Le monde attend avec impatience la mise à disposition des vaccins anti-Covid pour envisager, enfin, une reprise plus sereine des activités. L'Europe négocie avec les laboratoires pour disposer de doses suffisantes et pouvoir vacciner à grande échelle. Quand et comment se fera l'accès aux futurs vaccins dans notre pays ? Quelles seront les personnes prioritaires ? Quel remboursement est prévu par la Sécu et les mutuelles ?
Quels vaccins anti-Covid ?
La Commission Européenne négocie au nom des 27 pays membres les conditions d'accès aux futurs vaccins anti-Covid 19 avec les laboratoires qui les développent. À ce jour, des accords d'achat anticipé ont été passés avec Pfizer-BioNTech, AstraZeneca, Sanofi-GSK, Johnson & Johson, Moderna et CureVac pour garantir la livraison de près de 2 milliards de doses. Cette négociation chapeautée par la Commission a permis d'obtenir des tarifs préférentiels.
Le vaccin conçu par Pfizer-BioNTech, basé sur la technologie ARN messager, serait facturé 18€ aux Européens contre 25€ la dose pour les USA, une information qui n'est pas officielle, puisque chaque labo cache jalousement à ses concurrents les conditions concédées à tel ou tel pays. Celui de Johnson & Johnson, de conception conventionnelle, coûterait 10 $ et celui d'AstraZeneca 4 $. Les États ont-ils réellement des marges de manœuvre pour négocier face aux dégâts sanitaires et économiques dus à ce virus depuis près d'une année ?!
Dans un souci d'efficacité, les États européens se sont engagés à ne pas négocier avec les entreprises contactées par Bruxelles, mais peuvent approcher d'autres laboratoires qui sont dans la course au vaccin anti-Covid. Le nombre de doses attribuées à chaque pays sera calculé au prorata du nombre d'habitants. La France compte quelque 67 millions d'habitants, soit 15% de la population européenne, elle recevra donc 15% des doses commandées par la Commission, ce qui représente environ 300 millions de doses. La politique vaccinale est laissée à l'appréciation de chaque État membre.
Quand pourra-t-on se faire vacciner ?
Les premières autorisations de mise sur le marché européen sont espérées pour la fin de l'année 2020, elles vont conditionner le calendrier vaccinal de chaque pays, qui devrait s'enclencher rapidement une fois que l'Agence européenne du médicament aura donné son aval. Après l'autorisation européenne, la France va activer son processus interne mis en place par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), mais contrairement aux procédures habituelles qui prennent de longs mois, le circuit de l'AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) va être considérablement accéléré, soulevant bon nombre de questions légitimes : quelle sera la durée de l'immunité fournie par tel ou tel vaccin ? Quels seront les éventuels effets secondaires ? La protection est-elle la même sur tous les sujets ? Quelle est la capacité des vaccins à limiter la contagion ? Combien de doses seront nécessaires par personne ?
Lors de son discours prononcé mardi 24 novembre, Emmanuel Macron a promis que la vaccination contre la Covid ne sera pas rendue obligatoire, suivant l’avis de la Haute Autorité de Santé. A priori, la France pourrait commencer à vacciner en février 2021, et cibler d'abord les personnels de santé et les personnes les plus fragiles, susceptibles de développer des formes graves de la maladie. La crise sanitaire actuelle est exceptionnelle, la campagne de vaccination contre la Covid-19 promet de l'être tout autant, du fait de l'ampleur de la population à vacciner sur une période limitée dans un contexte épidémique. Rappelons que le vaccin ARN messager doit être conservé à -70°, ce qui induit un problème de logistique.
L'avis de la HAS sera sans doute amené à évoluer au fil des mois et du retour d'expérience, ce qui permettra de privilégier tel vaccin plutôt qu'un autre sur telle ou telle population.
Quel prix pour le vaccin anti-Covid ?
Impossible de dire aujourd'hui quel montant chaque personne se faisant vacciner devra débourser. L'Assurance Maladie prend en charge certains vaccins et leur injection :
- vaccin : 65% du tarif conventionné, sur prescription médicale ;
- injection : 70% pour l'injection faite par un médecin ou une sage-femme, 60% si faite par une infirmère sur prescription médicale.
Certains vaccins sont remboursés à 100% comme le vaccin ROR pour les enfants jusqu'à 18 ans, ou le vaccin contre la grippe saisonnière pour les personnes à risques (patients en ALD, personnes de 65 ans et plus).
Le reste à charge est remboursé par la mutuelle dans le cas des vaccins obligatoires, la plupart des contrats complémentaires prévoyant une prise en charge des autres vaccins dans le cadre du forfait prévention.
On peut supposer que le vaccin anti-Covid sera lui aussi pris en charge par la Sécu. Plusieurs organismes d'assurance santé complémentaire ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils prendront en charge cette prestation dans la limite des plafonds prévus au contrat.