Après plus d’un an de baisse continue, le mois d’avril 2025 marque une nouvelle tension sur les taux de crédit immobilier. Dans un contexte économique instable, cette hausse interroge : est-elle passagère ou annonciatrice d’une nouvelle phase durable de renchérissement du coût du crédit ? Décryptage des causes, conséquences et perspectives à moyen terme pour les emprunteurs.
Des taux de crédit repartis à la hausse : état des lieux en avril 2025
Depuis janvier 2024, les emprunteurs avaient retrouvé un certain optimisme grâce à une détente progressive des taux. En début d’année 2025, certains établissements proposaient encore des taux attractifs autour de 2,9 % sur 20 ans (hors assurance emprunteur et coût des sûretés). Mais cette dynamique s’est inversée en mars, pour s’accentuer en avril.
En avril 2025, les courtiers ont observé des hausses comprises entre 10 et 50 points de base selon les banques (0,10% à 0,50%) par rapport à mars. Actuellement, les taux moyens constatés sont les suivants:
- 3,15% sur 15 ans
- 3,30% sur 20 ans
- Jusqu’à 3,60% sur 25 ans pour les profils standards
Les meilleurs profils peuvent encore négocier des taux en dessous de 3%, mais ces cas sont de plus en plus rares.
Pourquoi les taux remontent-ils à nouveau ?
L'historique des taux en immobilier n’est pas un long fleuve tranquille, mais les mêmes causes proposent les mêmes effets. Les banques financent une partie de leurs crédits via les marchés obligataires. Or, les OAT (obligations assimilables du Trésor) à 10 ans, qui servent de référence, ont franchi les 3 % ces derniers mois, ce qui n’avait plus été vu depuis 2011, en lien avec la dette abyssale de l’État français. L’OAT 10 ans était supérieur à 3,40% entre début mars et le 11 avril dernier, avant de redescendre légèrement autour de 3,30%.
La Banque centrale européenne a certes abaissé ses taux directeurs fin mars 2025 de 0,25 %, puis de nouveau le jeudi 17 avril. Cette décision est motivée par le risque inflationniste porté par la hausse des droits de douane de Trump. Elle permet en outre de contrebalancer l’augmentation de l’OAT 10 ans.
Le coût de l’argent diminue donc pour les banques, puisqu’elles se financent largement auprès de l’institution communautaire. Malgré ces annonces des autorités monétaires, le coût du refinancement bancaire reste élevé. Les banques anticipent aussi un maintien de cette situation jusqu’à fin 2025.
La bonne nouvelle, c’est que les banques restent offensives, surtout en cette période printanière propice à l’achat immobilier. Il est envisageable que les taux baissent de nouveau en mai, suite à la récente décision de la BCE. Les établissements de crédit sont toujours à la conquête de nouveaux clients, et le prêt immobilier est le produit d’appel par excellence.
Quel est l'impact de la hausse des taux pour les emprunteurs ?
1. Une capacité d’emprunt en recul
Avec la hausse des taux, la capacité d’emprunt diminue. Pour un même niveau de revenus, vous pouvez emprunter un montant moins élevé si le taux a augmenté.
Prenons l’exemple avec une mensualité de 1 000€ (avec assurance emprunteur au taux de 0,36%) :
- Avec un taux nominal de 3,10%, vous pouvez emprunter 169 602 €, pour un coût de 70 398 €
- Avec un taux nominal à 3,50%, ce montant tombe à 163 945 €, et le coût grimpe à 76 055 €.
Votre budget immobilier baisse de 3,3%, pour un coût supérieur de 7,4%.
2. Des renégociations de crédit moins intéressantes
La remontée des taux annule les effets positifs des renégociations ou rachats de crédit immobilier. Ceux qui espéraient réviser les conditions d’un emprunt souscrit à 3 % ou plus en 2022 n’y trouvent plus leur compte.
3. Un marché immobilier encore plus grippé ?
La baisse des prix immobiliers, amorcée en 2023, pourrait se poursuivre. La demande solvable se réduisant face au renchérissement du crédit, certains vendeurs sont obligés d’ajuster leurs prix. Toutefois, dans les zones tendues, le déséquilibre entre offre et demande maintient des prix relativement stables.
Comment réagir à la hausse des taux de crédit ?
1. Ne pas céder à la panique
Certes, les taux sont plus élevés que durant la période plancher qui a couru de fin 2016 à 2022, (on était descendu sous 1%), mais ils restent inférieurs aux valeurs observées au début des années 2000 (autour de 5%).
2. Optimiser son dossier
Les meilleurs profils obtiennent encore des conditions intéressantes. Il est essentiel de soigner son apport personnel, sa stabilité professionnelle, et de limiter les crédits à la consommation, mieux de les solder si c’est possible.
3. Comparer activement les offres
Utiliser des courtiers ou des comparateurs en ligne permet de jouer la concurrence entre établissements et d’obtenir des conditions plus avantageuses.
4. Profiter du PTZ ou d’aides locales
Entré en vigueur le 1er avril 2025, le nouveau Prêt à Taux Zéro (PTZ) élargi pourrait compenser partiellement la hausse des taux. Voici les évolutions majeures de la version 2025 :
- Élargissement du neuf à toutes zones géographiques, y compris rurales
- Nouvelle éligibilité pour les maisons neuves : quotité du PTZ entre 10% et 30% du montant de l’opération selon les revenus
- Financement possible jusqu’à 50 % de l’opération
Ce dispositif pourrait permettre de redonner du souffle aux primo-accédants. Grâce au PTZ, vous diminuez votre taux d’endettement et vous renforcez votre reste à vivre.
Au-delà du PTZ national, certaines régions, départements ou collectivités proposent encore des aides complémentaires à l’accession.
5. Déléguer l’assurance emprunteur
L’assurance représente en moyenne 30% du coût global d’un crédit immobilier, coût représenté par le TAEG (Taux Annuel Effectif Global). Vous avez le choix entre l’assurance de prêt proposée par votre banque ou une offre externe, qui peut être jusqu’à 4 fois moins chère. En déléguant le contrat, vous faites des économies et compensez largement la hausse des taux d’emprunt.
Reprenons l’exemple cité plus haut. Si vous avez entre 35 et 45 ans, le taux moyen chez le courtier Magnolia.fr s’établit à 0,16%, bien plus compétitif que le taux moyen d’assurance bancaire (0,36%).
Toujours avec une même mensualité de 1 000€, vous pouvez emprunter :
- Avec un taux nominal à 3,10% : 174 535 €, pour un coût global de 65 465 €
Economie : près de 5 000 €
- Avec un taux nominal de 3,50% : 168 551 €, pour un coût global de 71 449 €
Économie : 4 606 €
L’économie réalisée grâce à la délégation d’assurance de prêt immobilier vous permet d’augmenter votre capacité d’emprunt.
Conclusion : une vigilance de mise, mais pas de fatalisme
La fin de la baisse des taux en avril 2025 n’est pas une surprise totale, mais elle rappelle que l’environnement de crédit reste mouvant. Entre incertitudes économiques, politique monétaire prudente et marché immobilier en mutation, les emprunteurs doivent redoubler de vigilance.
Pour autant, tout n’est pas figé. Les perspectives de stabilisation existent, et les dispositifs de soutien comme le PTZ permettent encore d’accéder à la propriété dans de bonnes conditions. La clé ? Anticiper, comparer, rester bien informé et opter pour une assurance compétitive.