« Argent trop cher ! », disait la chanson. Et bientôt plus cher encore si l’on suit les prévisions des courtiers en crédit immobilier. Le mois de mai devrait acter une nouvelle hausse. D’ici l’été prochain, les taux d’intérêts du crédit immobilier devraient tutoyer les 4% et voire les dépasser sur 25 comme sur 20 ans. La révision mensuelle des taux d’usure alimente l’accélération de ce mouvement haussier, tout en contribuant à lâcher du lest pour accéder au crédit bancaire.
Hausse continue des taux d’intérêts depuis février 2022
En lien avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a très nettement dégradé les conditions monétaires en zone euro (et ailleurs), les taux d’intérêts, jusque-là à des niveaux planchers, n’en finissent de progresser chaque mois. Fini l’argent facile qui permettait de s’endetter à 1% sur 20 ans (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) ! Aujourd’hui, les valeurs oscillent entre 3,20% et 3,50% sur cette maturité pour les bons dossiers, ceux qui répondent aux exigences renforcées des banques en matière d’apport personnel, mais aussi d’épargne de précaution, nouveau critère 2023 pour obtenir son prêt immobilier.
Vers les 4% pour l’été 2023
La moyenne de 3% sur 20 ans a été franchie fin février. La remontée des taux s’est poursuivi en avril et devrait continuer sur cette lancée le mois prochain. Les professionnels du crédit, les courtiers en premier lieu, tablent sur des taux à 4% pour l’été 2023, du jamais vu depuis début 2012. Les écarts se creusent entre les banques ; certains établissements proposent déjà du 4% sur 20 ans, histoire de dissuader toute velléité de crédit immobilier.
Marché du crédit à l’arrêt
La hausse du taux de la BCE en mars (taux de refinancement à 3,50%) oblige les banques commerciales à ajuster leurs barèmes en conséquence des contraintes monétaires pour conserver une relative profitabilité sur les nouveaux crédits immobiliers, mais elles restent bloquées par le niveau de l’usure. Une banque a pris une décision radicale : Axa Banque a arrêté de prêter depuis le 7 avril 2023, en attendant que le contexte monétaire lui permette de rétablir ses marges sur le crédit immobilier.
Taux d’usure à plus de 4% en avril 2023
La révision mensuelle des taux légaux est elle aussi facteur d’accélération de la hausse des taux. En place depuis le 1er février 2023, et ce, jusqu’à fin juin, cette mensualisation des taux d’usure rend le crédit immobilier plus fluide, en desserrant l’étau quelque peu. Accusés de bloquer l’accès au prêt bancaire en raison d’un ajustement trimestriel, trop tardif pour répondre à la progression rapide des taux d’emprunt, les taux d’usure collent désormais davantage à la réalité du terrain, sans pour autant que cette décision provisoire de la Banque de France soit la martingale.
Le taux d’usure supérieur à 4% en avril 2023 était attendu. Il s’établit à 4,24% pour les prêts à taux fixe d’une durée de 20 ans et plus, soit 24 points de base supplémentaires par rapport au mois précédent. Il est communément admis que l’usure doit être supérieure de 100 à 120 points de base pour ne pas être un frein à l’accès au crédit, et permettre d’intégrer dans le TAEG (Taux Annuel Effectif Global) tous les frais liés à l’obtention du crédit, à commencer par l’assurance emprunteur, deuxième coût après les intérêts.
Exit les ménages modestes et les primo-accédants
L’écart paraît suffisant pour les bons dossiers, mais se révèle trop mince si le taux nominal passe les 3,50%. Un des dysfonctionnements de l’usure est l’application d’un taux unique quelle que soit la durée à partir de 20 ans.
Les emprunteurs les moins bien dotés en apport personnel et en épargne de précaution post-crédit sont défavorisés car ils doivent s’endetter à des conditions désavantageuses (taux nominal élevé sur la durée la plus longue autorisée). On pense aux jeunes actifs, obligés de rester locataires car le crédit immobilier ne leur est plus accessible en raison des restrictions imposées.
Assouplissement des normes d’octroi des crédits immobiliers
Le marché du crédit immobilier est dans une impasse et serait en phase de retournement en 2023, entre le durcissement monétaire amorcé à la mi-2022 qui engendre la hausse du loyer de l’argent et la faible adaptabilité de l’usure à ce phénomène. L’annonce d’un éventuel assouplissement des règles d’octroi du HCSF en 2023 redonne de l’espoir. Le ministère de l’Économie le souhaite pour que les normes ne deviennent pas un obstacle à l’accès au crédit immobilier de ménages pourtant parfaitement solvables. La Banque de France a fait savoir son désaccord à un éventuel desserrement.
Le levier pour maîtriser son endettement et accéder plus facilement au crédit immobilier reste la délégation d’assurance emprunteur. Pour abaisser significativement votre TAEG et rester sous l’usure, souscrivez une assurance de prêt externe, jusqu’à trois fois moins chère que la proposition bancaire. Mettez les offres en concurrence via un comparateur d’assurance prêt immobilier et économisez des milliers d’euros tout en étant parfaitement protégé.