Quelle isolation phonique choisir ?


Le bruit, extérieur comme intérieur, nuit au confort quotidien dans un logement. Proximité d'une voie passante et animée, d'une route, d'une autoroute ou d'un aéroport, voisins bruyants, quelle que soit leur origine, les nuisances sonores peuvent être diminuées grâce à une isolation phonique performante. Quels sont les travaux ou les simples aménagements à envisager pour réduire les bruits ambiants et intérieurs ?

 

Le bruit dégrade la qualité de vie

Selon le baromètre Qualitel 2017, une mauvaise isolation acoustique est une nuisance quotidienne pour 3 Français sur 10, principalement pour ceux qui habitent en immeubles. En appartement, le bruit empoisonne la vie de plus de 40% des habitants. Le défaut d'isolation phonique arrive en troisième position derrière deux autres plaies qui affectent le quotidien des Français : le confort thermique et la consommation énergétique.

Voici quelques données sur le bruit et ses effets sur la vie quotidienne de ceux qui en souffrent :

  • Le bruit est la première cause des conflits de voisinage (69%), générant des tensions qui peuvent aller jusqu'à une plainte entraînant des sanctions (tapage nocturne).
  • Les bruits les plus gênants sont les fêtes et les soirées (32%), et les éclats de voix (29%).
  • Les nuisances sonores ne sont pas le seul fait de voisins qui auraient poussé le volume un peu trop fort, au-delà de la convenance sociale : 30% des Français déplorent le défaut acoustique de leur logement, principalement quand sont en cause les bruits de la circulation.
  • Quelle que soit l'origine du bruit, la densité urbaine est un facteur aggravant : 70% des personnes résidant dans une ville de plus de 20 000 habitants disent être réveillés la nuit, contre 45% en zone rurale.
  • À partir de 75 décibels, le son commence à être pénible pour l'oreille. C'est le niveau sonore d'un aspirateur.

Selon une étude de l'OMS, au moins un million d’années de vie en bonne santé sont perdues chaque année en raison du bruit causé par la circulation (transports aériens et terrestres). Cette pollution sonore, ajoutée aux bruits de voisinage, serait même la deuxième cause de maladie derrière la pollution atmosphérique.

Les nuisances sonores répétées engendrent stress et fatigue accrue, voire un état dépressif nécessitant une médication. Des solutions existent pour réduire la gêne et résider dans un habitat plus confortable. Grâce aux travaux acoustiques, vous pouvez améliorer l'isolation phonique de votre logement.

Que dit la loi sur l'isolation phonique ?

L'ancienneté du logement joue beaucoup sur la qualité de l'isolation phonique. 40% des Français vivant dans un appartement construit entre 1945 et 1979 se déclarent insatisfaits, contre 25% pour ceux logés dans un habitat construit entre 1980 et 2007. La qualité de la construction a bien évidemment une incidence sur l'isolation phonique. L'épaisseur des murs des bâtiments construits au XIXème siècle garantissait aux habitants une isolation efficiente vis-à-vis des bruits extérieurs et intérieurs. Plus le matériau est lourd, mieux le logement sera isolé du bruit. 

Autre principe à retenir : le bruit passe là où passe l'air. Les portes, les fenêtres, les coffres de volets roulants et toute entrée d'air sont autant de sources de mauvaise étanchéité aux nuisances sonores.

Depuis janvier 2000, tout logement collectif construit doit respecter la réglementation acoustique ERP qui définit les critères pour la construction neuve selon la nature du bâtiment et le type de bruit à limiter. Ces critères portent sur :

  • l'isolement des bruits aériens de l'extérieur (voie ferrée, autoroute, aéroport) ;
  • l'isolement des bruits aériens à l'intérieur du bâtiment ;
  • l'isolation des bruits d'impact (choc sur les planchers) ;
  • la limitation des bruits d'équipements collectifs ou individuels ;
  • la correction acoustique dans les circulations internes.

