Les acheteurs parisiens doivent casser leur tirelire. Près de 150 000€ ! Voilà le montant moyen de l'apport personnel nécessaire pour décrocher le crédit d'un projet immobilier dans la capitale. L'augmentation phénoménale de l'apport personnel touche l'ensemble du territoire, signe que les banques sont de plus en plus vigilantes. Avec la hausse des prix des logements et la problématique de l'usure, cette exigence financière est une nouvelle difficulté à laquelle sont confrontés les acheteurs potentiels.
Le taux d'apport personnel explose
Selon le courtier en crédit immobilier Cafpi, il faut désormais mettre sur la table près de 150 000€ pour acheter un bien à Paris, soit 27% du montant moyen des transactions dans la capitale (555 555€). Si l'on voulait être cynique, avec la somme de 150 000€, il serait possible d'acquérir un appartement de 112m2 à Saint-Étienne ou une maison de 80m2 à Limoges (source Meilleurs Agents).
Le niveau de l'apport personnel n'a jamais été aussi élevé, pas seulement à Paris mais sur tout le territoire hexagonal. Les acheteurs potentiels doivent davantage booster leur apport personnel. En un an, le montant moyen est passé de 48 000€ à 60 000€, soit une progression de 25%. L'apport personnel pèse aujourd'hui 18% du montant d'une opération immobilière à l'échelle nationale, contre 16% l'an dernier.
Le marché immobilier étant par définition hétérogène, le montant de l'apport personnel varie au gré des prix observés dans telle ou telle zone. S'il est le plus élevé à Paris, compte tenu de la première place occupée par la capitale en matière de prix au mètre carré (10 401€), c'est dans le secteur sud-est du pourtour méditerranéen que l'apport a le plus augmenté : 80 000€ en moyenne contre 55 000€ un an auparavant.
Les Hauts-de-France est la région où l'apport est le plus "faible", soit 33 000€ en moyenne, ce qui représente 13% du montant à emprunter.
Davantage de garanties
Il ne s'agit de dilapider toute son épargne pour obtenir un prêt immobilier. Si le taux de l'apport personnel a très nettement augmenté, les banques se montrent par ailleurs exigeantes en matière d'épargne de précaution. Une fois son prêt obtenu, l'emprunteur doit avoir suffisamment de réserves pour faire face à un éventuel coup dur ou une dépense imprévue.
Le pouvoir d'achat des ménages étant pressuré par la hausse dramatique des coûts de l'énergie et des carburants, les banques se voient obligées de prendre en compte ces éléments avant d'accorder un financement qui court sur du long terme. On parle de 6 mois de mensualités minimum, un niveau laissé à l'appréciation de chaque établissement.
Rappelons que l'apport personnel, ni même l'épargne de précaution, ne font l'objet d'aucune obligation réglementaire. Avant l'entrée en vigueur des normes d'octroi des crédits immobiliers début 2020, il était courant d'obtenir un prêt immobilier sans apport, notamment pour réaliser un investissement locatif. Les banques doivent désormais respecter les deux limites suivantes :
- le taux d'endettement maximum est de 35% des revenus nets de l'emprunteur, avant impôt et assurance de prêt immobilier incluse ;
- la durée de remboursement est plafonnée à 25 ans (jusqu'à 27 ans pour un achat dans le neuf).
Le durcissement des conditions d'octroi depuis plus de deux ans a recentré le crédit immobilier sur les profils les mieux dotés. Aujourd'hui plus que jamais, les banques ciblent les ménages à hauts revenus et en capacité de se constituer une épargne après la concrétisation de leur projet.
Marché immobilier dans la tourmente
L'exigence bancaire quant à l'apport personnel et l'épargne de précaution s'ajoute aux autres obstacles que doivent surmonter les candidats à l'achat immobilier. Selon le dernier pointage du réseau Guy Hoquet, les prix ont progressé en moyenne de 7,2% entre janvier et septembre 2022, davantage sur le segment des maisons (+10,9%) que sur celui des appartements (+4%).
L'effet Covid se poursuit, avec des demandes tournées en priorité vers des logements plus spacieux et dotés d'espaces extérieurs. À tel point qu'on constate des pénuries de biens (particulièrement de maisons) sur la façade Ouest et la région Sud.
Il ne suffit pas d'avoir la capacité d’emprunt immobilier et de respecter les critères de solvabilité pour accéder au financement bancaire. Encore faut-il rester sous l'usure. Depuis des mois, l'effet ciseau des taux d'usure 2022 limite les ménages dans leur demande de financement. Des milliers de dossiers de crédit immobilier sont bloqués depuis juillet dernier, en raison d'une usure immobile pour un trimestre, qui n'évolue pas au rythme de la hausse constante des taux d'intérêt.
Les banques sont réticentes à prêter. Le crédit n'est plus rémunérateur face à des taux maximum légaux incapables de s'adapter à la réalité du terrain. L'année immobilière 2022 s'achève sans souffle, gageons que les autorités financières prendront rapidement les bonnes décisions pour réformer un système de l'usure qui prive aujourd'hui les ménages de leur rêve d'accession à la propriété.