L’année immobilière 2023 aura été largement marquée par les difficultés rencontrées par les ménages pour accéder au crédit. Le déni du gouvernement de la crise immobilière ne s’appuie sur aucune justification pertinente et ce ne sont pas les nouvelles mesures du HCSF en place à compter de janvier 2024 qui vont changer la donne. Les professionnels, courtiers en première ligne, comptent bien davantage sur la volonté des banques pour débloquer le marché et le début de la fin de la hausse des taux est déjà un signe encourageant.
Nouvelles règles d’octroi du crédit immobilier en 2024
Le 24 décembre dernier, sont parues au Journal Officiel les nouvelles règles du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) visant l’encadrement du crédit immobilier, applicables à compter du 1er janvier 2024. Elles viennent amender la décision du 29 septembre 2021 relatives aux conditions d’octroi de prêt immobilier dont l’objectif est d’assainir la distribution des financements bancaires et “donc de maîtriser les risques pour la stabilité financière en rendant le crédit plus sûr”.
Pour rappel, depuis janvier 2022, les banques sont soumises juridiquement à deux limites lors de l’octroi d’un crédit immobilier :
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Le taux d’endettement est plafonné à 35% des revenus nets, assurance emprunteur comprise.
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La durée de remboursement ne peut excéder 25 ans, mais peut aller jusqu’à 27 ans en cas d’achat dans le neuf (VEFA) ou dans l’ancien avec condition de travaux de rénovation.
Compte tenu des difficultés résiduelles dans la mise en œuvre de ces mesures et de l’impact de la hausse des taux sur la dynamique du marché, la Banque de France assouplit la norme à la marge :
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L’amortissement d’un prêt destiné à financer un achat dans l’ancien peut aller jusqu’à 27 ans si les travaux de rénovation engagés atteignent un montant minimum de 10% de l’opération, contre 25% précédemment.
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Les prêts relais dont la quotité de financement est inférieure ou égale à 80%, sont exclus du calcul du taux d’endettement.
Ne figure pas dans cette décision parue au JO la possibilité de réexaminer un refus de prêt, qui faisait pourtant partie des 3 mesures cosmétiques de la Banque de France annoncées début décembre.
Les banques en piste pour relancer le marché immobilier
Cet assouplissement a minima sera sans doute aussi utile au marché immobilier qu’un unijambiste dans un concours de tirs au but. Les 3 propositions des courtiers avaient nettement plus d’ampleur, mais sans surprise, elles n’ont pas reçu l’écho favorable des autorités financières :
- inclure les prêts réglementés comme le PTZ dans l’apport personnel ;
- calcul du taux d’endettement sur les 8 premières années, comme cela est obligatoire pour le coût de l’assurance emprunteur depuis l’entrée en vigueur de la loi Lemoine ;
- retour à la méthode différentielle du calcul de l’endettement pour l’investissement locatif.
Face à la mollesse du régulateur, les professionnels, courtiers en tête, parient plus volontiers sur la réaction des banques pour faire repartir le marché. Certaines avaient fermé le robinet du crédit en 2022 et 2023 dans un contexte monétaire très tendu qui ne leur permettait pas de dégager de marges suffisantes sur les nouveaux prêts.
Signe que la détente est en marche, le retour de la révision trimestrielle du taux d’usure en janvier 2024 : la mensualisation du taux d’usure depuis février 2023 était une mesure exceptionnelle censée permettre aux banques de s’adapter plus rapidement à l’évolution rapide des conditions monétaires, mais elle n’aurait plus lieu d’être, la Banque Centrale Européenne ayant achevé à sa politique de hausse des taux directeurs compte tenu de la maîtrise de l’inflation.
Les banques retrouvent de l’air et se montrent plus agressives sur le marché du crédit. Depuis début décembre, les taux d’intérêts se sont stabilisés, et à l’épilogue de l’année, certaines enseignes ont même entamé une baisse pouvant aller jusqu’à 40 points de base. Les emprunteurs peuvent tabler sur un retour des taux à moins de 4% en 2024, soit le niveau d’il y a six mois.
On compte aussi sur la volonté des banques pour mieux utiliser la marge de flexibilité qui leur est accordée pour s’affranchir des règles d’octroi pour certaines catégories d’emprunteurs. Elles disposent en effet d’un quota de 20% pour octroyer des crédits hors norme, à destination principalement de la primo-accession et de l’acquisition de la résidence principale. Le HCSF les autorise désormais à lisser ce quota sur trois trimestres au lieu d’un jusqu’à présent afin d'optimiser sa mise en pratique.