Les taux d'intérêt des crédits immobiliers ont enfoncé un nouveau record en octobre après l’anecdotique hausse du mois de septembre. Ce niveau extrêmement bas facilite un allongement des durées de remboursement, sujet de préoccupation des autorités financières qui craignent un surendettement des ménages emprunteurs. Dans ce contexte favorable au plus grand nombre, les courtiers observent un durcissement des conditions d'accès au crédit de la part des banques.
Ça baisse encore !
C'est une rengaine depuis de nombreux mois. Les taux d'intérêts ont établi un nouveau record à la baisse en octobre dernier. Selon le baromètre mensuel de l'Observatoire Crédit Logement/CSA, les banques ont accordé en moyenne le taux inégalé de 1,13% (hors assurance et coût des sûretés). Le précédent record datait d'août (1,17%), septembre ayant augmenté d'un insensible petit point (1,18%). En janvier 2019, le taux moyen toutes durées confondues affichait 1,43%. 5 points de base en moins sur un mois, c'est peu mais significatif d'un contexte très particulier lié à la conjonction de plusieurs facteurs.
L'emprunt de l'État français sur 10 ans évolue toujours en territoire négatif et ce, depuis fin juin 2019. La France s'endette à des taux inférieurs à 0%, ce qui est préjudiciable aux épargnants mais bénéfique aux emprunteurs, puisque l'Obligation Assimilable au Trésor (OAT) sur 10 ans est l'indice de référence pour les taux fixes des crédits immobiliers aux particuliers. Ce rendement négatif de la dette souveraine oblige les banques à placer leurs liquidités ailleurs, en clair à prêter même si le crédit est aujourd'hui peu rémunérateur. Deuxième élément qui influence les conditions d'accès au crédit, la Banque Centrale Européenne a de nouveau réduit le taux des dépôts en octobre (-0,5% au lieu de -0,4%), pénalisant encore plus les établissements financiers qui souhaiteraient placer leur argent auprès d'elle. La BCE veut ainsi les encourager à prêter plus facilement aux entreprises et aux particuliers. Troisième facteur, la forte concurrence interbancaire profite aux emprunteurs. Le crédit immobilier est un produit d'appel pour les banques, qui pourront, sur la durée, vendre à des clients captifs d’autres produits avec une marge plus substantielle.
Les Français s’endettent trop longtemps
Emprunter, c'est s'endetter. Actuellement, on peut en douter si l'on tient compte de l'inflation. Son taux est tombé à 0,74% en octobre sur un an, la moyenne de l'année 2019 s'établit quant à elle à 1,08%. Un emprunteur qui réussit à décrocher pour son prêt immobilier un taux inférieur à celui de l'inflation, ce qui est actuellement courant pour les durées en-deçà de 20 ans, est gagnant. Il faut toutefois ajouter les coûts annexes et incompressibles d'un crédit, à commencer par l'assurance emprunteur. Cette dépense peut être minimiser en déléguant le contrat à un assureur externe à la banque. Grâce à l'intermédiation d'un courtier comme Magnolia.fr, à garanties égales, un emprunteur peut réduire de moitié voire plus le coût de son assurance. C'est d'ailleurs le seul levier d'économies réelles dans cet environnement de taux au plancher. Un gain de 0,10% sur le taux d'assurance équivaut à 0,20% sur le taux d'intérêts, de quoi légitimer, si besoin est, la négociation du contrat d'assurance.
Outre le niveau spectaculairement bas des taux d'emprunt, l'Observatoire remarque que les délais de remboursement demeurent historiquement longs. Le délai moyen s'est établi à 229 mois en octobre, soit un peu plus de 19 ans. Elles fluctuent à la hausse depuis le deuxième trimestre 2014 : à l'époque, on s'endettait en moyenne sur 200 mois, soit 16 ans et 8 mois. Difficile de ne pas faire la corrélation entre la baisse des taux et l'allongement de la durée des crédits immobiliers. Les deux sont liées, la première favorisant l'accès au crédit à des emprunteurs auparavant exclus pour cause d'endettement trop élevé. La part des prêts à l'habitat de plus de 25 ans est en progression depuis 2016. Elle représentait alors 21,2% de la production de crédits contre 40,8% pour les trois trimestres de l'année 2019. On constate néanmoins une lente diminution de la part des prêts les plus longs : les crédits à 25 ans et plus perdent 0,7 point en octobre par rapport à la situation observée au printemps dernier.
Les banques freinent l'accès au crédit
Est-ce là le signe d'un durcissement des conditions d'emprunt ? Les courtiers se font l'écho d'un tel phénomène. À quelles semaines du bilan, les banques semblent plus restrictives pour les profils les plus modestes, réservant leurs meilleures offres aux candidats les plus vertueux et les plus rentables. Selon les courtiers, le manque d'apport est désormais un motif de refus. Cette sélection plus fine en fin d'année s'explique par la simple logique comptable : la plupart des établissements ont atteint leurs objectifs annuels de production, et décident donc de réduire la voilure.
Cette politique fait écho aux craintes exprimées par le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF). Dans son diagnostic publié début octobre, l'institution estimait que "la profitabilité dégradée des crédits à l'habitat" contribue à "fragiliser le secteur". Une inquiétude partagée par le Comité Européen du Risque Systémique, conseil hébergé par la Banque Centrale Européenne, qui avait adressé fin septembre à cinq pays de la zone euro dont la France un avertissement sur les "vulnérabilités" de leur immobilier résidentiel. On est tout de même tenté d’y voir un paradoxe : on incite les banques, à coup de taux de dépôt dissuasif, à ouvrir les vannes du crédit, et l’on s’inquiète en parallèle que la machine tourne à plein régime. D'ici quelques jours, le HCSF clôturera la consultation sur le crédit immobilier engagée auprès des professionnels et des consommateurs, et dévoilera sans doute plusieurs recommandations pour contenir d'éventuelles dérives du crédit.