Les taux d’intérêts du crédit immobilier n’en finissent pas de progresser, mais les banques reviennent sur le marché car elles peuvent ainsi reconstituer leurs marges sur ce produit d’appel qu’est le prêt à l’habitat. Le crédit est toujours plus cher mais il redevient enfin accessible au terme de cette année 2023. Qu'en sera-t-il en 2024 ?
Hausse des taux de crédit immobilier : pas de répit
Les conditions d’emprunt en ce dernier trimestre 2023 suivent la tendance observée depuis dix-huit mois : ça continue de grimper. Les taux d’intérêts ont commencé à prendre l’ascenseur début 2022 sous l’impulsion du retour de l’inflation, un mouvement qui s’est accéléré avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le taux moyen sur 20 ans titrait 1,20% en janvier 2022 (hors assurance de prêt immobilier et autres frais de garantie), contre 4,40% actuellement. Retrouvez toutes les infos pour emprunter en octobre 2023.
Très peu d’emprunteurs ont le privilège de s’endetter sous la barre des 4%. Les profils premium empruntent autour de 4,20% et pour les dossiers moyens, les valeurs atteignent déjà 4,50%. Quant aux emprunteurs moins bien dotés en revenus, en apport personnel et épargne de précaution, les conditions sont nettement moins favorables : certaines banques leur proposent un taux à 5% sur 25 ans, voire sur 20 ans.
Un courtier en crédit immobilier est plus que jamais votre allié en 2023 pour décrocher le graal dans un contexte de raréfaction et de renchérissement du crédit. D’un établissement bancaire à l’autre, les écarts entre les taux maximums et les taux minimums sur une même maturité peuvent être importants, allant jusqu’à 1,5 point.
Les banques prêtent à nouveau
Fin 2022, certaines banques décidaient de fermer le robinet du crédit immobilier, face aux contraintes monétaires et au dysfonctionnement de l’usure, deux facteurs qui ne leur permettaient pas de dégager des marges sur le crédit immobilier, pourtant produit d’appel phare pour capter une clientèle sur le long terme. La Banque de France réagit tardivement en mensualisant le taux d’usure à compter de février 2023 pour une durée provisoire jusqu’en janvier 2024.
Les banques peuvent ainsi ajuster leurs barèmes de taux plus régulièrement, ce qui retarde l’effet ciseau engendré par la remontée constante des taux d’intérêts. En renouant avec leurs marges sur le crédit, les enseignes se montrent plus favorables aux demandes de financement à l’habitat, certaines font même preuve d’une plus grande flexibilité quant aux critères de revenus et au montant maximum financé.
Vers des taux d’emprunt à 5%
La hausse brutale des taux est due au durcissement de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne. L’institution communautaire a déjà procédé à dix relèvements de ses taux directeurs, passant notamment le taux de refinancement de 0% à 4,50% entre juillet 2022 et septembre 2023. L’objectif : ramener l’inflation vers les 2%. Bonne nouvelle : l’indice des prix commence à reculer, chutant de 5,2% en août à 4,3% en septembre en zone euro soit son niveau le plus bas depuis octobre 2021. Mauvaise nouvelle : la guerre entre le Hamas et Israël déclenchée samedi dernier fait déjà bondir les cours du pétrole et pourrait avoir des répercussions sur l’économie mondiale.
Les taux d’emprunt risquent fort de poursuivre leur mouvement haussier et s’approcher dangereusement des 5% d’ici la fin de l’année 2023 ou le début de 2024. Les ménages ont perdu plus de 20% de pouvoir d’achat immobilier par la seule progression des taux.
La hausse du loyer de l’argent n’est pas l’unique frein à l’accès au crédit bancaire : les emprunteurs sont soumis aux règles du HCSF qui limitent le taux d’endettement à 35% des revenus nets (assurance de prêt comprise) et la durée de remboursement à 25 ans (voire 27 ans dans le neuf ou l’ancien avec gros travaux de rénovation).
Les professionnels plaident pour un relâchement de la norme qui encadre le crédit, mais le taux d’endettement maximum ne sera pas bientôt assoupli, comme avait pu le laisser entendre tout dernièrement le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. La Banque de France oppose son veto à toute modification dans le but de protéger les emprunteurs. Elle oublie que taux d’endettement et reste à vivre sont deux notions complémentaires et qu’un ménage solvable avec des revenus confortables peut afficher un taux d’effort supérieur à la norme si son reste à vivre est suffisant.