Les taux d’intérêts n’en finissent pas de monter et pourraient atteindre les 5% au début de l’année 2023. Sale temps pour les candidats à l’achat immobilier qui font face au renchérissement du crédit, doublé de normes d’octroi restrictives qui limitent l’accès bancaire. La production de crédits à l’habitat s’en ressent, la hausse des taux étant paradoxalement la voie pour que les banques regagnent leurs marges.
Taux d’intérêts en progression constante
Enclenchée en mars 2022, en lien avec la reprise de l’inflation, la hausse des taux d’emprunt va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2023 et pourrait même déborder au-delà. Actuellement, les taux sur 20 ans et plus s’approchent des 4% (hors assurance emprunteur et frais de garantie), contre 1% en moyenne début 2022. Les courtiers anticipent des taux à 5% en 2024 si la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne continue de se durcir pour ramener l’inflation vers son objectif de 2%.
On en est loin. Même si elle décélère à 4,5% sur un an en juin 2023, après 5,1% le mois précédent, l’inflation en France reste élevée. En zone euro, l’indice des prix est estimé à 5,5%, contre 6,1% en mai. Le taux de refinancement a connu un septième relèvement le 21 juin dernier, à 4%. Cette hausse renchérit le coût du crédit, l’effet recherché par la BCE pour faire tomber l’inflation.
Les banques de détail ajustent leurs barèmes en conséquence des conditions auxquelles elles empruntent auprès de l’institution communautaire. Si les conditions de prêts pour les particuliers sont nettement moins profitables qu’il y a plus d’un an, elles restent encore assez accommodantes. Selon la Banque de France, si le volume des crédits à l’habitat est en baisse, il s’agit plutôt d’une « normalisation du marché après des années hors normes ».
Baisse du pouvoir d’achat immobilier
Depuis la remontée des taux d’intérêts, la capacité d’emprunt des ménages s’est très nettement contractée. Avec une mensualité de 1 000€ par mois sur 20 ans, un acheteur peut emprunter 165 000€ si le taux est à 4% (hors assurance de prêt et coût des sûretés), contre 217 000€ avec un taux à 1%. Dans l’intervalle, le pouvoir d’achat immobilier a chuté de 24%.
Le marché a largement profité de la baisse historique des taux depuis que la barre des 2% a été enfoncée en 2016. Cela n’a pas été sans conséquence sur les prix immobiliers. Les prix des maisons ont bondi de 74% en Île-de-France et de 64% dans les autres régions entre 2003 et 2020. Ceux des appartements ont également pris l’ascenseur, à +145% en ÎdF et +90% ailleurs (chiffres des notaires). Aujourd’hui, il faudrait une baisse de 20% des prix immobiliers en 2023 pour compenser la hausse des taux d’emprunt.
Pour devenir propriétaires en 2023, les ménages doivent faire des concessions sur la surface, réduire leurs dépenses du quotidien ou s’armer de patience en reportant leur projet dans l’attente de conditions meilleures.
Paradoxalement, la progression des taux que rien ne semble arrêter pourrait être profitable au marché en rendant le crédit plus rentable pour les banques. Certaines avaient fermé le robinet du crédit en décembre 2022 avant la mensualisation du taux d’usure ; plus récemment, d’autres grandes enseignes avaient pris la décision de ne plus prêter en attendant une stabilisation des conditions monétaires. Le crédit immobilier est un produit d’appel qu’il leur est risqué de supprimer d’un point de vue commercial.
Règles d’octroi du HCSF : frein à l’accès au crédit
Le crédit immobilier plus accessible fin 2023 ? Sans doute pas, car les règles d’octroi imposées par le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) ne bougent pas d’un iota et vont continuer de freiner l’accès au prêt bancaire. En effet, la hausse des taux n’est pas la seule responsable de la crise de l’immobilier 2023. Le strict encadrement du crédit depuis deux ans est pénalisant pour les ménages qui doivent se plier aux exigences renforcées des banques en matière d’apport personnel et d’épargne de précaution.
Le taux d’endettement reste limité à 35% des revenus nets, assurance emprunteur comprise, et la durée de remboursement plafonnée à 25 ans (jusqu’à 27 ans en cas d’achat dans le neuf). Même si l’emprunteur est largement solvable et son reste à vivre très confortable, la banque ne peut déroger à la règle du taux d’effort sous peine de sanctions administratives.
Conjuguée aux normes drastiques et à la correction trop faible des prix des logements, la hausse des taux fait chuter la production de crédits immobiliers de près de 46% entre mai 2022 et mai 2023 (chiffres Banque de France).
La seule variable d’ajustement dont dispose l’emprunteur dans un environnement de taux en perpétuelle mouvance est la délégation d’assurance de prêt. Pour mieux maîtriser le taux d’endettement et réduire le coût de son crédit, l’emprunteur a tout intérêt à souscrire une assurance concurrente de celle proposée par sa banque. Consultez notre baromètre du pouvoir d’achat immobilier de juin 2023 pour constater la performance des assurances externes et le gain potentiel qu’elles génèrent.