Jeudi 14 septembre, la Banque Centrale Européenne a relevé une nouvelle fois ses taux directeurs. Cette décision va immanquablement peser sur les conditions d’emprunt des ménages qui voient le crédit immobilier se renchérir de manière constante. L’accès à l’immobilier continue d’être mission impossible pour un trop grand nombre de foyers, condamnés à rester locataires.
Nouveau durcissement monétaire de la BCE
Si le doute pouvait planer ces derniers jours en raison d’un léger mieux sur le front de l’inflation, la Banque Centrale Européenne a vite douché les espoirs : jeudi 14 septembre, l’institution décide d’augmenter pour la dixième fois ses taux directeurs. Le taux de refinancement qui est le taux d’intérêts payé par les banques de détail auprès de la BCE et qui permet de préserver les prix dans la zone euro est relevé de 25 points, et passe ainsi de 4,25% à 4,50%, soit son niveau le plus élevé depuis 2009. La rapidité et l’ampleur de ce cycle de redressement est sans précédent dans la zone euro.
Pour mémoire, ce taux était à 0% avant le 21 juillet 2022, date à laquelle la BCE a entamé sa politique de resserrement monétaire en vue de contrer la dérive inflationniste. Cette action restrictive vise à ralentir l’économie afin de ramener l’indice de prix à la consommation vers son objectif des 2%. La BCE a d’ailleurs révisé ses projections macroéconomiques et prévoit une hausse des prix de 5,6% en 2023, puis de 3,2% en 2024 et de 2,1% en 2025.
Taux de crédit immobilier : toujours en hausse !
Le défi pour la BCE est cornélien : juguler l’inflation sans étouffer l’économie. L’inflation dans la zone euro persiste en 2023, sous l’effet notamment des difficultés économiques de la Chine. Le monde est un village disait une célèbre Première Dame. Cette phase de ralentissement induite en grande partie par le conflit russo-ukrainien touche le monde entier dans des proportions diverses. Certains experts estiment que la BCE a décidé jeudi dernier la hausse finale de son cycle de durcissement monétaire. L’espoir est donc permis de voir les taux d’intérêts se relâcher dans le courant de l'année 2024.
En attendant, le budget des ménages français est compressé par l’inflation et ceux qui souhaitent emprunter pour concrétiser un projet immobilier se retrouvent contraints par la hausse des taux. En moins de deux ans, les taux d’intérêts ont quadruplé. Fin 2021, on pouvait s’endetter au taux historiquement bas de 1% (hors assurance de prêt immobilier et autres frais de garantie), quand aujourd’hui les taux sur 20 ou 25 ans avoisinent ou excèdent les 4%.
Avec 4 000€ de revenus nets par mois, vous pouviez emprunter sur 20 ans 287 022€ en décembre 2021 (taux nominal à 1%), contre 217 262€ actuellement (taux nominal à 4,03%). La perte de pouvoir d’achat immobilier atteint 24,30%. Pour compenser cet écart, il faudrait que les prix immobiliers baissent dans les mêmes proportions ou que le ménage verse un apport personnel conséquent. Difficile pour les primo-accédants, jeunes pour la plupart, qui peuvent rarement mobiliser un pécule suffisant.
Les plus chanceux peuvent booster leur apport personnel grâce à la famille, quand d’autres, particulièrement bien dotés, paient cash face à l’impossible accès au crédit immobilier.
Prix immobiliers orientés à la baisse
En octobre, les taux vont monter d’un cran, pour la énième fois, et s’approcher dangereusement des 5% pour les durées les plus longues. Les conditions d’emprunt début 2024 risquent de ne pas être plus performantes. Tout récemment, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a indiqué qu’il n’y aura pas de baisse des taux d’intérêts dans les prochains mois.
Ceux qui tergiversent et se demandent s’il vaut mieux attendre 2024 pour emprunter vont se heurter à un crédit toujours plus cher, tout en tablant sur une réelle correction des prix. Selon Meilleurs Agents, spécialiste de l’estimation immobilière, certaines grandes villes comme Bordeaux et Lyon voient déjà leurs prix reculer de plus de 8% sur douze mois. La contraction est encore minime au niveau national (-0,4%), et les zones rurales résistent bien avec une progression de 3%. Le site anticipe une baisse générale de 4% sur les douze prochains mois.