou dans l’ancien avec travaux de rénovation d’un montant minimum équivalent à 10% de l’opération (contre 25% auparavant).
-
La possibilité de demander le réexamen d’un dossier rejeté à la marge ;
-
Le droit pour les banques de ne pas intégrer les intérêts d’un prêt relais dans le calcul du taux d’effort.
Pas question de toucher au taux d’endettement qui reste invariablement plafonné à 35% des revenus nets, assurance emprunteur comprise. Accusé de déni de crise immobilière, le gouvernement campe sur ses positions, alors même que la Cour de cassation a tout récemment statué que taux d’endettement et reste à vivre sont deux notions complémentaires, ce qui permet au premier d’aller au-delà de la limite des 35% si le second est suffisant.
Autre nouvelle qui devrait intéresser les acheteurs potentiels. La baisse des prix de l’immobilier ancien devrait être plus forte en 2024. Après une correction inférieure à 4% en 2023 (chiffres provisoires des notaires), les prix devraient se contracter en moyenne de 6% l’an prochain, avec, toujours, des disparités régionales et locales.
Retrouvez tous les changements en immobilier et logement à compter de janvier 2024.