Être enceinte peut-il avoir une incidence sur l’assurance de prêt immobilier ? L’arrêt maladie durant la grossesse est-il couvert par le contrat d’assurance ? Magnolia.fr répond à ces questions essentielles pour les femmes qui empruntent pour acheter leur logement, en couple comme en solo, et évoque un cas précis traité par le médiateur de l’assurance en 2022.
Quels sont les risques que peut couvrir une assurance emprunteur ?
L’assurance de prêt vise à protéger la banque et l’emprunteur en cas de défaillances de ce dernier. Sur toute la durée d’un crédit immobilier, l’emprunteur peut être victime d’un ou plusieurs aléas de la vie qui le priveraient de ressources financières pour assumer sa dette auprès du prêteur.
Les risques couverts par l’assurance de prêt immobilier sont les suivants :
- décès
- dépendance à 100%
- invalidité à partir d’un taux de 33%
- incapacité de travail
Les autres causes de défaut de paiement relèvent d’autres frais de garantie (hypothèque ou caution).
À ces risques, correspondent des garanties assurance de prêt immobilier bien spécifiques :
- la garantie décès qui prend en charge le capital restant dû, à hauteur de la quotité en cas d’emprunt à deux ;
- la garantie PTIA (Perte Totale et Irréversible d’Autonomie) qui prend en charge le capital restant dû ou les mensualités au fil de l’eau, toujours à hauteur de la quotité souscrite, si l'emprunteur est déclaré en dépendance totale (besoin d'une tierce personne pour les gestes du quotidien) ;
- les garanties invalidité : IPP (Invalidité Permanente Partielle) si le taux d’invalidité est compris entre 33% et moins de 66%, et IPT (Invalidité Permanente Totale) pour un taux compris entre plus de 66% et moins de 99% ;
- la garantie ITT (Incapacité Temporaire Totale de travail) qui couvre les arrêts de travail pour maladie ou accident dans la limite d’indemnisation de 1 095 jours.
Plus rarement, l’assurance permet une prise en charge si l’emprunteur se retrouve au chômage. La souscription à la garantie perte d’emploi est toutefois réservée aux personnes en CDI qui seraient victimes d’un licenciement économique.
Assurance emprunteur et déclaration de grossesse
Il paraît légitime de s’interroger sur l’implication de la grossesse sur l’assurance de prêt. Comment les assureurs prennent-ils en compte la grossesse ? Première chose importante à rappeler, être enceinte n’est pas une maladie.
La femme enceinte au moment de la souscription devra déclarer son état à l'assureur dans le questionnaire santé assurance de prêt immobilier. Ce formulaire ne comprend pas de mention explicite sur la grossesse ; il convient donc de faire une déclaration complémentaire par courrier, accompagné des justificatifs nécessaires. Le médecin-conseil de l’assureur pourra demander des examens médicaux supplémentaires s’il estime qu’il y a une élévation du risque (obésité, diabète ou hypertension par exemple).
En revanche, l’assureur ne pourra pas reprocher à l’assurée d’avoir dissimulé son état si cette dernière tombe enceinte postérieurement à la souscription.
Deuxième information importante, le congé légal de maternité, a fortiori le congé paternité, n’est pas couvert par l’assurance emprunteur. Le contrat d’assurance est un contrat aléatoire : le congé légal de maternité ne peut être indemnisé par l’assureur puisqu’il ne constitue pas un événement incertain. Sauf en cas de grossesse pathologique ou de grossesse à risque. Explications.
Assurance emprunteur et arrêt maladie grossesse
Est-ce qu’un arrêt maladie pour grossesse pathologique avant la date de congé légal de maternité est pris en charge par l’assurance emprunteur ? Pour qu’il y ait une indemnisation potentielle par l’assureur, l’emprunteur doit avoir souscrit la garantie ITT qui couvre les arrêts de travail. Il faudra vérifier les conditions d’indemnisation du contrat, car elles varient d’une assurance à l’autre.
Les assureurs mettent en place un délai de carence, qui court à partir de la date de souscription et prive l'emprunteur du bénéfice de la garantie. L’indemnisation ne peut commencer qu’à l’expiration de ce délai d’attente qui va de 1 à 12 mois selon les contrats. Le délai de carence s’applique uniformément sur toutes les garanties. À l’issue de ce délai, les garanties prennent effet. En cas de sinistre déclaré, intervient alors une autre période d’attente, le délai de franchise, qui court de 15 à 180 jours pour la garantie ITT. Dans cet intervalle, aucune indemnisation n’est possible.
Après délai de franchise, les échéances du prêt sont prises en charge dans les termes définis au contrat. Le remboursement est forfaitaire ou indemnitaire selon les modalités précisées dans les conditions générales. Il est rare qu’il couvre l’intégralité de la mensualité.
Grossesse : peut-il y avoir exclusion de garantie ?
Dans son rapport annuel 2022, le médiateur de l’assurance a évoqué le cas d’une assurée qui a mobilisé son contrat pour un arrêt de travail survenu au cours de sa grossesse, avant le congé légal de maternité.
L’assureur lui a refusé la prise en charge au motif que le contrat comportait la clause d’exclusion suivante : « Ne sont pas considérées comme une période d’incapacité, la période de grossesse couverte ou non par le congé légal de maternité tel que prévu par le code du travail ». L’assureur bénéficie en effet de la liberté contractuelle qui lui permet de déterminer librement l’étendue des garanties, sous réserve de la réglementation applicable. Une clause d’exclusion est considérée comme valable, si elle est formelle, limitée et mentionnée en caractères très lisibles (articles L.113-1 et L.112-4 du code des assurances), ce qui semble le cas de la clause mentionnée plus haut.
Cependant, l’assureur a enfreint l’article L.111-7 de ce même code des assurances qui interdit toute discrimination entre hommes et femmes depuis une directive européenne de 2004 : « Les frais liés à la grossesse et à la maternité n’entraînent pas un traitement moins favorable des femmes en matière de primes et de prestations ». La clause en question prévoyait qu’un arrêt de travail durant la grossesse ne pouvait constituer une ITT pouvant être prise en charge. Cela signifiait que seules les affections survenant en dehors de la grossesse pouvaient donner lieu à une indemnisation.
Le médiateur de l’assurance a retenu le caractère discriminant de cette clause qui opérait une différence de traitement entre femmes enceintes ou non, et entre hommes et femmes. Le principe d’égalité de traitement devant être respecté, la clause ne pouvait alors être opposée à l’assurée.