L’assurance emprunteur représente en moyenne un tiers du coût global d’un prêt immobilier. En présence de risques de santé, ce coût s’envole et peut même compromettre l’obtention du financement. La loi Lemoine fait bouger les lignes pour certains emprunteurs, mais la santé reste un enjeu majeur pour les assureurs. Sans jugement moral, sachez qu’une bonne hygiène de vie permet de faire des économies sur son assurance emprunteur.
Que couvre l’assurance emprunteur ?
Indispensable pour garantir la bonne fin d’un crédit immobilier, l’assurance emprunteur prend en charge les mensualités à hauteur de la quotité en cas de survenance des risques suivants : décès, incapacité et invalidité.
Le niveau de risques est apprécié au regard des données renseignées par l’emprunteur dans le questionnaire de santé assurance de prêt immobilier. L’âge est également un paramètre déterminant dans le tarif de l’assurance, en raison, justement, des risques potentiels de santé qui frappent davantage les plus de 45 ans.
Les deux garanties obligatoires en assurance de prêt immobilier sont la garantie décès, simple à appréhender, et la garantie PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie), c’est-à-dire une dépendance à 100% qui nécessite l’intervention d’un tiers pour les gestes du quotidien. Elles sont ensuite complétées par les garanties invalidité et incapacité :
-
La garantie ITT (Incapacité Temporaire Totale de travail) qui couvre les arrêts de travail pour maladie ou accident, après expiration du délai de franchise.
-
La garantie IPP (Invalidité Permanente Partielle) qui entre en jeu si l’invalidité est comprise entre 33% et 66%.
-
La garantie IPT (Invalidité Permanente Totale) en cas d’invalidité supérieure à 66%.
Les emprunteurs en CDI peuvent souscrire une quatrième et dernière garantie, la garantie perte d’emploi, qui intervient uniquement en cas de licenciement économique.
Notez que le coût de l’assurance prêt immobilier dépend aussi de la profession exercée : les métiers à risques comme pompier, gendarme, policier, militaire, ouvrier du bâtiment, paient leur assurance plus cher qu’un profil standard et doivent être couverts par un contrat spécifique à leur problématique.
Quels sont les risques aggravés de santé ?
L’âge et la santé influencent grandement le coût de l’assurance. Un emprunteur trentenaire paiera son assurance jusqu’à six fois moins cher qu’un autre âgé de 55 ans, sans considération de l’état de santé. Et en présence de risques de santé, le coût est doublé voire triplé à âge égal.
Les risques aggravés de santé sont les maladies chroniques ou affections de longue durée (ALD), comme le diabète, le VIH ou l’hypertension, certains antécédents médicaux ou chirurgicaux (cancer, hépatite). Les emprunteurs touchés par la maladie peuvent faire valoir la convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé), un dispositif qui leur facilite l’accès à l’assurance et au crédit.
En fonction de la pathologie concernée et des marqueurs biologiques, la souscription à l’assurance emprunteur se fait à de conditions standards ou avec une surprime plafonnée. L’assureur peut pratiquer une exclusion de garantie s’il estime que le risque identifié ne peut être couvert. Parfois, l’emprunteur peut uniquement souscrire les garanties décès/PTIA.
Assurance emprunteur et surpoids
L’obésité et le surpoids sont également des facteurs de risques de santé pouvant entraîner des complications médicales comme l’hypertension, le diabète, les maladies cardiovasculaires ou les troubles respiratoires, voire un cancer. Dans le questionnaire de santé, vous devez indiquer votre IMC (Indice de Masse Corporelle) qui permet d’estimer votre corpulence. Au-delà de 25, vous êtes en surpoids et à partir de 30, vous êtes considéré comme obèse.
Si vous avez seulement quelques kilos en trop qui font basculer votre IMC au-dessus de 25, étudiez toutes les possibilités de retrouver un poids normal avant de faire votre demande de crédit immobilier. Vous éviterez d’être stigmatisé, même si vous n’avez aucun problème de santé.
Assurance de prêt et tabagisme
Fumer a des conséquences sur la santé, ce qui implique un surcoût en assurance emprunteur. À âge et prêt identiques, un emprunteur qui fume, et cela concerne aussi quelqu’un qui vapote, paie son assurance fumeur en moyenne deux fois plus cher qu’un non-fumeur.
Est considéré comme non-fumeur une personne qui n'a jamais touché à une cigarette (également cigare, pipe et vapoteuse) ou qui n’a pas fumé depuis au moins deux ans. Si vous êtes abstinent depuis au moins 24 mois, signalez-le à votre assureur pour bénéficier d’une cotisation moins élevée.
L’assurance emprunteur sans questionnaire de santé
Les personnes malades peuvent toutefois taire leur état de santé à leur assureur sous certaines conditions. Depuis le 1er juin 2022, la loi Lemoine a supprimé le questionnaire de santé pour les parts assurés de moins de 200 000€, remboursées avant le 60ème anniversaire de l’emprunteur. Le plafond est de 400 000€ pour un couple avec une quotité à 50% sur chaque tête.
Vous avez l’opportunité de ne plus subir de surprime d’assurance ou d’exclusion de garantie pour cause de risques de santé. Si vous êtes déjà détenteur d’un crédit immobilier, vous pouvez également profiter de ce dispositif, car la loi Lemoine permet de changer d’assurance de prêt immobilier à tout moment et sans frais, sans attendre la date d’échéance. Quel que soit votre état de santé, vous pouvez échapper à la surprime en substituant l’assurance en cours par une offre à tarifs standards si vous respectez les règles relatives au montant et à l’âge en fin de remboursement.
Il est en revanche une information que l’assureur cherchera toujours à connaître : le fait de fumer doit toujours être renseigné dans le formulaire de souscription, car il ne s’agit pas d’une donnée directe de santé, mais d’une habitude de vie au même titre que la pratique d’un sport à risques.