La nouvelle année introduit toujours des changements dans le quotidien des ménages et en matière d’immobilier, les étrennes ne sont pas généreuses mais encourageantes. Taux d’usure de nouveau mensualisé, accès au crédit légèrement assoupli, taux relevé pour le PEL, plafonds rehaussés pour MaPrimRénov, voici tout ce qui change dans le domaine de l’immobilier à compter du 1er janvier 2024.
Taux d’usure : retour à la révision trimestrielle au 1er janvier 2024
La Banque de France l’affirme : « Désormais, les taux d'intérêt tendent vers leur stabilisation : c'est vrai des taux de la BCE (en pause depuis septembre) comme de ceux du livret A, maintenus à 3%. Il est donc justifié de sortir des circonstances exceptionnelles et de revenir à l'ajustement trimestriel prévu par la loi ». Après 10 mois de mensualisation, les taux d’usure seront de nouveau révisés tous les trimestres à partir de janvier 2024, comme ils l’étaient avant février 2023.
La décision de mensualiser le taux d’usure avait été prise par la BdF en raison des difficultés accrues d’accès au crédit immobilier, dans un contexte de vive remontée des taux d’intérêts qui grimpaient plus violemment que les taux maximum légaux. Pour éviter que ne s’opère trop rapidement l’effet ciseau pénalisant de nombreux ménages pourtant solvables, l’institution s’était tardivement rangée à l’avis des professionnels du crédit de réformer l’usure de toute urgence. Une réforme a minima, le calcul étant toujours effectué sur la base des données du trimestre qui se termine.
Règles d’octroi du crédit immobilier : du mou dans la corde en 2024
Autre mini-réforme, celle de l’encadrement du crédit immobilier. La révision mensuelle de l’usure durant une grande partie de l’année 2023 n’a pas été la martingale escomptée, et pour cause. L’accès au crédit immobilier est resté resserré à cause des règles d’octroi du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière), en place depuis janvier 2020 à l’époque où les taux d’intérêts étaient à leur plus bas historique.
Le régulateur fixe une norme assortie de 2 limites que les banques doivent obligatoirement respecter sous peine de sanction administrative :
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Le taux d’endettement est plafonné à 35% des revenus nets avant impôt, assurance emprunteur comprise.
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La durée de remboursement est limitée à 25 ans, sauf exception dans le neuf et l’ancien avec travaux de rénovation où elle peut aller jusqu’à 27 ans.
Malgré les appels incessants des courtiers à revoir ces règles devenues inadaptées dans un contexte de taux élevés, la BdF s’est entêtée à les maintenir. Le déni du gouvernement de la crise immobilière marquera l’année 2023 et laissera des stigmates sur un secteur en souffrance. De quoi s’interroger sur les vraies raisons de cet aveuglement. Tirer l’inflation vers le bas en fermant le robinet du crédit ?
Le 4 décembre dernier, la BdF a tout de même consenti à 3 mesures cosmétiques qui seront mises en place dès janvier 2024 :
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Le différé de remboursement est toujours poussé à 27 ans cas de travaux, mais le montant de la rénovation ne doit plus représenter que 10% de l’opération contre 25% jusqu’à présent.
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Les intérêts d’un prêt relais n’entrent plus dans le calcul du taux d’endettement. À peine 8% des prêts accordés sont concernés.
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La possibilité est donnée de réexaminer un prêt immobilier refusé à la marge.
Ce dernier point devra être précisé. Pour l’heure, on ne sait pas s’il appartient à la banque de revoir les conditions ou si la demande est réexaminée par une entité extérieure.
Hausse du taux du PEL 2024
Les PEL (Plan Épargne Logement) ouverts à compter du 1er janvier 2024 bénéficieront d’un taux de rémunération de 2,25%, contre 2% actuellement. Un rendement brut puisque les intérêts sont soumis à la «flat tax» de 30% ou, sur option, aux prélèvements sociaux de 17,2% et à l’impôt sur le revenu. La rémunération nette se limitera à 1,58%, à peine la moitié du taux offert par le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), qui va rester figé à 3% jusqu’au 1er février 2025.
Si, comme 10,5 millions de Français, vous avez déjà ouvert un PEL, vous n’êtes pas concerné par cette revalorisation : la rémunération est celle en vigueur à la date d’ouverture du PEL.
Dans la foulée, le taux du prêt épargne logement d’un PEL ouvert à partir de janvier 2024 passe de 3,20% à 3,45%. Car c’est bien là l’atout principal du PEL : profiter d’un taux d’emprunt préférentiel et connu d’avance pour financer un projet immobilier. Il faut néanmoins attendre la fin de la troisième année d’un PEL pour avoir droit à un prêt dont le taux d’intérêts dépend de la date d’ouverture :
- 3,20% entre février 2015 et janvier 2016
- 2,70% entre février 2016 et juillet 2016
- 2,20% entre août et décembre 2022
- 3,20% depuis janvier 2023.
Le montant maximum d’un prêt PEL est de 92 000€ et dépend notamment des intérêts obtenus sur le PEL (droits à prêt). De quoi compléter avantageusement un crédit immobilier classique dont le taux va rester élevé dans les prochains mois, même si on peut tabler sur quelques éclaircies pour le marché immobilier 2024. Attention : le prêt épargne logement doit être couvert par une assurance emprunteur, coût qui s’ajoute aux intérêts.
Plafonds 2024 pour MaPrimRénov
Le gouvernement accorde une enveloppe supplémentaire de 1,6 milliard d’euros pour la rénovation énergétique des logements, portant ainsi le budget total à 5 Md€ pour 2024. Le plafond des dépenses éligibles à MaPrimRénov oscille entre 40 000€ et 70 000€, avec une prise en charge pouvant aller jusqu’à 90% pour les ménages très modestes.
Les ménages qui souhaitent réaliser au moins 2 travaux parmi ceux éligibles, et dont le montant est supérieur à 5 000€ pour chaque opération, devront obligatoirement passer par Mon Accompagnateur Rénov, un professionnel agréé qui aura pour mission de les guider au mieux dans leur démarche : définir les travaux à réaliser via un audit énergétique, conseiller dans le choix des devis, accompagner pour la recherche de financement, etc. Ce support peut être gratuit si votre collectivité a mis en place un financement dédié, sinon, il vous en coûtera au moins 2 000€. L’Anah cofinance l’accompagnement à hauteur de 875€ selon votre projet et vos revenus.