Le budget des Français est mis à rude épreuve en 2020 avec la crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis mars dernier. Une étude du comparateur Panorabanques met en lumière les difficultés financières des ménages français, pour qui le découvert bancaire semble être une pratique malheureusement courante en cette année particulière.
Baisse du pouvoir d'achat chez une majorité de Français
L'étude exclusive de Panorabanques*, leader de la comparaison des banques sur internet, s'est intéressée au pouvoir d'achat des Français en cette année inédite où le contexte économique dégradé fragilise la situation financière de bon nombre de ménages. 43% des personnes interrogées estiment que leur pouvoir d'achat s'est érodé en 2020, une proportion qui grimpe à 64% chez les personnes déclarant disposer d'un pouvoir d'achat faible. En dépit des difficultés financières et d'une large couverture médiatique sur les solutions mises en place, seulement 14% des ménages ont reporté des mensualités de crédit (immobilier et consommation).
La crise économique n'est pas ressentie de la même façon par les Français s’estimant bénéficier d’un pouvoir d'achat élevé : ils sont 21% à observer être encore plus à l’aise financièrement en 2020.
Découvert bancaire : de rouge à rouge vif
Et quand les fins de mois sont difficiles, le découvert bancaire est l'option choisie par bon nombre de ménages. 80% des Français bénéficient d'une autorisation de découvert et la pratique s'est généralisée en 2020, qu'on ait accès à ce service bancaire ou pas. Voici les autres chiffres à retenir :
- 51% des Français sont à découvert au moins une fois en 2020 et parmi eux, 9% n'ont pas d'autorisation de découvert ;
- parmi les personnes à découvert au moins un fois par an, 59% gagnent moins de 1 500€ par mois, et 43% disposent de 3 000€ mensuels ;
- 38% ont recours au découvert bancaire tous les mois, 30% une fois par trimestre et 32% une fois par an ;
- près de 50% dépassent la limite du découvert autorisé ;
- 35% des Français sont à découvert moyen de 100€ par mois ;
- 28% le sont en moyenne de plus de 300€ par mois ;
- les jeunes de 18-34 ans sont les plus touchés par le découvert, 61% y ont recours au moins une fois en 2020, 29% tous les mois ;
- 39% des seniors (plus de 66 ans) sont dans le rouge au moins une fois par an, dont 11% tous les mois.
61% des personnes à découvert chaque mois expliquent être dans le rouge en raison d'une situation financière globalement difficile. Ceux qui y ont eu recours une fois cette année ont dû faire face à une dépense imprévue (41%). Dans des proportions moindres, certains avouent avoir fait des achats déraisonnables (10%), mal gérer leur compte (13%) ou encore ne pas avoir été attentif (26%). 44% des personnes à découvert iront piocher dans leur épargne quand 46% attendront la prochaine rentrée d'argent.
Découvert bancaire : une pratique qui coûte cher
Les banques ne sont pas philanthropes, cela se saurait. Elles font payer cher un découvert, qu'il soit autorisé ou non. En moyenne, les frais de mise en place de l'autorisation de découvert sont facturés 10€ par an, puis viennent les frais d'utilisation, communément appelés agios : entre 7% chez les banques en ligne à plus de 15% pour les banques traditionnelles.
En ce qui concerne le découvert non autorisé, le curseur est poussé vers le haut :
- commissions d'interventions : 8€ par commission, plafonnées à 80€ par mois ;
- agios : entre 16% et le taux de l'usure (environ 21%) ;
- frais administratifs (lettre d'information pour compte débiteur non autorisé) : en moyenne 9,80€.
Ce sont les frais des commissions d’intervention plus que les agios qui augmentent considérablement le coût d’un découvert non autorisé.
Signalons que le taux de l'usure applicable au découvert en compte pour le dernier trimestre 2020 est fixé par la Banque de France à 14,53%, et non 21% comme l'indique Panorabanques dans son étude. Le taux légal le plus élevé pour ce type d'incident était de 14,56% en 2020 (3ème trimestre).
Selon les chiffres de Panorabanques, les Français paient en moyenne :
- 66€ par an de découvert dans une banque traditionnelle ;
- 4€ dans une banque en ligne.
Ces calculs ne prennent pas en compte les incidents de paiement (chèque sans provision, rejets de prélèvements ou de virement permanent, etc.) qui fragilisent encore plus les foyers concernés.
Interrogé par le journal Le Parisien sur les résultats de cette étude, Jean-Louis Kiehl, responsable du réseau national de lutte contre le surendettement Crésus, indique que le recours au découvert bancaire reste stable en 2020, les ménages ayant davantage concentré leur budget aux dépenses alimentaires qu'aux autres biens de consommation (magasins fermés). Il craint en revanche "des problèmes en cascade au printemps lorsque les dispositifs d'aide s'arrêteront". Selon lui, les personnes légèrement au-dessus du Smic et les primo-accédants détenteurs d'un crédit immobilier risquent de souffrir en 2021.
*Étude réalisée avec Poll&Roll du 23 au 28 octobre 2020 auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans et plus