La fin de l’année 2022 est marquée par une stagnation voire une baisse des prix immobiliers dans les grandes villes, et ce, malgré l’inflation qui progresse. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce phénomène, dont l’accès restreint au crédit qui oblige les vendeurs à revoir leurs prétentions. Et la question que beaucoup se pose est : faut-il acheter maintenant ou attendre une dégradation des prix ?
Coup de mou sur les prix immobiliers dans les métropoles
Selon la plateforme Meilleurs Agents, spécialiste de l’estimation immobilière en ligne, les prix des logements anciens ont stagné dans les métropoles entre septembre et octobre 2022 : 0% d’évolution en un mois. C’est la troisième fois en quatre ans que les valeurs n’augmentent pas en variation mensuelle et cette stagnation pourrait signaler le début d’un cycle baissier.
En dépit d’une inflation élevée (+6,2% en octobre sur un an), le marché s’affiche en baisse dans la plupart des grandes villes comme Paris (-0,5%), Bordeaux ou Strasbourg (-0,8%). Les seules du Top 11 qui gardent le cap sont Marseille (+0,8%), Lille et Montpellier (+1%), et dans une moindre mesure Nice avec +0,3%.
Voici, dans le détail, l’évolution mensuelle des prix de l’immobilier ancien dans les 11 plus grandes villes de France :
Villes |
prix m2 moyen appartement au 1er novembre 2022 |
évolution entre octobre et novembre 2022 |
Paris |
10 346 € |
-0,5% |
Marseille |
3 686 € |
+0,8% |
Lyon |
5 335 € |
-0,4% |
Toulouse |
3 690 € |
-0,7% |
Nice |
4 978 € |
+0,3% |
Nantes |
3 945 € |
-0,4% |
Strasbourg |
4 180 € |
-0,8% |
Montpellier |
3 682 € |
+1% |
Bordeaux |
4 803 € |
-0,8% |
Lille |
3 577 € |
+1% |
Rennes |
4 158 € |
-0,6% |
source Meilleurs Agents
Dans le Top 10 des grandes villes, qui n'inclut pas Paris, les prix dans l'ancien ont augmenté en moyenne de +4,7% depuis janvier 2022. Dans la capitale, les valeurs ont perdu 0,4%. Dans le même temps, en zones rurales, les logements ont gagné +7,2%, la moyenne à l'échelle nationale étant de +4,6%.
Pourquoi les prix immobiliers baissent-ils ?
Ce mouvement baissier devrait s’installer dans les semaines à venir. L’hiver, plus encore que l’automne, n’est pas une saison propice à l’achat immobilier ; les logements à vendre ne sont pas sous leur meilleur jour sous la terne lumière hivernale. Les velléités d’achat restent dans les tiroirs, d’autant qu’en 2022 le contexte économique et géopolitique marqué par une inflation galopante et une guerre en Europe est de nature à tirer vers le bas le moral des ménages. Cette situation est pourtant paradoxale : les prix à la consommation augmentent sans entraîner dans leur sillage ceux de l’immobilier ancien.
Au-delà de l’aspect saisonnier, il faut compter avec la nouvelle réglementation sur le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) qui met sur le banc de touche environ 90 000 logements anciens à partir du 1er janvier 2023. Les bailleurs qui possèdent une passoire thermique n’auront plus le droit de louer à compter de cette date. La loi Climat interdit progressivement la location des logements énergivores, et commence par les plus mauvais de la classe G sur l’échelle du DPE. Il ne s’agit pas de mettre les locataires dehors, mais d’empêcher la relocation des biens jugés indécents selon la loi.
Les propriétaires bailleurs qui n’ont pas les moyens financiers de rénover leur bien préfèrent vendre, quitte à baisser leurs prétentions. Sont concernées en premier lieu les petites surfaces situées à Paris, studios sous les toits, chambres de bonne, souvent mal isolés et qui nécessitent une mise aux normes coûteuse. Pour mémoire, le montant maximum accordé par MaPrimRénov’, dispositif d’aide à la rénovation énergétique, est de 10 000€ (MaPrimRénov’ Bleu pour les ménages très modestes), loin des montants nécessaires à une rénovation complète. Le cumul de MaPrimRénov’ et de l’éco-PTZ permet toutefois d’atteindre les 50 000€.
La baisse des prix des logements anciens est aussi imputable à l’écosystème du financement bancaire. Le crédit immobilier est en sous-régime fin 2022, à cause du dysfonctionnement réglementaire des taux d’usure, qui, couplé à la hausse continue des taux d’intérêt, resserre l’accès à l’emprunt, voire le ferme purement et simplement. Le délai de vente s’allonge et plutôt que de voir son bien invendu, certains choisissent de baisser son prix.
Acheter maintenant ou attendre 2023 ?
Le désamour pour les grandes villes s’est illustré durant la crise sanitaire, mais il perdure en 2022 avec la hausse des taux d’emprunt et les graves difficultés pour accéder au prêt immobilier. Les ménages qui vivent dans ces zones où le taux d’effort pour se loger est plus élevé qu’ailleurs sont les premiers touchés par ces obstacles multiples pour devenir propriétaires.
Selon Meilleurs Agents, les prix des logements anciens vont continuer de fléchir jusqu’au printemps 2023. Le loyer de l’argent pour les banques commerciales va augmenter suite au relèvement du taux de refinancement de la Banque Centrale Européenne en décembre prochain, la quatrième hausse depuis juillet 2022. Cela va mécaniquement faire monter les taux débiteurs des crédits immobiliers et pénaliser le pouvoir d’achat immobilier, en chute libre en 2022. Si la conjoncture économique continue de se dégrader, il y aura certainement de bonnes affaires immobilières à saisir en 2023.