Personne, mon nom est Personne ! La première vague de nominations au nouveau gouvernement Attal ne prévoit aucun maroquin pour le Logement. Surprise et colère pour les professionnels du secteur qui voient dans cette cruelle absence l’expression du déni du gouvernement de la crise immobilière.
Gouvernement Attal : dans l’attente de nouvelles nominations
Le 11 janvier dernier, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a nommé 13 ministres, lui-même s'octroyant la planification écologique et énergétique. Pour l’heure, aucun ministre du Logement ni même de ministre délégué en chargedu sujet n’a été désigné.
Dans l’ex-gouvernement Borne, le dernier ministre du Logement, Patrice Vergriete, était un ministre délégué, placé sous la tutelle du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu. Il n’a donc pas été reconduit mais il y a tout lieu de penser que le logement sera présent dans une deuxième vague de nominations de ministres délégués et de secrétaires d’État.
Les réactions n’ont pas tardé. Emmanuelle Cosse, actuelle présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH) et qui a elle-même occupé le poste sous la présidence Hollande, « déplore l’absence d’un ministre du Logement en plein exercice, doté de moyens nécessaires pour lutter contre la crise dure qui pèse sur nos concitoyens et menace l’emploi ». Pour la Fondation Abbé Pierre, on est « dans la continuité de ce qui se passe depuis 2017 », depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence. Cette lacune « confirme que le logement n’est pas un grand sujet pour ce gouvernement, et qu’il ne mérite pas un ministère ».
En 6 ans de présidence Macron, la France aura connu 5 ministres en charge du Logement. La nomination d’un sixième ministre, si elle est effective, ne changera rien si l’État ne compte pas faire du logement une de ses priorités. L’Alliance pour le Logement, un collectif qui regroupe entre autres la FFB (Fédération Française du Bâtiment), l’USH, la Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier), Pôle Habitat, Unis (syndicat immobilier) et la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers), a écrit au Premier ministre afin d’être reçue de toute urgence.
Logement : pas un sujet prioritaire de la présidence Macron
Alors que les chiffres du surendettement en France viennent d’être divulgués dans la presse, rappelons au gouvernement que la propriété immobilière est un rempart au surendettement plutôt que sa cause. Selon les données de la Banque de France communiqués à France Info fin de semaine dernière, le nombre de dossiers de surendettement a progressé de 8% en 2023, avec près de 122 000 dépôts, un niveau qui reste toutefois inférieur à la période pré-Covid. Les locataires sont représentés dans trois quarts des cas. Les propriétaires sont donc sous-représentés, preuve s’il en est que les règles d’octroi du HCSF imposées aux banques sont nuisibles.
Ce n’est certainement pas la tension sur le marché du locatif qui va améliorer la situation. Au-delà des chiffres chocs du marché immobilier 2023, la demande locative a augmenté de plus de 23% en 2023, alors que le nombre de biens mis en location a chuté de 34% (chiffres Fnaim) : demande en hausse et offre en baisse, deux facteurs liés aux difficultés d’accès au crédit immobilier qui ont prévalu tout au long de l'année 2023 et même en 2022. Pour ajouter au marasme, la France compte plus de 2 millions de personnes dans l’attente d’un logement social et 300 000 sans-abris.
Les pouvoirs publics doivent mesurer l’enjeu social du logement et mettre en place une politique d’accession à la propriété digne de ce nom. La crise immobilière qui sévit depuis près de deux ans a mis en lumière la moindre importance donnée au logement par le gouvernement et les autorités financières. Le bras de fer entre la Banque de France et les courtiers s’agissant des règles d’octroi des crédits immobiliers en dit long sur l’absence de volonté des plus hautes sphères de l’État de faciliter l’accession à la propriété. Détail qui aura son importance dans l'activité immobilière, le PTZ 2024, le fameux prêt à taux zéro qui permet aux primo-accédants de financer en partie leur résidence principale, n'est plus éligible à la maison individuelle.
Pour messieurs Macron et Attal, l’immobilier ne semble pas un sujet majeur. Le premier n’est propriétaire d’aucun bien immobilier, le second détient 11% des parts d’une SCI propriétaire d’une maison en Corse. Un petit retour en arrière nous en apprend plus sur la philosophie ambiante. En avril 2017, le futur président déclarait que « si la propriété, c’est un accès à l’immobilisme géographique et social, on peut questionner la fascination pour une société de propriétaires ».