Un amendement au projet de loi de finances rectificative pour 2022 prévoit de doubler le montant du déficit foncier imputable sur les revenus. Cette mesure devrait plaire aux propriétaires bailleurs, lourdement incités, sous peine d'interdiction de louer, à rénover leurs logements. En sous-titre, il s'agit de recentrer le dispositif d’aide MaPrimRénov’, accusé par les parlementaires de ne pas toucher sa cible, à savoir les biens énergivores.
Soutenir la rénovation énergétique du parc locatif
Adopté la semaine dernière, le projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2022 prévoit d’augmenter de 29 millions d’euros le budget alloué à MaPrimRénov’, qui atteint ainsi 2,45 milliards d’euros. Portée par Les Républicains, cette mesure vise à améliorer le principal dispositif permettant d’économiser grâce à la rénovation énergétique, aujourd’hui décrié pour sa maigre efficacité : selon les chiffres de la Cour des comptes, seulement 2 500 logements auraient changé de classe énergétique, alors que l’objectif était de rénover quelque 80 000 passoires thermiques.
L’amendement qui rallonge le budget de MaPrimRénov’ vise à corriger les ratés d’un dispositif, dont le succès n’est pas remis en cause, mais victime de couacs à répétition et incapable d’éradiquer à grande vitesse les passoires thermiques, à savoir les logements classés F et G sur l’échelle du DPE. Il faut en moyenne entre 40 000€ et 50 000€ pour une rénovation globale permettant à un logement énergivore d’afficher une classe plus vertueuse, loin des 3 200€ versés en moyenne par dossier MaPrimRénov’.
Dans sa note d’exécution budgétaire 2021, la Cour des comptes constate le non-décollage de MaPrimRénov’ pour les propriétaires bailleurs, alors que l’accompagnement financier de ces publics sur lesquels pèsent les interdictions progressives de location à partir de janvier 2023 est un enjeu majeur.
Doubler le déficit foncier
En lien avec ce soutien à la rénovation énergétique du parc locatif privé, le PLFR 2022 contient un amendement visant à doubler le déficit foncier imputable sur les revenus. Aujourd’hui, le montant du déficit foncier peut réduire l’impôt dans la limite de 10 700€, le déficit excédent pouvant être imputable sur les revenus fonciers des dix années suivantes.
Ce seuil de 10 700€ est efficace pour encourager les propriétaires bailleurs à rénover leurs biens mais insuffisant pour mener des travaux d’envergure. Et sans rénovation énergétique, ce sont des milliers de logements qui sortent potentiellement du parc locatif en vertu de l’application de la loi Climat qui interdit progressivement à la location les passoires thermiques à compter de janvier 2023. L’amendement porté également par les élus Républicains prévoit de rehausser le déficit foncier imputable sur les revenus à 21 400€.
Ce doublement du déficit foncier est conditionné à la réalisation de travaux de rénovation permettant à un logement loué considéré comme une passoire thermique (classe E, F ou G) d’atteindre une meilleure classe (classes A à D). Les travaux seront précisés par décret. Cette mesure s’appliquera aux dépenses de rénovation énergétique payées entre le 1er janvier 2023 et le 31 décembre 2025, en cohérence avec le calendrier d’interdiction de mise en location des passoires thermiques. Pour éviter un effet d’aubaine, seuls seront retenus les devis de travaux acceptés à compter du 5 novembre 2022.
Définition du déficit foncier
Pour rappel, le déficit foncier est applicable uniquement à la location non meublée, sous réserve que le bailleur ait opté pour le régime d’imposition au réel. Il peut alors déduire ses charges de ses revenus fonciers et déclarer un déficit quand les charges sont supérieures aux revenus. Ce déficit peut ensuite être déduit du revenu global et permettre de diminuer le montant de l’impôt.
Peuvent être déduites des revenus fonciers les charges suivantes :
- les frais de gestion et d’administration du bien
- les impôts liés au logement et non récupérables auprès du locataire (taxe foncière)
- les dépenses d’entretien, de réparation et de rénovation hors travaux de construction, de reconstruction ou d’agrandissement
- les provisions pour charges de copropriété
- les charges locatives (eau, électricité, gaz, etc.)
- l’indemnité d’éviction ou de relogement d’un locataire
- les primes d’assurance dont l’assurance emprunteur
- les intérêts et les frais du prêt immobilier ayant financé l’achat du logement.
À noter que les intérêts d’emprunt doivent être déduits en priorité du revenu foncier, avant déduction des autres charges, car ils ne peuvent pas être déduits du revenu global.