La lisibilité des contrats de complémentaires santé ! Un chantier perpétuellement sur l'ouvrage qui n'aboutit jamais. Le Comité Consultatif du Secteur Financier vient pourtant de trouver un terrain d'entente avec les organismes pour mettre au point des contrats-types assortis d'exemples chiffrés qui devraient permettre aux assurés de bien comprendre les remboursements sur les postes de soins les plus courants. En revanche, aucune harmonisation quant aux intitulés des garanties.
Lisibilité des complémentaires santé : promesse tenue ?
Le 14 février 2019, l'Unocam (Union nationale des complémentaires santé) et les principales fédérations des organismes d'assurance santé complémentaire avaient signé, en présence de la ministre de la Santé de l'époque, leur engagement pour la lisibilité des garanties indiquées dans leurs contrats. Fruit d'une concertation approfondie, le document constituait un accord de place national qui, à compter de 2020, devait permettre d'harmoniser les libellés des principaux postes de garanties. La promesse portait aussi sur une liste d'exemples concrets de remboursements en euros que les organismes étaient invités à diffuser dès 2019. Charge à l'Unocam et aux autres acteurs d'inciter leurs membres à mettre en œuvre cet engagement.
Mai 2021, le sujet reste entier. Alors que les Français réclament depuis des années un effort d'information claire et objective des contrats de complémentaire santé, force est de constater que les choses ont à peine évolué. L'amélioration de la lisibilité des mutuelles est une problématique qui fait débat depuis 2011.
Missionné par le ministère de l'Économie, le Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF), institut en charge des questions liées aux relations entre les établissements financiers (banques et compagnies d'assurance) et leurs clientèles, avait finalisé cet accord de place conclu en 2019 dont le défaut majeur était malheureusement l'absence d'obligation. Ce caractère non contraignant avait suscité le scepticisme de Bercy qui menaçait les intéressés de nouvelles mesures réglementaires pour acter enfin un libellé harmonisé, compréhensible et sans ambiguïté des garanties et remboursements des contrats de complémentaire santé.
Le 20 mai dernier, le CCSF a officialisé un avis qui prend note des progrès réalisés et formulé un accord portant sur 3 axes que les organismes se sont engagés à mettre en œuvre d'ici mai 2022 :
- la refonte de tableaux d'exemples de remboursement
- l'amélioration de l'accessibilité de ces tableaux sur les sites en ligne des organismes
- le développement de l'information des remboursements exprimés en euros.
Un problème de transparence
C'est une question écrite publiée au Journal officiel du Sénat le 18 février dernier qui relance le sujet de la transparence des organismes complémentaires et de la lisibilité des garanties. Le sénateur Maurice Antiste (groupe SER) interroge le gouvernement sur la hausse constante des cotisations des mutuelles et la mise en œuvre de la résiliation infra-annuelle des contrats, tout en accusant en parallèle les organismes d'un manque persistant de lisibilité des garanties.
L'élu de la Martinique dénonce alors que, parmi les dix-sept principaux acteurs de la santé complémentaire, douze n'expriment pas en euros leurs indemnisations sur les 3 postes de santé où les restes à charge pour les patients sont les plus élevés (optique, dentaire et audiologie), mais en pourcentage supérieur à 100%.
Un libellé de nature à induire en erreur l'assuré peu averti des formulations de prise en charge. 100% de la base de remboursement de la Sécurité Sociale ne signifie pas que l'assuré est remboursé intégralement de la dépense engagée, mais qu'il bénéfice de la prise en charge du ticket modérateur, c'est-à-dire la différence entre le tarif conventionné de l'acte ou du produit médical et le remboursement de la Sécu. Toute somme supérieure à ce remboursement constitue le reste à charge. Encore faudrait-il que cette somme soit exprimée en euros pour faciliter la compréhension.
Pas d'accord sur le remodelage des tableaux de garanties
L'accord du 20 mai va-t-il enfin aider les assurés à mieux appréhender les garanties et les remboursements proposés ? La comparaison entre les contrats devrait être renforcée grâce à la mise en place de 26 exemples concrets de remboursements en euros, expliquant la part de chaque financeur (Sécu et mutuelle), sur les 5 postes suivants :
- hospitalisation
- soins courants (consultations chez un médecin de secteur 1 ou 2, adhèrent ou non à l’OPTAM)
- dentaire
- optique
- aides auditives.
Conformément à l'accord, l'assuré devra surfer sur le site web de sa complémentaire santé pour avoir accès à ces tableaux harmonisés. Rien n'est précisé quant aux autres supports durables comme les mails et les courriers postaux. Secundo, aucun consensus sur le tableau des garanties, alors que l'harmonisation des intitulés des postes essentiels, soit les 5 cités plus haut, faisait partie de l'engagement pris en 2019. Les organismes complémentaires ont pour l'heure refusé le remodelage du tableau des garanties, arguant que leurs contrats ont été entièrement revus avec l'entrée en vigueur de la réforme 100% Santé.
Les assurés n’en ont pas fini avec la confusion entre les remboursements de la Sécurité Sociale et ceux des organismes complémentaires. La pédagogie, pourtant nécessaire à une possible adéquation entre le produit et les besoins du consommateur, n’est pas le fort des assureurs. Pour vous aider à comparer les offres et souscrire une mutuelle adaptée à vos besoins de santé et à votre budget, utilisez notre comparateur Magnolia.fr. N’hésitez pas à solliciter nos experts pour bien comprendre l’étendue des garanties et le niveau de remboursement proposé.