Face à la crise du logement largement imputable à la hausse des taux d’emprunt, le gouvernement réagit enfin et annonce vouloir élargir le prêt à taux zéro (PTZ) à davantage de ménages. Ce prêt sans intérêts réservé aux primo-accédants devrait bénéficier à 6 millions de foyers supplémentaires en 2024. Cette décision s’accompagne d’une augmentation du nombre de communes éligibles au PTZ en zones tendues.
PTZ 2024 : davantage de bénéficiaires
Samedi dernier, dans un entretien accordé au journal Sud Ouest, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé que les conditions d’accès au PTZ (Prêt à Taux Zéro) seront élargies dans les prochaines semaines.
Pour rappel, le PTZ est un prêt sans intérêts créé en 1995, réservé aux seuls primo-accédants de leur résidence principale. Il vient toujours en complément d’un prêt immobilier classique et peut financer jusqu’à 40% du montant d’une opération dans le neuf ou dans l’ancien avec travaux de rénovation. Il est attribué sous conditions de ressources et son montant dépend de la composition du foyer et de la localisation du logement. Les plafonds de ressources n’ont pas été modifiés depuis 2016 ; la révision du barème est donc une mesure nécessaire pour répondre à l’évolution du marché immobilier.
Parallèlement au relèvement des conditions pour accéder au PTZ, Bruno Le Maire a indiqué que 154 communes seront classées en zone tendue et donc éligibles au nouveau PTZ dès janvier 2024. Le PTZ est accessible dans le neuf dans toutes les zones (A, A bis, B1, B2 et C) et dans l’ancien avec travaux uniquement en zones B2 et C.
Bon à savoir : le projet de loi de finances 2024 a prolongé le PTZ jusqu’au 31 décembre 2027, tout en procédant à un recentrage sur les bâtiments d’habitation collectifs, ce qui exclut les maisons individuelles même en lotissement en raison de la volonté du gouvernement de limiter l’artificialisation des sols. Les modifications du PTZ ne seront définitives qu’après promulgation de la loi de finances, fin décembre 2023.
Relancer l’immobilier : trop tard pour 2023
La crise de l’immobilier qui sévit depuis de longs mois nécessite des actions fortes et ciblées pour éviter qu’elle ne se transforme en crise du logement. Les banques prêtent de moins en moins fin 2023, comme en témoignent les chiffres de la production de crédits immobiliers : moins de 10 milliards d’euros distribués en août dernier, un niveau bas inégalé depuis sept ans.
La tension sur le marché locatif est telle que certains étudiants n’ont d’autre choix que de se loger dans les campings. Les jeunes ménages qui aspirent à la propriété restent locataires et saturent le marché locatif car ils ne peuvent accéder au crédit bancaire par la conjonction de plusieurs facteurs :
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hausse des taux d’intérêts : de 1,20% en janvier 2022 (hors assurance de prêt immobilier et autres frais de garantie), le taux moyen sur 20 ans outrepasse désormais les 4%.
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calcul du taux d’usure inadapté à l’évolution rapide du contexte monétaire : le taux d’usure est mensualisé depuis février 2023 mais toujours calculé sur la base des TAEG (Taux Annuel Effectif Global) des trois mois précédents, ce qui n’offre pas un écart suffisant avec les valeurs du marché.
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baisse trop lente des prix immobiliers : -5% sur un an alors que le pouvoir d’achat immobilier a reflué de 20% environ à cause de la progression des taux. Voyez où les prix baissent le plus en 2023
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normes d’octroi trop rigides : instaurées il y a près de 3 ans dans un contexte de taux au plancher, les règles du HCSF qui encadrent le crédit sont facteur d’exclusion d’un grand nombre de ménages pourtant solvables. Malheureusement, pas d’assouplissement du taux d’endettement maximum comme avait pu le laisser entendre tout récemment Bruno Le Maire, il reste à 35% des revenus nets (assurance emprunteur comprise).
L’année 2023 totalisera moins de 900 000 transactions dans l’immobilier ancien, soit un repli de plus de 20% par rapport à 2022. Après des années de surchauffe du marché immobilier, porté des taux d’emprunt historiquement bas et une fringale d’achat après la pandémie de Covid, le secteur est frappé par le choc émotionnel d’une nouvelle période de normalisation. La guerre en Ukraine et son corollaire qu’est la dérive inflationniste ont mis fin à l’argent facile. La baisse sans précédent des taux d’intérêts à partir de 2016 avait eu pour effet de solvabiliser massivement la clientèle, tout en nourrissant une envolée des prix immobiliers.
Le serrage de vis opéré par la Banque Centrale Européenne pour tenir l’objectif des 2% d’inflation en zone euro renchérit le coût du crédit bancaire sans qu’il y ait une correction significative des prix, assortie d’une politique du logement volontariste dans notre pays.