La France compte près de 5 millions de logements énergivores, appelées de manière triviale "passoires thermiques", une réalité dramatique pour certains habitants. A quoi ressemble ces logements qui ne répondent pas aux normes environnementales, alors que la France s'est engagée depuis 2015 dans l'objectif ambitieux de rénover l'ensemble du parc immobilier ?
Une performance thermique très médiocre pour 4,8 millions de logements
Selon une enquête du SDES (Service des Données et Études Statistiques), une antenne du ministère de la Transition Écologique, notre pays compte 4,8 millions de logements qualifiés de passoires thermiques, soit 17% des 29 millions de résidences principales recensées au 1er janvier 2018. Une estimation réalisée en 2013 chiffrait la part de passoires thermiques à 31% du parc immobilier, aussi bien privé que social. Pas de quoi se réjouir de cette minoration, car le nombre reste impressionnant, et la tâche titanesque pour améliorer le rendement énergétique, a fortiori le confort, de ces logements.
Une passoire thermique est une habitation classée F ou G sur l’échelle du DPE, le fameux Diagnostic de Performance Énergétique qui attribue une étiquette allant de A à G en fonction de la consommation d’énergie primaire du logement. Dans ce classement, le meilleur rendement A est en vert, le pire, G, en rouge. Pour mémoire, le DPE doit obligatoirement figurer sur toutes les annonces de location et de vente de logements. Le vendeur doit par ailleurs l'intégrer dans le Dossier de Diagnostic Technique remis au futur acheteur.
Dans son rapport, le SDES évalue à 1,9 millions les logements peu énergivores (étiquettes A et B du DPE), soit 6,6% du parc des résidences principales. À l'autre bout du spectre, 4,8 millions de logements écopent du plus mauvais classement (F et G). Entre les deux, 34,21% d'habitations avec l'étiquette D et 24,43% avec l'étiquette E, des résultats qui témoignent de la médiocrité du parc immobilier français.
Étiquettes DPE |
Nombre de logements |
Pourcentage |
A |
519 791 |
1,82% |
B |
1 370 423 |
4,79% |
C |
5 161 098 |
18,03% |
D |
9 791 445 |
34,21% |
E |
6 992 731 |
24,43% |
F |
3 076 042 |
10,75% |
G |
1 708 818 |
5,97% |
Quelles sont les passoires thermiques ?
Plusieurs facteurs influent sur les performances énergétiques des logements :
- la date de construction : une majorité de logements classés F ou G ont été construits avant 1948 ;
- la taille : près de 20% des petites surfaces (moins de 30m2) sont classées F et 16,01% G ;
- la localisation : surreprésentation des régions montagneuses et rurales (lire plus bas) ;
- le caractère individuel ou collectif de l'habitat : parmi les habitations les moins vertueuses, les maisons individuelles arrivent devant les appartements (12,05% en F et 6,36% en G) ;
- le statut d'occupation : propriétaire ou locataire (lire plus bas).
L'énergie de chauffage est un élément clef. 54% des logements chauffés à l'électricité consomment plus de 330 kWh/m2/an d'énergie primaire (classes F et G) contre 16% des logements chauffés au gaz. La forte prévalence du chauffage collectif au gaz explique pourquoi le parc social est moins énergivore que le parc privé.
Où se situent les passoires thermiques ?
Département par département, le rapport évalue également le pourcentage de logements très énergivores. Les zones montagneuses ou/et rurales arrivent en tête. Dans le Cantal, la Creuse et la Nièvre, la part de passoires thermiques oscille entre 47% et 41% du parc immobilier. Elle se situe entre 37% et 30% en Haut-Loire, en Lozère, dans les Vosges, en Haute-Saône, dans la Meuse ou encore dans les Hautes-Alpes. À l'opposé, les régions où la part de logements gros consommateurs d'énergie est la plus faible (entre 6% et 8%) sont : les Landes, les Pyrénées Atlantiques, le Var, le Gard, les Pyrénées Orientales, l'Hérault, les Alpes-Maritimes, la Haute-Garonne et les Bouches-du-Rhône, toutes situées sur le pourtour méditerranéen et la côte sud-ouest Atlantique.
Qui occupe les passoires thermiques ?
Les locataires du parc privé sont les premiers à pâtir de ces logements classés F ou G : 22,8% contre 7,1% des locataires du parc social. 16,8% des propriétaires occupent des logements énergivores. Sur l'ensemble des occupants de ces logements, 19,3% appartiennent au 1er quintile et 17,6% au deuxième, avec une forte proportion de locataires du parc privé (27,8% du 1er quintile et 21,7% du deuxième) et de propriétaires du 1er et 2ème quintiles (23,3% et 20,6%). La prédominance de ces deux premiers quintiles de revenus est bien la preuve que la rénovation des logements est une question de moyens financiers.
Les dispositifs à la rénovation énergétique
L'argent, le nerf de la guerre. Dans l'annonce de son plan massif de relance, le gouvernement prévoit de consacrer quelque 30 milliards d'euros pour les investissements verts dont 6,7 milliards à la rénovation énergétique des bâtiments. Actuellement, il est bien difficile de s'y retrouver parmi les dispositifs d'incitation à la rénovation des logements. Entre les aides publiques et celles distribuées à l'échelon local par les collectivités, un propriétaire ou un locataire doit s'armer de patience et d'obstination pour savoir à quel dispositif il est éligible.
La simplification arrive avec MaPrimRénov', aide tout juste lancée en janvier 2020. Pour l'heure réservée aux propriétaires modestes occupant leur logement à titre de résidence principale, elle s'adressera sans conditions de ressources à partir de janvier 2021, également aux propriétaires bailleurs et aux syndics de copropriété. La nouvelle mouture de MaPrimRénov’, qui sera connue d’ici le 1er octobre 2020, prévoit un bonus financier pour les maisons individuelles passoires thermiques. Les foyers avec des revenus supérieurs peuvent encore bénéficier du CITE (Crédit d'Impôt pour la Transition Énergétique) jusqu'à fin 2020.