La hausse vertigineuse des taux d’emprunt laissait supposer le début d’une correction des prix immobiliers. On y est ! Les prix des logements anciens commencent à baisser dans les plus grandes villes de France selon les dernières données de Meilleursagents. Le phénomène est révélateur d’une crise profonde du marché immobilier, marquée par les difficultés d’accès au crédit et la réelle absence d'une politique du logement volontariste.
Baisse générale des prix immobiliers dans les grandes villes
Selon une étude de Meilleursagents, leader des prix immobiliers et de l’estimation en ligne, réalisée pour le journal Les Échos, les prix de l’immobilier ancien accusent une baisse dans quasiment toutes les plus grandes villes françaises. La correction annuelle va de -0,5% (Strasbourg) à -8,4% (Lyon). Seules Nice, Marseille et Toulouse affichent des valeurs positives. Hormis Strasbourg où les prix repartent à la hausse sur un mois, le mouvement reste le même entre juillet et août 2023, qu’il soit haussier ou baissier.
|
Prix moyen m2 au 1er août 2023 (maisons et appartements) |
Évolution des prix sur un mois |
Évolution des prix sur un an |
Paris |
10 078€ |
0% |
-4,5% |
Nice |
5 237€ |
+0,6% |
+6,2% |
Lyon |
5 036€ |
-1% |
-8,4% |
Bordeaux |
4 830€ |
-0,7% |
-7,3% |
Rennes |
4 214€ |
-0,1% |
-2,4% |
Nantes |
4 029€ |
-0,8% |
-3,3% |
Strasbourg |
3 978€ |
+0,4% |
-0,5% |
Marseille |
3 858€ |
+0,7% |
+2,5% |
Toulouse |
3 768€ |
+0,8% |
+2% |
Montpellier |
3 675€ |
-0,4% |
-1,3% |
Selon la dernière note de conjoncture des Notaires de France, les prix de l’immobilier ancien à l’échelle nationale diminueraient de 1% sur un an à fin juillet 2023 (sur la base des avant-contrats) et le nombre de transactions annuelles est en repli de 12,6% à fin mai 2023. Pour contraster l’évolution des prix, précisons qu’ils résistaient encore en province à fin juillet, avec une progression annuelle de +0,2% (+1,2% pour les appartements et -0,2% pour les maisons). C’est particulièrement le cas des zones littorales qui bénéficient toujours de leur attractivité naturelle.
En Île-de-France, l’ajustement des prix est plus marqué en raison de la dégradation de l’activité et la baisse de la demande (-4,8% pour les appartements et -3,2% pour les maisons). On est encore loin des corrections observées durant la crise des subprimes en 2009 où la baisse annuelle avoisinait les 10%. À Paris, le prix moyen du mètre carré devrait redescendre sous la barre de 10 000€ au cours de ce troisième trimestre, ce qui reste le double du prix des deuxième et troisième marchés les plus chers de France (Nice et Lyon).
Accès au crédit immobilier : les primo-accédants exclus
L’ajustement des prix, attendu pour contenir la crispation du marché, arrive enfin, mais de manière disparate comme observé plus haut. Ces dernières années, les prix ont été dopés par les taux d’emprunt historiquement et anormalement bas. La phase de normalisation s’installe dans une période de remontée constante des taux d’intérêts, mais exclut du marché une partie de la clientèle.
Le recours au crédit de plus en plus difficile remanie le panel d’acquéreurs potentiels. Les primo-accédants font les frais de cette situation. Généralement peu dotés en apport personnel et en épargne de précaution, ils présentent aussi des niveaux de revenus insuffisants pour accéder à la propriété dans ce contexte de renchérissement du crédit bancaire. À salaire identique, la capacité d’emprunt a reculé de près de 30% depuis janvier 2022. Les plus volontaires doivent profiter au plus vite du PTZ 2023, car la version 2024 ne sera accessible qu’au logement neuf en habitat collectif, excluant de fait les maisons individuelles.
Marché immobilier en net repli
Selon les prévisions des notaires, l’année 2023 pourrait totaliser 950 000 transactions dans l’ancien, contre 1,13 million en 2022, deuxième millésime le plus dynamique de l’histoire du marché immobilier après 2021 (1,2 million). La décélération est donc sévère. Les signes de ralentissement étaient déjà visibles au cours du second semestre 2022 face à la franche remontée des taux. En 2022, le prix moyen de la pierre avait augmenté de 4,2%, les villes moyennes et les zones rurales tirant le marché vers le haut suite au changement de comportement des acheteurs après la période Covid.
L’année 2022 s’était achevée avec des taux d’emprunt sous la barre des 3% (hors assurance de prêt immobilier et frais de garantie). Aujourd’hui, on frôle les 4% sur 20 ans et la cible des 5% sera probablement atteinte début 2024.