Produit de placement délaissé ces dernières années à cause de la faiblesse de son rendement et du niveau bas des taux d’intérêt des crédits immobiliers, le plan d’épargne logement ou PEL pourrait retrouver son attrait à la faveur de la remontée des taux.
Envolée des taux d’emprunt en 2022
Depuis février 2022, les taux d’intérêt des crédits immobiliers n’arrêtent pas de grimper. Ils ont plus que doublé en moins d’un an, passant de 1% en moyenne en décembre 2021 à plus de 2% aujourd’hui, quelle que soit la durée. En novembre 2022, les taux sont au plus haut depuis 7 ans. Selon les barèmes bancaires reçus par les courtiers, le taux moyen sur 20 ans oscille actuellement entre 2,30% et 2,50% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés), bien loin de la valeur record établie en octobre 2021 (0,98%).
Il y a peu de chance que ce mouvement s'interrompe. L’inflation poursuit sa progression, à 6,2% sur un an à fin octobre, et devrait atteindre une moyenne annuelle de 5,8% en 2022. L'impact de l'inflation sur le marché immobilier 2022 est déjà mesurable. Le gouvernement vise une inflation à 5% début 2023 et à 4% fin 2023, mais compte tenu de la conjoncture géopolitique et économique mondiale, ces objectifs n’ont pas valeur de prévisions. En rythme annuel en octobre, le taux d’inflation est de 10,7% en zone euro, nouveau record et première fois que la barre des 10% est franchie.
La Banque Centrale Européenne a réagi à cette inflation débridée en rehaussant ses taux directeurs à trois reprises depuis juillet dernier, dont le taux de refinancement pour les banques commerciales qui est passé de 0% à 2%. Le loyer de l’argent est désormais plus cher pour les banques de détail, qui s’appuient par ailleurs sur le rendement de l’obligation de l’État français sur 10 ans pour déterminer les taux d'emprunt aux particuliers. L’OAT 10 ans est au-delà de 2,50% depuis mi-septembre, alors qu’il s’affiche en territoire négatif il y a un an.
On verra bientôt des taux à plus de 3%, le seuil de 3,50% pouvant être atteint durant le premier semestre 2023. Le pouvoir d’achat immobilier est en chute libre en 2022, mais la hausse des taux se révèle une bonne nouvelle pour les épargnants. Les placements réglementés comme le Livret A ou le livret d’épargne populaire (LEP) voient leur rendement mécaniquement augmenté dans ce contexte inflationniste. C’est le cas également du PEL ou Plan d’Épargne Logement, un support hybride, puisqu’il permet de se constituer un pécule en vue d’un achat immobilier.
Hausse du taux du PEL
Le PEL a été créé en 1969 pour permettre aux épargnants de profiter d’un prêt immobilier à un taux préférentiel, sous certaines conditions. L’épargne cumulée permet d’obtenir un crédit à des conditions avantageuses et une prime d’État dans certains cas. Depuis sa création, le PEL a subi maintes réformes. Au début des années 1990, il fallait épargner durant 5 ans, la prime pouvant s’élever à 10 000€ et le PEL n’était pas soumis aux cotisations sociales ni à l’impôt. La durée prescrite de l’épargne a ensuite été ramenée à 4 ans, et le paiement des cotisations sociales acté. Entretemps, les taux de rémunération n'ont cessé d’évoluer et la prime d’État réduite à la portion congrue (1 525€), pour finalement disparaître.
Les règles applicables au PEL varient suivant la date d’ouverture du compte d’épargne :
Avant 2018
La durée minimale du PEL est de 4 ans, pour une durée d’alimentation maximale de 10 ans, mais le PEL peut être conservé au-delà. Les versements périodiques minimum sont fixés à 45€ par mois, ou 135€ par trimestre ou 270€ par semestre, pour un plafond de 61 200€. Le taux de rémunération est fixé à l’ouverture du PEL et s’établit comme suit :
Dates |
Taux de rémunération du PEL |
Taux du prêt du PEL |
01/07/2000 |
4,7% |
4,97% |
01/08/2003 |
2,5% |
4,20% |
01/03/2011 |
2,5% |
4,20% |
01/02/2015 |
2% |
3,20% |
01/02/2016 |
1,7% |
2,70% |
depuis 01/08/2016 |
1% |
2,20% |
Les intérêts sont capitalisables et viennent s’ajouter en fin d’année à l’épargne constituée. Ils sont soumis aux prélèvements sociaux au taux de 17,20% et à l’impôt sur le revenu à partir de la 13ème année.
Le taux du prêt varie en fonction de la date d’ouverture du PEL : il était de 4,20% jusqu’en janvier 2015 et s’établit à 2,20% depuis août 2016.
Après 2018
Les conditions sont les mêmes en termes de versements, plafond et durée. Le taux de rendement est de 1% depuis le 1er août 2016. Côté fiscalité, les intérêts perçus sont assujettis à un prélèvement forfaitaire unique de 30% au titre de l’impôt sur le revenu et aux cotisations sociales à hauteur de 17,20% dès la première année.
Le taux du prêt immobilier est fixé à 2,20% depuis août 2016, pour un montant maximum du prêt de 92 000€. Tout PEL ouvert depuis le 1er janvier 2018 n’ouvre pas droit à la prime d’État.
En vertu du contexte monétaire, le taux du PEL va augmenter à compter de janvier 2023 pour atteindre 2% selon les données de la Banque de France. La révision annuelle du PEL sera officiellement connue en début décembre, et ne concernera que les plans ouverts à compter du 1er janvier 2023. La particularité du PEL est en effet que la rémunération est celle en vigueur au moment de l’ouverture. Quant au taux de crédit dans le cadre d'un PEL, il devrait dépasser le seuil des 3%.
Casser son PEL n’a d’intérêt que si les taux d’emprunt bancaires sont supérieurs au taux accordé par le plan. Entre 2016 et mi-2022, les taux bancaires étant historiquement bas, le PEL avait perdu tout relief. La situation est tout autre aujourd’hui.
Un PEL ouvert fin 2016, en 2017 ou en 2018 permet actuellement de réclamer un prêt bancaire au taux de 2,20% pour financer un achat ou la construction d’un logement, ou encore des travaux de rénovation, ce qui est plus avantageux que les taux débiteurs proposés actuellement et que ceux qu’on nous prédit. Le recours au PEL peut aussi aider à relâcher la tension en matière de financements immobiliers en raison des taux d'usure qui placent le crédit immobilier en sous-régime en 2022. De quoi inciter les futurs emprunteurs à ouvrir sans tarder un PEL. Et ceux qui se demandent s’il faut attendre 2023 pour emprunter ont ici un élément de réponse, car il est peu probable que les taux d'emprunt retrouvent à moyen terme les niveaux historiques de 2021.