Cette réglementation acoustique n'impose aucun niveau réglementaire entre les pièces d'un même logement, ce qui n'empêche pas un renforcement de l'isolation phonique si vous le jugez nécessaire. Il vous appartient de trouver des solutions acoustiques qui répondent au confort et à l'intimité de la famille et cela, de préférence, dès la conception du logement pour un résultat performant. L'isolation phonique est toujours plus difficile à mettre en place une fois le logement achevé, sans compter le coût additionnel, mais des travaux a posteriori peuvent isoler partiellement des bruits extérieurs comme intérieurs et réduire l'inconfort acoustique.

Quelles sont les solutions d’isolation phonique ?

Isolation phonique des bruits extérieurs

Pour améliorer sensiblement les performances acoustiques d'une façade contre les bruits aériens extérieurs, on intervient le plus souvent sur les fenêtres. Cekal, organisme de certification des vitrages, définit 6 classes de performances acoustiques, caractérisées par un indice d'affaiblissement acoustique Ra,tr qui mesure la capacité d'isolement face aux bruits de trafic routier, soit de 25 dB(A) à 38 dB(A). dB(A) est l'unité de valeur du niveau sonore avec la pondération A, représentatif de la perception réelle par l'oreille humaine aux soins de faible et moyenne intensité.

Les vitrages isolants thermiques et acoustiques sont à double ou triple épaisseur, le choix de la composition du verre dépendant des performances recherchées et de l'espace disponible dans la feuillure de la menuiserie. Le verre feuilleté garantit le meilleur résultat phonique et thermique.

Isolation acoustique et isolation thermique ne sont pas incompatibles. La norme Acotherm est le label de certification thermique et phonique des fenêtres, délivré par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). Il s'applique aussi bien au vitrage qu'à la menuiserie.

À titre indicatif, le coût d'une fenêtre double vitrage avec isolation acoustique va de 350€ à 890€ (avec pose, dimensions 100 x 150 cm à 2 vantaux en PVC).

Notez que la pose d'un joint de calfeutrement peut faire gagner jusqu'à 5 dB(A). Privilégiez les joints à lèvre métallique ou polymère qui nécessitent toutefois une réelle expertise pour la pose. À défaut, des joints en résine durcissable sont plus faciles à poser.

Isolation phonique des bruits aériens intérieurs

Si le mur mitoyen avec votre voisin laisse passer l'ambiance un peu trop bruyante de sa vie intime, informez-le de la gêne qu'il provoque et demandez-lui de trouver des solutions pour être plus discret. Si le bruit ne peut être réduit à sa source, employez les grands moyens : une isolation des parois par des équipements de doublage prêts à l'emploi. Un matelas de matériau acoustique (laine minérale, polystyrène, mousse poreuse) est collé sur une plaque de plâtre, le tout collé à même la cloison à renforcer.

Pour une meilleure isolation phonique, préférez un parement sur ossature métal. Un isolant fibreux (laine de verre ou de roche) sous ossature métallique sert de support au parement final (plaque de plâtre par exemple). Vous améliorez l'isolation acoustique en augmentant l'épaisseur de la lame d'air entre la paroi à renforcer et le parement. Il faut compter autour de 60€/m2 ht (prix pose et matériaux).

Isolation phonique des bruits d'impact

Si le voisin du dessus ne souhaite pas intervenir sur son plancher en installant des produits de revêtement qui permettraient de réduire les bruits d'impact (bruits de pas en particulier), isolez votre plafond avec un plafond suspendu : une ossature métallique sur laquelle sont vissées des plaques de plâtre, la cavité située entre les deux étant comblée par un matelas de matériau isolant. Cette solution est moins performante que le sol flottant. Pour renforcer l'isolation phonique, il est parfois nécessaire de doubler les parois murales pour éviter qu'elles ne fassent rayonner le bruit latéralement (voir isolation phonique des bruits aériens intérieurs).

En raison du poids des plaques de plâtre, il est préférable de confier l'installation à un professionnel. Cette solution d'isolation phonique a l'inconvénient de réduire la hauteur sous plafond.

Quelle isolation phonique pour le sol ?

