Jeudi 15 juin, la Banque Centrale Européenne a procédé à une énième hausse de ses taux directeurs dans l’objectif de faire baisser l’inflation en zone euro. Comme les augmentations précédentes, celle-ci aura un impact sur le coût du crédit immobilier pour les particuliers. Il faut craindre des taux d’intérêts autour de 5% d’ici début 2024.
Dégradation des conditions monétaires
Sans surprise, la BCE rehausse de nouveau ses taux directeurs, toujours dans le but de ramener l’inflation en zone euro vers l’objectif des 2%. Depuis hier 15 juin, le taux de refinancement a augmenté de 25 points de base, passant de 3,75% à 4%. Les autres taux directeurs, le taux de dépôt et celui de prêt marginal, progressent de 50 points de base également, à 3,5% et 4,25% respectivement. Cette augmentation des taux de la BCE est la huitième d’affilée en moins d’un an. Entre mars 2016 et juillet 2022, les banques de détail pouvaient se refinancer auprès de l’institution communautaire au taux historique de 0%.
Sous la pression inflationniste, qui décélère toutefois en mai 2023, la BCE continue de durcir sa politique monétaire. Aucun signe n’indique par ailleurs que l’inflation ait atteint son pic. La présidente de la BCE Christine Lagarde a rappelé la forte probabilité que les taux augmentent de nouveau en juillet prochain, contrairement aux attentes des observateurs qui tablaient sur une détente voire une stabilisation au mieux d’ici la fin de l’année, au pire au début 2024.
Vers des taux d’emprunt à 5%
Confrontés à une très nette augmentation des taux d’intérêts depuis le printemps 2022 dans le sillage des ajustements de la BCE, les candidats au crédit immobilier vont voir leur capacité d’emprunt de nouveau tirer vers le bas. Le taux moyen sur 20 ans a été propulsé de 1% fin 2021 à plus de 3,50% en juin 2023, soit le niveau de l’automne 2012. Les emprunteurs ont perdu environ 20% de capacité d’endettement et malheureusement, une baisse des prix de l’immobilier de 20% en 2023 pour compenser l'envolée des taux paraît illusoire.
Les ménages sont aussi pénalisés par la forte résistance des banques à prêter. Bien qu’il soit un produit d’appel, le crédit immobilier n’est plus rémunérateur compte tenu des faibles marges de manœuvre qu’ont les banques pour ajuster leurs barèmes de taux aux contraintes monétaires. Elles sont bornées par le taux d’usure qui est le TAEG maximal au-delà duquel il leur est interdit de prêter. Le TAEG (Taux Annuel Effectif Global) contient tous les frais liés à l’obtention du crédit, les intérêts mais aussi tous les frais annexes à commencer par l’assurance de prêt immobilier, qui pèse en moyenne 33% du coût global.
Actuellement, le taux pour les prêts d’une durée supérieure à 20 ans frôle les 4% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés). Avec un taux d’usure en juin 2023 à 4,68% pour les prêts de 20 ans et plus, il reste peu d’espace pour intégrer les autres dépenses obligatoires dans le TAEG. La mensualisation du taux d’usure depuis le 1er février 2023 n’est pas le miracle tant attendu pour faciliter l’accès au crédit immobilier. Elle permet tout juste de retarder le fameux effet ciseau en offrant la latitude aux banques de rehausser leurs taux d’emprunt plus régulièrement.
Certaines banques ont cependant fermé le robinet du crédit, comme Axa Banque depuis avril dernier. Quelques établissements affichent des taux proches du taux d’usure, ce qui signifie qu’ils arrêtent de prêter, à l’instar de certains grands réseaux nationaux comme la Société Générale, BNP Paribas ou LCL.
D’aucuns se demandent de manière légitime s’il ne vaut pas mieux attendre 2024 pour emprunter. Les taux vont continuer de progresser, pour atteindre en moyenne 4,50% à la fin de l’année 2023 selon les estimations des professionnels. Ce n’est pas le léger assouplissement des conditions d’octroi pour les investisseurs décidé cette semaine par le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) qui va huiler les rouages.
Le HCSF maintient la norme à 35% d’endettement maximum et à 25 ans de durée de remboursement, tout en prolongeant la révision mensuelle du taux d’usure jusqu’au 1er janvier 2024 et en donnant plus de souplesse aux banques de prêter hors de clous sans toucher à la marge globale de flexibilité.
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