L’année immobilière 2023 restera dans les annales pour avoir battu des records de médiocrité, en grande partie causés par la hausse des taux d’intérêts, couplée à l’immobilisme des pouvoirs publics pour apporter des solutions à la crise. Voici les chiffres impressionnants du marché immobilier 2023.
Chute historique des ventes dans l’immobilier ancien : -22%
Le volume des transactions pour l’immobilier ancien est en chute libre. Selon la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier), le chiffre descend sous la barre des 900 000 opérations, une première depuis 50 ans : 875 000 ventes seront comptabilisées, soit une baisse historique sur un an de -21,5% exactement. Sur 12 mois glissants, le marché perd 240 000 transactions ! Pour mémoire, 1,13 million de ventes avaient été réalisées en 2022.
Cette forte contraction est la conséquence de plusieurs facteurs :
- l’inflation
- la hausse des taux d’intérêts qui résulte de la première
- les difficultés d’accès au crédit immobilier par cette brusque remontée des valeurs (voir plus bas)
- la baisse trop molle des prix immobiliers (voir plus bas)
- la pénurie de logements à vendre dans certaines zones.
Malheureusement, le phénomène est aussi victime du déni du gouvernement qui refuse de voir la crise immobilière et l’incidence qu’elle génère sur le marché du locatif. D’une crise du logement, on passe à une crise sociale qui prive des ménages pourtant solvables d’accès au crédit, obligés de rester locataires, ce qui crée de vives tensions sur le marché locatif dans bon nombre de localités.
La Fnaim prévoit une nouvelle décélération de l’activité en 2024, avec une estimation de 800 000 transactions dans l’ancien.
Taux de crédit immobilier : multipliés par 4 en deux ans
La raison majeure qui freine l’accès au crédit est l’envolée des taux d’intérêts depuis début 2022. Alors qu’il était courant de s’endetter sur 20 ans autour de 1% fin 2021 (hors assurance de prêt immobilier et coût des sûretés), le taux moyen sur cette maturité atteignait 4,50% fin 2023.
Selon les données de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, la durée moyenne de remboursement s’est elle aussi allongée pour atteindre 247 mois (soit un peu plus de 20 ans), un « niveau rarement observé par le passé ». Mais cet allongement ne permet pas de neutraliser le renchérissement du coût du crédit et le niveau toujours élevé des prix des logements.
La bonne nouvelle est le retour de taux à moins de 4% en 2024. Ce qui ne résoudra pas tous les problèmes d’accès au crédit immobilier, ni même la crise immobilière qui va perdurer cette année.
Prix en légère baisse : -2,6% dans les grandes villes
Les taux ont fortement augmenté mais les prix des logements ne baissent pas suffisamment pour compenser cette perte de pouvoir d’achat. Toujours selon la Fnaim, les valeurs dans les 10 plus grandes métropoles affichent une baisse de -2,6% sur un an, et si on élargit aux 100 plus grandes villes de France, la correction est négligeable à -0,2%.
Les villes où les prix baissent le plus en 2023 sont Lyon et Bordeaux, à -8,4% et -8,3% respectivement selon le site référent Meilleurs Agents (chiffres sur un an à fin octobre 2023). À Paris, les prix ont perdu 5,7% sur un an.
Certaines communes voient leurs prix résister, comme à Montpellier, Nice ou Perpignan (entre +1% et +3%).
Selon les premières estimations des notaires établies courant décembre, la baisse des prix dans l’immobilier ancien sera inférieure à 4% en 2023.
Chute du nombre de permis de construire : -25,5%
Le marché de la promotion immobilière est également touché par la crise, plus sévèrement que celui de l’ancien. En 2023, 372 500 permis de construire ont été délivrés, soit un recul de -25,5% par rapport à 2022. Plusieurs raisons majeures à cela :
- la baisse du pouvoir d’achat des ménages (inflation, hausse des taux d’emprunt)
- l’augmentation des coûts de construction : +27% entre janvier 2022 et janvier 2023
- la hausse des prix du foncier
- la règle de non artificialisation des sols
- les nouvelles normes environnementales.
La baisse du nombre d’autorisations pénalise davantage le logement individuel (-31,7%) que les lotissements (-25,1%) et l’habitat collectif (-24,8%). Le nombre de chantiers en cours a lui reculé de près de 20% sur un an. Meilleurs Agents cite le cas de Toulouse, où les prix de l’immobilier n’ont pas baissé : le nombre de maisons à vendre a chuté de 40% en 2023 et le volume des ventes sur ce segment de 50% depuis 2020.