L'isolation phonique des sols d'une habitation de plain-pied ou à étages va limiter les nuisances et les ondes sonores provoquées par les pas, également la résonance sonore des objets qui tombent, ainsi que la vibration des appareils électroménagers comme le lave-linge. Agir sur les sols va aussi atténuer les bruits aériens tels que les voix et les bruits des équipements audiovisuels. La technique la plus simple est de recouvrir le sol d'une dalle souple (linoléum, PVC) ou d'une moquette épaisse avec sous-couche caoutchoutée, mais cette méthode n'atténue que les bruits d'impact.

Il existe 2 autres solutions anti-bruit plus efficaces :

  • une sous-couche acoustique mince sous carrelage, parquet ou stratifié : cette technique la moins onéreuse et la plus simple à mettre en œuvre consiste à interposer un matériau spécifique présenté en rouleaux ou en plaques entre la dalle de support et le revêtement de sol. Un joint mousse collé sur le pourtour de la pièce au ras du plancher va assurer la désolidarisation du revêtement et des plinthes pour garantir une parfaite efficacité. L'atténuation des bruits est d'autant meilleure que la sous-couche est épaisse.
  • une sous-couche acoustique mince sous chape flottante ou carrelage scellé : une sous-couche thermo-acoustique est posée sur le plancher existant avant de coller une chape flottante. Pour éviter les ponts phoniques entre les murs et le plancher, la chape est désolidarisée des parois sur tout le pourtour de la pièce par un bandeau périphérique.

Les prix varient entre 35€/m² et 70€/m², comprenant l'isolant et la pose.

Isolation phonique : quelles économies d'énergie ?

Stricto sensu, l'isolation phonique procure un gain de confort, ne générant aucune économie sur la facture énergie. Comme elle se double généralement d'une isolation thermique, vous êtes donc gagnant. Les panneaux isolants thermiques employés pour les murs sont aussi d'efficaces isolants phoniques si vous utilisez le matériau adéquat. Idem pour les planchers qui sont responsables d'environ 10% de pertes de chaleur : en plus d'insonoriser vos pièces, une isolation phonique des sols va directement se répercuter sur vos dépenses énergétiques.

Un bon isolant thermique n'est pas forcément un bon isolant acoustique, mais si vos murs ne présentent plus aucun pont thermique, ils seront moins perméables aux nuisances sonores qu'en l'absence d'isolant thermique. Les isolants synthétiques (polystyrène, polyuréthane, PVC) ont de faibles capacités d'isolation acoustique malgré leurs performances d'isolation thermique. Préférez les isolants minéraux comme la laine de verre ou de roche, ou les isolants biosourcés (chanvre, liège, laine de bois, ouate de cellulose) qui ont le pouvoir d'absorber efficacement les sons, et sont aussi de bons isolants thermiques.

Les travaux visant à améliorer l'isolation phonique des murs, des plafonds et des parois vitrées sont éligibles aux aides de l'Anah (Agence nationale de l'habitat) et à MaPrimRénov dans un projet global de rénovation énergétique.

Quelques astuces pour une meilleure isolation phonique

Sans engager des travaux d'envergure, il est possible de réduire sensiblement la propagation des bruits extérieurs et intérieurs par des solutions très simples et peu coûteuses :

  • choisissez des appareils électroménagers silencieux. Le niveau sonore de votre machine à laver, du réfrigérateur ou de l'aspirateur est indiqué sur la notice.
  • installez des plots amortisseurs ou antivibratiles sous les pieds des appareils, neufs comme anciens. Cela vaut aussi pour les enceintes hi-fi et les instruments de musique à percussion.
  • les tapis, les moquettes et les doubles rideaux amortissent les bruits, de même que les toiles murales posées sur une couche de molleton.
  • votre mobilier ajoute de la masse à l'espace, bloquant ainsi les sons. Une bibliothèque remplie de livres va isoler un mur.
  • installez des bas de porte, notamment au niveau de la porte d'entrée pour isoler du palier de l'immeuble.
  • utilisez des bouchons d’oreille, les fameuses boules Quiès par exemple, pour vous isoler des bruits ambiants si aucune solution pérenne ne peut être envisagée. Plus efficace, le casque anti-bruit comme ceux préconisés pour les voyages en avion : il permet une réduction du bruit active tout en permettant l’écoute de vos sons préférés, mais l’investissement est conséquent (entre 200€ et 400€).
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