Les variations des prix immobiliers font toujours des heureux et des mécontents. En 2024, les propriétaires vendeurs pourraient faire grise mine si les pronostics des professionnels se révèlent exacts. Selon la Fnaim, les prix des logements anciens pourraient baisser jusqu’à 7% cette année, une correction nettement plus forte que celle de 2023.
Les chiffres de la crise immobilière 2023
Dans un communiqué de presse publié le 16 janvier dernier, le président de la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) Loïc Cantin dresse le bilan désastreux du marché immobilier 2023. Voici quelques chiffres éloquents pour illustrer la crise du logement :
- Ventes de logements anciens : -22%, à 875 000 transactions. En 2022, 1,13 million de ventes avaient été enregistrées ; il s’agit de la plus forte chute des 50 dernières années, avec un déficit de 240 000 ventes en 12 mois glissants.
- Évolution annuelle des ventes selon les territoires : variation comprise entre -7% et -30% dans la plupart des départements (nord, grand est et toute la façade ouest principalement) ; seules les Ardennes affichent une évolution comprise entre -3% et +3%.
- Baisse minime des prix : -1% sur un an en moyenne sur l’hexagone.
Le détail de l’évolution des prix :
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Évolution sur 1 an |
Évolution sur 2 ans |
Évolution sur 5 ans |
Paris |
-5,7% |
-7,7% |
+1,7% |
Île-de-France hors Paris |
-3,6% |
-2,6% |
+11,4% |
TOP 10 province |
-2,6% |
+1,5% |
+21,7% |
Banlieue TOP 10 province |
-2,4% |
+0,9% |
+19% |
Stations de ski |
+3,5% |
+14,2% |
+32,9% |
Stations balnéaires |
+1,6% |
+8,7% |
+34% |
TOP 100 villes moyennes |
-0,2% |
+5,6% |
+28,4% |
Communes rurales |
-0,4% |
+5,2% |
+21,6% |
Reste des communes |
-0,3% |
+5,1% |
+22,7% |
Chiffres Fnaim
Paris fait les frais de la crise Covid qui a déporté les désirs d’accession vers les communes périphériques et les villes moyennes et rurales. Sans compter les stations balnéaires et de sports d’hiver, qui sont des marchés très spécifiques, partout ailleurs les prix ont bien résisté en 2023 malgré les difficultés d’accès au crédit pour la plupart des ménages.
Baisse des prix immobiliers en 2024
Les prix de l’immobilier ancien ont moins baissé en 2023 qu’attendu. En juin dernier, les prévisions tablaient sur une chute de -5% sur l’année. Le marché s’est retrouvé bloqué, d’une part, à cause de la remontée de taux d’intérêts en lien avec l’inflation, d’autre part, en raison du comportement des vendeurs, peu enclins à revoir leurs prétentions. Dans un marché de nécessité, les plus pressés de céder leur bien devront baisser la garde.
La stabilisation des taux d’emprunt ces dernières semaines est un signe encourageant pour les futurs emprunteurs. On peut tabler sur le retour des taux à moins de 4% en 2024 dans le sillage de la maîtrise de l’inflation. La révision trimestrielle du taux d’usure en janvier 2024 indique en effet que les conditions monétaires en zone euro s’améliorent.
Quelques éclaircies pour le marché immobilier 2024, mais pas de miracle pour autant. La Fnaim anticipe une nouvelle baisse du volume des ventes, autour de 800 000 opérations, soit un repli de 10% par rapport à 2023 et une contraction des prix entre -5% et -7%. Une correction plus forte que celle envisagée par Meilleurs Agents, site référent de l’estimation immobilière, qui prévoit -4% sur l’ensemble de l’année.
Comment résoudre la crise immobilière ?
Alors que les professionnels de l’immobilier et du bâtiment déplorent l’absence d’un ministre du Logement dans le gouvernement Attal, la Fnaim émet des propositions pour répondre à la crise immobilière :
- Imposer un moratoire d’un an sur les règles du HCSF : la limitation du taux d’endettement maximum à 35% des revenus nets, assurance emprunteur comprise, est une aberration quand le reste à vivre est plus que suffisant.
- Remettre en place la transférabilité des prêts : le crédit est transféré au nouveau propriétaire, ce qui lui permet de bénéficier du taux d’intérêts initial.
- Créer le dispositif de vente en l’état futur de rénovation énergétique sur le modèle de la vente en VEFA (Vente en l’État Futur d’Achèvement)
- Modifier la loi Climat et Résilience pour sécuriser les bailleurs : le calendrier de la loi est intenable pour les propriétaires bailleurs qui peinent à réaliser les travaux de rénovation de leur bien s’ils veulent continuer à louer. Pour mémoire, tous les logements de classe G seront interdits de location dès janvier 2025.
Chacun espère que le gouvernement n’est plus dans cette posture de déni de la crise immobilière et que des mesures fortes et efficaces seront prises pour relancer le marché, mais sans pilote dans l’avion, c’est le crash assuré en 2024.