À quelques jours du gong, les notaires ont dévoilé leur bilan immobilier prévisionnel de l’année 2022. Si le nombre de transactions reste très élevé, les professionnels soulignent les difficultés éprouvées par les ménages emprunteurs durant ce millésime hors normes. L’occasion est donnée de faire des pronostics pour 2023.
Plus d’un million de ventes immobilières
Alors que les nuages se sont amoncelés au-dessus de la tête des ménages emprunteurs, le volume des transactions immobilières est resté important en 2022. Après une année 2021 qui a explosé tous les records avec près de 1,2 million de ventes dans l’ancien, rien ne laissait présager que 2022 pouvait rivaliser, entre la remontée significative des taux d’intérêts et la problématique de l’usure qui a bloqué le marché ces derniers mois.
Sur la base des avant-contrats, les notaires chiffrent à un peu moins de 1,1 million d’affaires pour cette année, ce qui est « exceptionnellement élevé ». À fin septembre sur un an, le nombre de transactions réalisées était de 1 133 000.
2020 et 2021 avaient été marquées par une orientation des ventes davantage portée sur les villes moyennes et les zones rurales suite à la crise sanitaire du Covid-19, dans un environnement de taux historiquement bas. Pour mémoire, le taux moyen sur 20 ans titrait 1% (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) à l’automne 2021, ce qui a facilité l’accès au crédit immobilier en dépit des règles d’octroi imposées aux banques (taux d’endettement limité à 35% des revenus nets et durée de remboursement plafonnée à 25 ans).
Baisse des prix immobiliers : pas pour tout de suite !
S’il se maintient un niveau élevé, le volume des transactions dans l’immobilier ancien s’est toutefois contracté, perdant 5,4% sur douze mois à fin septembre. La décélération s’est accentuée en septembre et octobre, "accompagnée par des délais de vente plus longs, signe d’un ralentissement un peu plus prononcé de l’activité immobilière dans les mois à venir".
Les acheteurs commencent à faire défaut mais les prix de l’immobilier ancien sont toujours orientés à la hausse. Après des progressions moyennes de 6,6% en 2020 et de 5,3% en 2021, les notaires indiquent que l’indice des prix s’est établi à 4% en France métropolitaine sur un an au T3 2022. Le tableau ci-dessous entre dans le détail et illustre la dichotomie entre la province et la région Île-de-France.
|
Prix médian m2 appartements |
Évolution sur un an |
Prix média m2 maisons |
Évolution sur un an |
Paris |
10 590€ |
-1% |
485 600€ |
+2,1% |
Lyon |
5 100€ |
+0,8% |
439 000€ |
+7,3% |
Bordeaux |
4 640€ |
+0,7% |
388 100€ |
+2,9% |
Nice |
4 380€ |
+5,5% |
590 400€ |
+11,4% |
Nantes |
3 950€ |
+2,4% |
370 000€ |
+6,3% |
Lille |
3 810€ |
+1,8% |
233 000€ |
+5,9% |
Rennes |
3 780€ |
+6,9% |
414 400€ |
+7,5% |
Strasbourg |
3 430€ |
+6,4% |
385 500€ |
+12% |
Montpellier |
3 260€ |
+6,9% |
415 100€ |
+8,4% |
Toulouse |
3 240€ |
+1% |
327 200€ |
+4,2% |
Marseille |
2 990€ |
+7,1% |
398 000€ |
+10,6% |
Dijon |
2 540€ |
+5,7% |
278 200€ |
+7,8% |
Orléans |
2 530€ |
+6,4% |
233 400€ |
+5,1% |
Grenoble |
2 520€ |
+5% |
371 100€ |
+6% |
Reims |
2 450€ |
+3,2% |
253 500€ |
+3,3% |
Toulon |
2 420€ |
+4,4% |
450 000€ |
+5,4% |
Le Havre |
2 130€ |
+7,9% |
206 000€ |
+4,8% |
Saint-Étienne |
1 170€ |
+5,5% |
228 000€ |
+6% |
Source Notaires de France
L’engouement pour les périphéries des grandes agglomérations et les communes de taille moyenne n’a que peu faibli en 2022, et l’appétit renforcé pour les maisons est toujours de mise, comme en témoignent l’augmentation marquée des prix dans la plupart des métropoles. Le match ville ou campagne est toujours d'actualité. Cependant, en comparaison avec la phase Covid, les notaires observent moins de déménagements pour changer de cadre de vie. L’épisode télétravail serait-il refermé ?
Seule Paris voit les prix des appartements baisser, certes, dans une moindre mesure avec un repli de 1%, mais la capitale étant habituée à battre chaque année le record du prix du mètre carré, le phénomène mérite d’être signalé. Sur le segment des maisons, l’évolution excède les 10% à Marseille, Nice et Strasbourg.
Le ralentissement des valeurs est enclenché mais la baisse des prix en 2023 pourrait se faire attendre. Les notaires restent prudents dans leurs pronostics compte tenu d’une situation macro-économique et d’un contexte géopolitique pour le moins incertains, tout en précisant que les acheteurs ont repris la main et négocient davantage les prix.
Les projections sur un an au T4 2022 sont les suivantes :
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France métropolitaine |
Province |
Île-de-France |
Appartements |
+4,5% |
+6,9% |
+1,5% |
Maisons |
+6,6% |
+7,3% |
+3,1% |
source Notaires de France
Baisse du pouvoir d’achat immobilier
La capacité d’emprunt des ménages s’est rétrécie en 2022. Pour un crédit calculé sur 20 ans avec un taux débiteur moyen, sans apport personnel, au taux fixe d’assurance de 0,36%, les emprunteurs ont pu financer en moyenne un logement de 80m2 en 2022, contre 84m2 en 2021. Cette chute est inédite depuis 15 ans.
Par segment de logement, la surface finançable est :
- Pour un appartement ancien : 43m2 en 2022, contre 44m2 en 2021
- Pour une maison ancienne : 113m2, contre 123m2 en 2021.
La perte de surface finançable s’explique par des conditions d’emprunt dégradées avec des taux d’intérêts en perpétuelle hausse en 2022, conjuguées à des prix des logements qui ne faiblissent pas.
Autre fait notable, l’importance de l’étiquette énergétique sur les transactions de logements anciens. Désormais, le diagnostic immobilier compte pour obtenir son prêt. L'envolée des coûts de l’énergie et le durcissement de la réglementation qui pèse sur les propriétaires bailleurs ont mis sur le marché un nombre accru de passoires thermiques. Fin 2022, les logements classés F et G sur l’échelle du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) représentent 17% des ventes dans l’ancien, contre 11% au troisième trimestre 2021 et en 2020.