Le Diagnostic de Performance Énergétique est désormais incontournable dans la nouvelle réglementation sur les ventes de logements. Les biens énergivores ne pourront plus être loués à compter de janvier 2023, ce qui entraîne un afflux de passoires thermiques sur le marché immobilier. PriceHubble, portail d'estimation et de conseil en immobilier résidentiel, a mis en place un outil qui évalue les effets d'une bonne ou mauvaise note énergétique sur le prix de vente.
Qu'est-ce qu'une passoire thermique ?
Instauré en 2006, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) classe les logements selon 7 étiquettes, de la A pour les biens pour les plus vertueux, dans l'immense majorité des logements neufs, à la G pour les biens les plus gros consommateurs d'énergie. Ces derniers, comme les biens de la classe F, sont considérés comme des passoires thermiques, un terme un peu cavalier pour désigner un logement avec une consommation de chauffage ou de climatisation excessive.
À cause des ponts thermiques, d'une mauvaise isolation et/ou d'un vieil équipement qui ne répond pas aux normes, ces logements coûtent cher à leurs occupants, et à la collectivité et à la planète pour leur empreinte carbone.
Le gouvernement mène une politique de lutte contre les passoires thermiques en encourageant la rénovation énergétique, via MaPrimRénov', aide financière mise en place en janvier 2021 à destination des propriétaires occupants ou bailleurs. Depuis le 1er juillet 2022, elle peut être cumulée avec l'éco-prêt à taux zéro, un prêt travaux sans intérêt qui permet le financement du reste à charge induit par la prime publique.
Pour les propriétaires qui louent un logement, le compte à rebours est lancé. À compter de janvier 2023, les biens classés G sur l'échelle du DPE, soit une consommation d'énergie supérieure à 450 kWh/m2 par an, ne pourront plus être proposés à la location. Ce sera au tour des étiquettes F en 2025 et des étiquettes E en 2034.
Sur les 29 millions de logements en métropole, entre 4,9 et 7,2 millions sont considérés comme des passoires thermiques (étiquette F ou G), soit entre 17% et 24% du parc résidentiel, ce qui illustre la marge de progression pour arriver à un parc vertueux en termes de consommation d’énergie.
DPE et vente immobilière : quelle réglementation ?
Toute vente immobilière est par ailleurs soumise à la réalisation d'un DPE depuis novembre 2006. Une obligation qui revêt un caractère opposable et non plus seulement informatif depuis juillet 2021. En clair, le propriétaire du bien mis en vente, ainsi que le diagnostiqueur, le notaire, voire l'agent immobilier impliqué dans la vente, sont juridiquement responsables des informations utilisées. Ce n'est pas tout !
A compter du 1er septembre 2022, la réalisation d'un audit énergétique réglementaire, en complément du DPE, sera obligatoire pour toute vente de logements classés F ou G (janvier 2025 pour les biens classés E et janvier 2034 pour les biens classés D). Cet audit apporte des informations complémentaires au DPE pour orienter l'acheteur dans ses travaux de rénovation.
Boom des mises en vente de passoires thermiques
Cette pression réglementaire pousse de plus en plus de propriétaires de passoires thermiques à s'en débarrasser rapidement plutôt qu'à les rénover. Le nombre de transactions de logements énergivores a nettement augmenté en 2021. Selon une étude conjointe de MeilleursAgents et SeLoger, leur part a crû de près de 10% l'an dernier. Les biens immobiliers classés F ou G représentaient 12,9% des offres de vente et des transactions sur ces deux plateformes en 2021.
L'accélération porte davantage sur les maisons que sur les appartements. La proportion des maisons énergivores dans les annonces immobilières passe de 11,4% en 2019 à 14% en 2021 ; celles des appartements mauvais élèves au DPE de 9,4% à 10,5%. En 2021, les mises en vente de maisons énergivores ont fait un bond de 7,3% et à Paris, la hausse est spectaculaire, avec 34,3% de hausse de biens mal classés sur un an.
Toutes les informations du DPE pèsent inévitablement sur le prix de vente. En raison des travaux qu'il devra engager pour rendre le logement vertueux et confortable, l'acquéreur peut négocier le prix à la baisse. Dans quelle proportion ?
Impact du DPE sur le prix de vente
La start-up PriceHubble, spécialiste de l'estimation et de l'analyse du marché immobilier résidentiel, aide les banques et les investisseurs institutionnels à mesurer l'incidence du DPE sur le prix de vente des logements qu'ils financent via le prêt immobilier ou qu'ils achètent. L'outil prend en compte la performance énergétique des logements et permet d'évaluer l'éventuelle décote que subit un bien mal classé.
Selon plusieurs simulations que PriceHubble a réalisées pour le journal Le Figaro, il apparaît que la classe énergétique a peu d'impact sur le prix de vente d'un appartement à Lyon ou à Paris : la décote d'un logement D par rapport à un logement B est respectivement de 2,05% et 2,11% ; de G à B, le prix se contracte de 2,54% et 2,56%.
Pour les maisons, le rabais est plus significatif. Sur la base d'un bien similaire à Boulogne-Billancourt, Lille, Montpellier ou Quimper (150m2 habitables, 5 pièces et 300m2 de terrain), la décote oscille de 3,11% à 3,19% entre les étiquettes D et B, et de 8,64% à 8,80% entre les étiquettes G et B.
La start-up explique la moindre incidence du DPE sur les prix des appartements par les difficultés de mise en œuvre de la rénovation thermique dans les copropriétés, à l'inverse des maisons où la différence de performance énergétique est bien intégrée dans le prix et permet de négocier plus aisément.