Les vendeurs ont la main ! Avec une hausse moyenne des prix des logements anciens de 7,4% sur un an, le pouvoir d'achat immobilier souffre, même si les taux d'emprunt restent à un niveau plancher. Cette moyenne cache des disparités, aussi bien régionales que par type de bien. Les maisons sont les gagnantes de cet engouement pour la pierre, renforcé en temps de pandémie.
Prix des logements : la hausse s'accentue
Selon les derniers indices des Notaires et de l'Insee, la hausse des prix des logements anciens s'est poursuivie au cours du troisième trimestre 2021 et ce, de manière plus prononcée pour la province que pour la région francilienne. Les valeurs ont gagné 2% par rapport au deuxième trimestre, après +1,9% et +1,2% aux trimestres précédents. Les prix accélèrent, avec une progression de 7,4% sur un an, contre +6,3% et +6% sur les épisodes précédents.
La hausse est nettement plus marquée pour les maisons que pour les appartements comme en témoigne le tableau ci-dessous :
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Variations en % au cours des |
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3 derniers mois |
12 derniers mois |
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T1 2021 |
T2 2021 |
T3 2021 |
T1 2021 |
T2 2021 |
T3 2021 |
Ensemble |
1,2 |
1,9 |
2,0 |
6,0 |
6,3 |
7,4 |
Appartements |
0,8 |
1 ,5 |
1 ,4 |
5,1 |
4,9 |
5,2 |
Maisons |
1,5 |
2,2 |
2,4 |
6,6 |
7,3 |
9,0 |
Sources Insee, Notaires du Grand Paris et Notaires de France
Des disparités existent également entre les régions, avec, toujours, une tendance favorable aux maisons. En Île-de-France, les prix des logements anciens augmentent en moyenne de 4% sur un an ; là encore, la hausse est plus nette pour les maisons (+7%) que pour les appartements (+2,5%), une première depuis 2016. Dans la capitale, marché à part s'il en est, les prix des appartements repartent à la hausse après deux trimestres de recul (+0,8%) et sont stables en comparaison annuelle. La province tire profit de la pandémie et voit l'appétit des Français pour la pierre s'orienter davantage vers les communes limitrophes des grandes métropoles et les zones rurales.
Sur un an, les prix des logements anciens en province gagnent +8,8% et là aussi, les maisons séduisent plus volontiers les acheteurs, ce qui entraîne un déséquilibre offre/demande à la faveur des vendeurs : il faut dépenser 9,4% de plus pour acquérir une maison au troisième trimestre 2021 par rapport au troisième trimestre 2020. L'inflation des prix des appartements est également notable, à +7,5% sur un an. C'est en région Auvergne-Rhône-Alpes que la flambée des prix des maisons est la plus forte , à +10,9%.
Volume record de transactions
La hausse des prix des logements ne dissuade pas les acheteurs. Le volume annuel de transactions a de nouveau augmenté en septembre à 1 208 000, après 1 156 000 en juin, en hausse de 23% sur un an. Rapportées au nombre de logements en stock, qui augmente d'environ 1% par an, les ventes dépassent depuis 2016 le niveau observé au début des années 2000.
Ces volumes historiquement élevés s'expliquent par le fort dynamisme du marché depuis la fin du premier confinement et la mise en place de boucliers économiques et sociaux qui ont permis aux Français de concrétiser leur projet immobilier. Contrairement à la légende urbaine, les citadins ne fuient pas la grande ville, même si l'on observe un changement dans les comportements immobiliers, comme indiqué plus haut. Les Français qui peuvent s’organiser en télétravail et s’installer ailleurs sont encore marginaux, l’emploi étant encore le facteur déterminant dans la décision d’acheter un logement. Le tassement des prix dans les grandes agglomérations trouve son origine dans la mobilité accentuée vers les communes périphériques où le foncier est très nettement moins cher.
Pouvoir d'achat immobilier en hausse
La hausse significative des prix immobiliers doit toutefois être relativisée. Une récente étude du site Meilleursagents nous apprend que le pouvoir d'achat immobilier est depuis cinq ans à son plus haut niveau de l'histoire de la Vème République ! Les Français peuvent acheter plus grand qu'il y a 50 ans.
Pour un revenu médian de 2 525€, un ménage peut aujourd'hui acquérir une surface supérieure à 60m2. Selon le revenu médian de la période concernée, il était possible d'acheter 35m2 au début des années 1990 et seulement 24m2 en 1982, soit la capacité d'achat la plus faible. À l'époque, le taux d'intérêt nominal atteignait son plus haut niveau à 18% !
Actuellement, les taux tournent autour de 1,05% sur la durée classique de 20 ans. Les meilleurs dossiers peuvent obtenir une décote et décrocher un taux à 0,70% sur cette maturité. Si la tendance est à la hausse, consécutivement à la reprise de l'inflation et à l'évolution de l'emprunt d'État obligataire sur 10 ans (OAT 10 ans), les valeurs restent historiquement basses et facilitent l'accès à la propriété malgré l'envolée des prix des logements. Cette remontée des taux d'emprunt est aussi conjoncturelle. Avec l'approche du bilan et des fêtes, les banques souhaitent calmer le jeu avant de relancer la machine commerciale en janvier.