Les ménages vont-ils pouvoir accéder plus facilement au crédit immobilier dans les prochaines semaines ? À défaut de répondre par l’affirmative, on sait toutefois que le gouvernement étudie la possibilité d’assouplir les règles d’octroi pour relancer un marché grippé par la hausse des taux et la rigidité aveugle de la réglementation.
Débloquer l’accès au crédit immobilier
Comment juguler la crise de l’immobilier qui sévit depuis de longs mois ? Les professionnels avaient appelé à réformer les règles d’octroi pour éviter une crise du logement malheureusement déjà installée. Bon nombre de ménages en capacité d’emprunter ne peuvent accéder au crédit bancaire et restent locataires, ce qui crée une vive tension sur le marché locatif. Le phénomène est dû principalement à la conjugaison de trois facteurs :
- La hausse brutale et constante des taux d’intérêts
- L’inadéquation du taux d’usure à la réalité du terrain malgré sa mensualisation depuis février 2023
- Les règles du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière) juridiquement imposées aux banques depuis deux ans et appliquées de manière rigoureuse.
Pour bien comprendre la problématique, revenons sur ces normes d’octroi :
- Le taux d’endettement est plafonné à 35% des revenus nets, avant impôt et assurance de prêt immobilier comprise.
- La durée de remboursement est limitée à 25 ans, voire 27 ans en cas d’achat dans le neuf en VEFA ou dans l’ancien avec travaux de rénovation importants.
Ces deux limites s’appliquent quel que soit le profil de l’emprunteur, indépendamment de son reste à vivre qui est pourtant une notion fondamentale s’agissant d’endettement. Un ménage disposant de revenus suffisants pour finir le mois, une fois payé ses mensualités de crédit, ne pourra accéder au financement bancaire si son taux d’endettement excède la norme. On mesure ici le dysfonctionnement de la réglementation qui exclut de l’accès au crédit des ménages pourtant solvables.
Les chiffres de la production de crédits immobiliers sont éloquents : -51,5% à fin juillet en glissement annuel (Observatoire Crédit Logement/CSA). Cette chute nécessite une réponse urgente pour desserrer l’accès au crédit et permettre au marché de redémarrer.
Augmenter le taux d’endettement maximum
En juin dernier, le HCSF, placé sous l’égide de la Banque de France, avait accepté d’accorder un léger assouplissement des conditions d’octroi pour les investisseurs. Pour être précis, la marge de flexibilité pour s’affranchir de la norme hors primo-accession avait été relevée de 20% à 30%.
Une mesure cosmétique qui ne résout en rien le fond du problème. Une ébauche de solution est peut-être proche. Sous l’impulsion de Sacha Houlié, député Renaissance de la Vienne et président de la commission des lois à l’Assemblée Nationale, Bercy réfléchit à assouplir la règle des 35% d’endettement. Le député déplore qu’un trop grand nombre de Français qui sont à la limite de l'emprunt ne puissent « pas emprunter parce que les règles sont trop strictes », estimant que le taux de 35% « pose quelques difficultés ».
Dans une lettre commune adressée au président du HCSF, Sacha Houlié et d’autres présidents de commission à l’AN s’inquiètent d’une situation où des ménages justifiant de revenus suffisants pour emprunter afin d’acquérir leur résidence principale ou d’investir dans le locatif se voient privés d’accès au crédit immobilier par le seul fait de l'application stricte et prudentielle des règles édictées par le HCSF.
Sacha Houlié se garde bien de définir un nouveau taux d’endettement maximal, seule prérogative du régulateur. Il s’agit d’assouplir quelque peu une règle mise en application sans discernement le temps que le marché se débloque, quitte à la réviser ultérieurement quand la situation s’améliorera.
Selon le député, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a dit étudier l’hypothèse d’une augmentation du taux d’endettement maximal, mesure qu’il avait totalement exclue en mai dernier se refusant de « régler la crise du logement en endettant massivement les Français et de manière déraisonnable ».
Le ministre et le gouverneur de la BdF aborderont le sujet ce mardi lors d’une réunion du HCSF.