En plein débat parlementaire sur le projet de loi de finances 2023, de nombreux professionnels de l'immobilier s'interrogent sur l'avenir du Pinel et du PTZ. Des menaces pèsent sur ces deux dispositifs, le premier destiné aux investisseurs locatifs, le second aux primo-accédants de la résidence principale. L'immobilier sera-t-il une nouvelle fois le parent pauvre des mesures budgétaires ?
Le Pinel sur la sellette
La loi de finances 2022 a prévu de prolonger le dispositif d'investissement locatif en loi Pinel jusqu'au 31 décembre 2024, alors qu'il devait être supprimé initialement fin 2021. Toutefois, les conditions d'accès au Pinel évoluent, avec une décroissance de l'avantage fiscal à partir de janvier 2023, sauf pour les biens acquis à hauts critères environnementaux.
Pour mémoire, ce dispositif permet de louer des logements neufs non meublés à loyers plafonnés, pour des locataires respectant les conditions de ressources et utilisant le logement au titre de résidence principale. Le Pinel a été recentré aux seules zones tendues (A, A bis et B1), celles où la demande excède l'offre locative.
À compter de 2023, pour espérer bénéficier d'une réduction d'impôt à taux plein (jusqu'à 21% du prix d'achat pour un engagement locatif de 12 ans), le logement devra respecter divers critères :
- être situé dans un quartier prioritaire de la politique de la commune ;
- afficher un niveau de performances énergétiques et environnementales supérieures au seuil fixé par la réglementation en vigueur ;
- respecter une surface minimale par typologie.
Tous ces critères sont à prendre au conditionnel, car le législateur a l'art de se dédire s'agissant des finances publiques. Un amendement au projet de loi de finances 2023 déposé par les députés du groupe Renaissance (ex-LREM) préconise l'extinction anticipée du Pinel fin 2023, quelle que soit sa forme.
Les organisations professionnelles du bâtiment jugent le projet dangereux, alors que le pays vit une crise du logement, ou plutôt du prêt immobilier, dans un contexte marqué par la hausse des taux d'intérêt et l'impasse des taux d'usure 2022. La moitié de la construction de logements neufs dépend du Pinel. L'extinction du dispositif serait un énorme manque à gagner pour l'État (en matière de TVA notamment), au-delà d'entraîner la perte de milliers d'emplois.
Le PTZ raboté
Créé en 1995, le prêt à taux zéro ou PTZ est accordé, sous conditions de ressources, aux ménages pour financer une partie de l'acquisition de leur première résidence principale dans le neuf ou, à partir de 2005, dans l’ancien. En 2018, le PTZ a été recentré sur les zones A, A bis et B1 pour l'achat d'un logement neuf et sur les zones B2 et C pour l'achat d'un logement ancien à rénover. Sur ces deux dernières zones, le PTZ neuf a toutefois été conservé, mais avec une quotité de prêt réduite de moitié (20 % au lieu de 40 % du montant de l’opération). Depuis 2020, l’octroi du PTZ dans l’ancien est conditionné au respect d’un critère de performance énergétique minimale après travaux.
La loi de finances pour 2022 a prorogé la distribution du PTZ jusqu’au 31 décembre 2023. Mais un amendement au projet de loi de finances 2023, toujours à l’initiative du groupe Renaissance, entend réduire l'octroi du PTZ aux logements répondant à des critères environnementaux élevés qui seraient précisés par décret d'ici juin 2023. Le texte souhaite en outre et surtout supprimer le PTZ en zones B2 et C, soit environ 80% du territoire hexagonal. Là encore, cette mesure, si elle est votée, risque de porter un coup fatal au marché immobilier.
À la faveur de la baisse des taux d'emprunt, le PTZ avait perdu de son attrait. De 350 000 PTZ distribués en 2011, le chiffre est tombé à 70 000 unités par an. Avec des taux historiquement bas, autour de 1% sur 20 ans fin 2021, le PTZ avait peu d'intérêt financièrement, mais la remontée des taux depuis mars dernier, suivie d’un nouvelle hausse des taux en octobre 2022, change la donne.
Le PTZ s'est révélé efficace pour faciliter l'accession à la propriété des ménages modestes en diminuant le coût global du crédit immobilier et en autorisant un différé d'amortissement jusqu'à 15 ans. Dans de nombreux cas, le bien acquis via un PTZ est revendu avant le début du remboursement. Avec des taux d'emprunt au-delà de 2% sur 20 ans, le PTZ permet actuellement de diminuer significativement son taux d'endettement.
La suppression programmée du PTZ en zones non tendues va pénaliser la primo-accession, déjà sanctionnée par les surcoûts liés aux nouvelles normes environnementales RE2020 et à l'augmentation des prix des matériaux de construction.