Le financement d’un projet immobilier passe le plus souvent par le crédit et qui dit crédit, dit garanties prises par la banque pour se prémunir contre les éventuels défauts de paiement de son client. L’assurance emprunteur remplit cette fonction en cas d’aléas de la vie qui empêcheraient l’assuré d’assumer sa dette jusqu’au terme. L’hypothèque ou la caution intervient dans les autres situations. Sauf exceptions introduites par la loi Lemoine, la souscription à l’assurance de prêt passe par l’étape essentielle du questionnaire de santé. Que contient ce formulaire ? Doit-on tout déclarer ?
Quelle assurance emprunteur ne demande pas de questionnaire de santé ?
Toute demande de financement bancaire pour un projet immobilier s’accompagne d’une sécurité pour l’emprunteur et sa banque : la souscription à une assurance de prêt immobilier. Ce produit vise à sécuriser les sommes prêtées en cas de défaillance de l’emprunteur dans des situations bien précises :
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décès
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dépendance à 100% (nécessité d’une tierce personne pour les gestes du quotidien)
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invalidité partielle ou totale
En cas de sinistre, l’assurance prend en charge le capital restant dû (décès), ou tout ou partie des mensualités de crédit à hauteur des garanties souscrites, et de la quotité d’assurance de prêt si vous empruntez à deux.
La souscription à l’assurance crédit oblige l’emprunteur à remplir un questionnaire qui renseigne l’assureur sur les risques de santé qu’il incarne. Les déclarations vont permettre au prestataire d’accepter ou refuser le bénéfice de l’assurance, et en cas d’acceptation, d’appliquer une tarification en conséquence : tarifs standard, surprime d’assurance de prêt avec ou sans exclusion de garanties.
Les personnes touchées par la maladie sont de facto stigmatisées et peinent à accéder au crédit immobilier en raison de l’obstacle majeur que représente l’assurance emprunteur. Pas d’assurance, pas de crédit, ou une assurance à un tarif rédhibitoire assorti d’exclusions qui diminuent la protection lors de la survenance d’un sinistre.
Entrée en vigueur le 1er juin 2022, la loi Lemoine supprime le questionnaire de santé assurance de prêt immobilier pour les crédits de moins de 200 000€ (400 000€ si emprunt à deux avec une quotité à 50% sur chaque tête), remboursés avant le 60ème anniversaire de l’emprunteur. L’assureur ne peut demander aucune information relative à l’état de santé de l’emprunteur ou d’examen médical. L’assureur a toutefois le droit de questionner l’emprunteur sur ses habitudes de vie (fumeur ou non-fumeur, pratique d’un sport à risques) et sur sa profession. Hors de ce cadre, le questionnaire de santé reste un préalable à la souscription de l’assurance.
Le questionnaire de santé pour un prêt de 200 000€ ou plus
Pour tout crédit d’un montant égal ou supérieur à 200 000€, le formulaire d’adhésion va renseigner l’assureur sur le profil de risques de l’emprunteur, les risques médicaux étant appréciés via le questionnaire de santé assurance de prêt. Ce document doit être rempli en toute bonne foi, sans omission ni fausse déclaration, auquel cas l’assureur peut refuser l’indemnisation ou frapper le contrat de nullité si l’intention de cacher une information est démontrée (article L-113-8 du code des assurances).
Comment remplir le questionnaire d’assurance de prêt ?
Vous devez répondre à toutes les questions du formulaire : votre âge, votre poids et votre taille afin de calculer l’IMC (Indice de Masse Corporelle), mais aussi bien d’autres éléments portant sur votre état de santé actuel et passé :
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arrêt de travail total ou partiel au cours de 10 dernières années
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maladie, infirmité ou invalidité au cours de 10 dernières années
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affection congénitale ou héréditaire
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accident ayant entraîné des séquelles
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suivi d’un traitement médicamenteux
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hospitalisation passée et programmée dans les 6 mois
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examens en laboratoire, imagerie médicale
À chaque entrée « oui », vous devez indiquer la pathologie, mentionner les dates de début et de fin, spécifier le traitement, et joindre les documents s’y rapportant (bilans, comptes-rendus, IRM, scanner, radiographie, échographie, etc.). Le médecin-conseil de l’assureur pourra demander des examens complémentaires pour finaliser sa réponse et vous proposer des conditions d’acceptation spécifiques (surprime, exclusion médicale). Vous pouvez demander les informations motivant la décision.
Pour les jeunes emprunteurs et pour les montants empruntés n’excédant pas 500 000€ (montant variable selon les assureurs), une simple déclaration d'état de santé, appelée aussi « questionnaire de santé simplifié » peut suffire. En présence d’un risque déclaré, alors un questionnaire plus approfondi sera nécessaire.
Si vous présentez des risques accrus de santé, vous relevez de la convention Aeras (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé), un dispositif opposable aux banques et aux assureurs qui facilite l’accès à l’assurance aux emprunteurs ne pouvant être couverts à des conditions standards.
Quels sont les éléments à ne pas déclarer dans son questionnaire de santé ?
Répondre à toutes les questions posées, oui, faire du zèle, non ! Certaines informations n’ont pas à être déclarées :
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certaines opérations chirurgicales : césarienne, IVG, appendicite, extraction des dents de sagesse, hernie inguinale, végétations, amygdales, hémorroïdes, chirurgie esthétique (sauf en cas de séquelles)
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un traitement en cours comme la contraception, le traitement hormonal de substitution (THS), la vaccination contre la grippe saisonnière ou le Covid
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un cancer ou une hépatite virale C guéri depuis au moins 5 ans : le droit à l’oubli a été raccourci de 10 à 5 ans par la loi Lemoine.
Attention : si vous êtes éligible au droit à l’oubli, qui permet de passer sous silence un ancien cancer ou hépatite C, vous devez en revanche déclarer les autres pathologies et facteurs de risque, les situations d’incapacité, d’invalidité ou d’inaptitude au travail en lien ou non avec l’affection relevant de ce dispositif. Les conséquences d’une maladie cancéreuse, d’une hépatite C ou celles des traitements en lien avec la maladie relevant du droit à l’oubli ne sont pas concernées par de droit et font l’objet d’une réponse assurantielle et d’une tarification spécifiques.