Le taux d’usure est apparu dans le champ lexical du crédit immobilier en cette année de grave crise immobilière. Accusé de freiner l’accès au financement bancaire, le taux d’intérêts maximum légal est régi par une réglementation stricte qui a tout récemment évolué. Face à ces changements, jouons au "jeu du vrai ou faux" pour éviter toute méprise.
Le taux d’usure protège les emprunteurs
Vrai. Le taux d’usure est le taux maximal autorisé auquel les banques peuvent octroyer des crédits. Il permet de protéger les consommateurs contre les éventuels taux usuraires ou excessifs, et vise à limiter l’endettement des ménages.
Le taux d’usure est le taux que la banque ne doit pas dépasser et constitue le plafond du taux annuel effectif global (TAEG), qui comprend tous les frais liés à l’obtention du crédit : intérêts, frais de dossier, garantie (hypothèque ou caution), primes d’assurance emprunteur, etc.
Le taux d’usure concerne uniquement les crédits immobiliers
Faux. S’il fait régulièrement débat dans le cadre du crédit immobilier, le taux d’usure concerne tous les crédits consentis aux particuliers. Quelle que soit leur nature, tous sont soumis à ce bouclier de protection : crédits à la consommation (prêt personnel, prêt affecté, crédit renouvelable, prêt travaux d’un montant inférieur à 75 000€), crédits immobiliers (prêts à taux fixe, prêts à taux variable, prêts-relais), et même découverts bancaires.
Sachez qu’il n’y a pas de taux d’usure pour les SCI (Société Civile Immobilière). Un prêt immobilier consenti à une SCI n'est pas soumis à la réglementation de l'usure.
Le taux d’usure est identique quel que soit le crédit
Faux. Le taux d’usure applicable aux prêts à la consommation dépend du montant du prêt : inférieur ou égal à 3 000€, compris entre 3 000€ et moins de 6 000€, supérieur à 6 000€.
S’agissant des crédits immobiliers, il varie selon la durée de remboursement ou la nature. Voici les taux d’usure applicables en septembre 2023 :
- Prêt d’une durée inférieure à 10 ans : 4,23%
- Prêt d’une durée comprise entre 10 et moins de 20 ans : 5,28%
- Prêt d’une durée de 20 ans et plus : 5,56%
- Prêt à taux variable : 5,13%
- Prêt-relais : 5,53%.
Le taux d’usure est modifié régulièrement
Vrai. Le taux d’usure évolue en fonction des conditions de financement bancaire. Historiquement, il est calculé chaque trimestre par la Banque de France sur la base des TAEG moyens octroyés par les banques, et augmentés d’un tiers. Le taux d’usure est donc égal à 1,33% des taux pratiqués le trimestre précédent.
L’envolée des taux d’intérêts depuis début 2022 a montré les limites d’une révision trimestrielle, entraînant trop rapidement un effet ciseau qui prive de crédit immobilier un grand nombre d’emprunteurs pourtant solvables.
Depuis février 2023, la BdF actualise sur la même base de calcul (les crédits accordés des 3 derniers mois), mais à un rythme mensuel, et ce, de manière provisoire jusqu’en janvier 2024. La mensualisation du taux d’usure permet aux banques d’ajuster leurs barèmes plus régulièrement, qui sont ainsi davantage en phase avec l’évolution des contraintes monétaires que la Banque Centrale Européenne fait peser sur elles.
Le taux d’usure réduit la capacité d’emprunt
Faux. Votre capacité d’emprunt est déterminée par le niveau de vos revenus et les taux d’intérêts du moment. Le taux d’usure n’a aucune incidence sur votre capacité d’emprunt, qui se trouve diminuée d’environ 20% depuis dix-huit mois face à la progression constante de taux d’intérêts.
L’octroi du crédit immobilier n’en est pas moins encadré. Les règles du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière) obligent les banques à :
- ne pas outrepasser 35% de taux d’endettement (avant impôt, assurance de prêt incluse)
- plafonner la durée de remboursement à 25 ans, portée à 27 ans en cas d’achat sur plan (VEFA) ou d’achat dans l’ancien avec travaux de rénovation importants.
Le taux d’usure peut empêcher d’utiliser son PEL
Vrai. Compte tenu de la vive remontée des taux d’intérêts, certains sont tentés de casser leur Plan Épargne Logement. Ceux qui détiennent un PEL depuis au moins 4 ans peuvent demander un prêt épargne logement à un taux préférentiel et minimiser ainsi le recours au crédit bancaire classique. L’épargne accumulée sur un PEL permet en effet d’obtenir un prêt complémentaire au crédit classique, à un taux d’intérêts fixé dès le départ en fonction de la date l’ouverture du plan. Quand ce taux est supérieur au taux d’usure, la banque ne peut accepter d’adosser le crédit au prêt épargne logement et refuse le financement.
Pour les PEL ouverts entre le 1er août 2016 et le 31 décembre 2022, le taux de prêt était de 2,2%. Depuis le 1er janvier 2023, il est remonté à 3,2% en raison de la progression de l’inflation. Les PEL qui posent problème actuellement sont ceux ouverts entre juin 1983 et juillet 1984, car ils affichent un taux de 6,30%. Rappelons que le taux d’usure est de 5,56% pour les crédits immobiliers d’une durée de 20 ans et plus. Ajoutons que le prêt épargne logement doit être couvert par une assurance emprunteur au même titre qu’un crédit immobilier classique.