L’accès au crédit immobilier est particulièrement semé d’embûches en cette année 2023 : les taux d’emprunt n’arrêtent pas d’augmenter, les taux d'usure freinent les projets et les banques renforcent leurs exigences en matière d’apport personnel et d’épargne post-crédit. Elles portent aussi davantage attention au diagnostic immobilier. Un mauvais DPE peut faire achopper votre demande de prêt à l’habitat si vous n’êtes pas en mesure de financer les travaux de rénovation. Explications.
Accès au prêt immobilier : attention au DPE
Les banques prennent en compte plusieurs critères pour accorder le financement d’un projet immobilier, à commencer par votre capacité d’emprunt qui dépend de vos revenus et des taux d'intérêts du moment. Elles portent également leur vigilance sur 4 éléments :
- Votre taux d’endettement : légalement, celui-ci ne doit pas outrepasser 35% de vos revenus nets, avant impôt et assurance de prêt immobilier incluse.
- Votre reste à vivre : il s’agit de la somme restant à disposition du foyer pour vivre décemment, une fois les mensualités de crédit remboursées. Il n’existe aucune réglementation à ce sujet, cela dépend de la politique de la banque, de la composition du foyer et de sa localisation, le coût de la vie n’étant pas le même à Paris, dans une grande métropole ou dans une petite localité.
- L’apport personnel : face à la remontée des taux d’intérêts depuis un an et demi et aux règles du HCSF sur le taux d’endettement et la durée de remboursement (plafonnée à 25 ans), les banques exigent davantage de mise initiale. Plus l’apport est élevé, moins vous avez besoin de recourir à l’emprunt et plus le risque diminue pour la banque. Actuellement, le taux d'apport se situe au bas mot autour de 20% du montant d’une opération.
- L’épargne post-crédit : impossible de mettre tous vos œufs dans le panier de l’apport personnel, il faut garder une épargne de précaution pour faire face à d’éventuels coups et coûts imprévus. Une épargne équivalente à 6 mensualités du crédit est requise pour sécuriser la banque.
Un nouveau critère est apparu en 2023 à la faveur d’une réglementation beaucoup plus restrictive et de la pression inflationniste sur les coûts de l’énergie : la qualité énergétique du logement convoité. Les banques scrutent davantage le fameux DPE ou Diagnostic de Performance Énergétique, obligatoirement fourni par le vendeur à l’acheteur dans le dossier de diagnostics techniques.
Renforcement de l’apport personnel
La performance énergétique d’un logement a en effet une incidence sur sa liquidité, son prix futur de revente et sur les dépenses des emprunteurs. Un bien mal isolé sera gros consommateur d’énergie et va alourdir la facture du ménage en hiver comme en été. Si vous achetez un logement de la classe F ou G, la banque va s’assurer que vous êtes en mesure d’assumer des dépenses d’énergie élevées (chauffage, éventuellement électricité pour la climatisation) et pour se faire, limiter votre taux d’endettement bien en-deçà des 35% légaux.
Certains établissements accordent le financement uniquement si vous avez la capacité d’intégrer les travaux de rénovation énergétique dans le crédit principal, quand d’autres exigent un apport personnel plus conséquent qui peut représenter un tiers du prix du logement. D’autres, plus rares, encouragent les acheteurs d’un bien énergivore et accordent un prêt à taux bonifié si des travaux sont planifiés. Sollicitez les services d’un courtier en crédit immobilier : lui seul saura frapper à la bonne porte et obtenir le financement de votre projet immobilier aux meilleures conditions.
Haro sur les passoires thermiques
La performance énergétique des biens immobiliers, en particulier les habitations, est de plus en plus prise en considération par les banques pour une raison simple : la loi Climat durcit la réglementation sur les logements énergivores, les excluant progressivement du marché locatif.
Le gouvernement a mis en place un calendrier précis :
- Cela a commencé en août 2022 par le gel des loyers de logements classés G sur l’échelle du DPE.
- Est appliquée depuis janvier 2023 l’interdiction de louer les biens les plus mal notés de la classe G (consommation annuelle d’énergie finale supérieure à 450 kilowattheures (KWh) par m² et par an).
- À compter de janvier 2025, c’est au tour de tous les logements de la classe G d’être cloués au pilori.
- Les biens de la classe F sortent du marché locatif à compter de janvier 2028.
- Enfin, en janvier 2034, les logements classés E seront eux aussi considérés comme indécents et interdits à la location.
L’Île-de-France est la championne des passoires thermiques, car près d’un logement sur quatre y affiche une classe F ou G, contre 17% à l’échelle nationale. Selon le gouvernement, il y aurait environ 5,2 millions de résidences principales considérées comme passoires thermiques sur le territoire national, chiffre qui grimpe à 7,2 millions si l’on ajoute les résidences secondaires et les logements vacants.
Même si vous comptez occuper vous-même le logement que vous achetez, la qualité énergétique du bien reste très importante pour votre confort personnel et votre budget, également parce que la vie d’un prêt immobilier n’est pas un long fleuve tranquille. Vous pourriez avoir besoin de le revendre avant le terme du crédit. Or, les biens mal classés sont toujours décotés, la baisse du prix de vente pouvant aller jusqu’à -30% par rapport à un bien plus vertueux.