La hausse des taux d’intérêts met à mal le pouvoir d’achat des ménages emprunteurs, et dans le même temps, les prix de l’immobilier ancien s’érodent doucement. D’aucuns s’interrogent sur l’opportunité d’attendre quelques mois pour voir les valeurs s’infléchir davantage. Selon les pronostics des professionnels, la baisse des prix des logements anciens devrait s’accentuer en 2024.
Année immobilière 2023 : pas loin du désastre
L’année 2023 se termine sur un bilan peu glorieux entre la chute du nombre de transactions, dans l’ancien comme dans le neuf, et une production de crédits immobiliers atone compte tenu des difficultés rencontrées par les ménages depuis près de deux ans :
-
hausse vertigineuse des taux d’intérêts,
-
effet ciseau opéré par un taux d’usure inadapté au contexte,
-
règles du HCSF obsolètes.
Selon les chiffres des notaires, l’année 2023 enregistrera entre 850 000 et 890 000 transactions dans l’ancien, soit une chute comprise entre -21% et -25%. Une estimation qui rejoint celle du groupe bancaire BPCE qui évalue le volume des ventes à environ 870 000 opérations. Pour mémoire, le nombre de ventes de logements anciens était de 1,109 million en 2022 et de 1,172 million en 2021, deux millésimes records portés par des taux d’intérêts au plancher. Selon la Banque de France, le taux de crédit moyen était de 1,14% en 2021 et de 1,47% en 2022 (hors assurance emprunteur et coût des sûretés).
BPCE anticipe une dégradation de l’activité en 2024, autour de 780 000 transactions, soit une baisse de 10% par rapport à 2023.
Au-delà des chiffres, c’est tout un secteur qui souffre, les professionnels du bâtiment et de la vente (artisans, agences), comme les courtiers et les notaires, tous victimes du déni du gouvernement de la crise immobilière 2023.
Accès au crédit immobilier : plus facile en 2024 ?
Après de longs mois de disette, on entrevoit pourtant quelques éclaircies pour le marché immobilier 2024. Toutefois, ce ne sont pas les 3 mesures cosmétiques de la Banque de France qui vont améliorer l’accès au crédit : le taux d’endettement demeure bloqué à 35% des revenus nets, assurance emprunteur comprise, et ce, quel que soit le niveau du reste à vivre. Seules deux concessions ont été accordées :
-
la durée de remboursement qui peut s’allonger jusqu’à 27 ans dans l’ancien si l’emprunteur engage des travaux de rénovation d’un montant équivalent au moins à 10% de l’opération, contre 25% auparavant.
-
La possibilité est donnée de réexaminer une demande de prêt refusée à la marge.
Les pronostics pour l’immobilier 2024 tablent sur un redémarrage en douceur. Les taux d’emprunt vont rester à des niveaux élevés, tant que la Banque Centrale Européenne n’aura pas décidé d’infléchir sa politique monétaire. Les taux directeurs sont stables depuis octobre dernier, en lien avec le repli de l’inflation, mais il ne faut pas espérer une baisse des taux avant le printemps. Autre facteur qui pourrait freiner la production de crédits à l’habitat, le taux d’usure, mensualisé depuis février 2023, sera de nouveau révisé chaque trimestre à partir de janvier 2024.
Baisse des prix dans l’ancien : -6% en 2024
C’est bien une correction significative des prix qu’attendent les ménages porteurs d’un projet immobilier. La baisse des prix de l’immobilier ancien sera inférieure à 4% en 2023 selon les chiffres provisoires des notaires sur la base des avant-contrats. Insuffisant au regard de la perte du pouvoir d’achat immobilier de plus de 20% imputable à la hausse des taux.
Pour céder leur bien en 2024, les vendeurs vont devoir intégrer le fait que l’accès au crédit restera difficile et accepter de revoir leurs prétentions, surtout pour les logements surévalués. Les acheteurs sont donc en position de force pour négocier, quitte à attendre s’ils ne sont pas pressés. Le réseau d’agences immobilières L’Adresse chiffre les marges de négociations actuelles autour de 5% du prix affiché, et au-delà de 15% pour les biens à rénover ou proposés à la vente depuis plusieurs mois. Consultez notre article pour connaître les zones où il y a le plus de passoires thermiques en 2023.
Les prix dans l’ancien pourraient baisser en moyenne de -6% en 2024 selon BPCE et de -5% pour L’Adresse sur le premier semestre 2024. Une correction qui s’avère plus forte que celle attendue en 2023. Sur deux ans, le repli moyen cumulé atteindrait environ -10%. Il faut prendre ses prévisions avec circonspection, car l’activité immobilière est marquée par son importante hétérogénéité territoriale, chaque zone ayant sa propre résistance aux conditions du marché (équilibre ou déséquilibre offres/demandes, marché locatif en tension, etc.).