Après une année 2023 marquée par une hausse brutale des taux d’intérêts et une réduction de l’offre bancaire, 2024 s’engage sur des rails plus favorables. Les taux ont commencé à baisser depuis décembre, la demande repart doucement, et les banques se montrent plus volontaristes. Mais on attend toujours que le régulateur lâche du lest en 2024 pour rendre le marché plus accessible.
3,95% : taux du marché sur 20 ans
Enclenchée fin décembre 2023 après 18 mois de hausse ininterrompue, la baisse des taux se poursuit depuis sans faillir. On part de loin. De 1% fin 2021 (hors assurance emprunteur et coût des sûretés), le taux moyen sur 20 ans a atteint son point le plus haut, soit 4,50%, en décembre 2023.
En mars 2024, le taux moyen sur cette même maturité s’affiche à 3,95% avant négociation. Les bons et très bons dossiers peuvent donc espérer une décote.
Malgré une baisse record des crédits accordés en janvier 2024, les courtiers observent un sursaut, certes timide, de la demande, qui reste toujours en retrait de 35% par rapport à mars 2023. À l’époque, le taux moyen sur 20 ans oscillait entre 3% et 3,20%, bien inférieur à ce qu’il titre actuellement.
+10 000€ de capacité d’emprunt immobilier
Qui dit baisse des taux, dit capacité d’emprunt en hausse. Si vous avez contracté un prêt de 200 000€ fin 2023 au plus haut de la courbe (4,50% hors assurance emprunteur et autres frais de garantie), votre crédit immobilier vous coûte 117 272€ d’intérêts. Aujourd’hui, ce même prêt au taux de 3,95% coûte 103 207€ d’intérêts, soit une capacité d’emprunt gonflée de plus de 10 000€.
D’aucuns se demandent si l’on peut déjà renégocier son prêt immobilier. La baisse des taux doit progresser pour offrir un écart suffisant qui rendrait l’opération financièrement intéressante.
Bon à savoir : vous pouvez stimuler votre capacité d'emprunt en diminuant le coût de l'assurance emprunteur. Les offres alternatives proposées par la concurrence sont jusqu'à trois fois moins chères que les contrats groupe bancaires.
+70% de dossiers finançables
Les taux ont plus quadruplé en l’espace de 18 mois, ce qui a grandement affecté la capacité d’emprunt des ménages. Mais la baisse récente resolvabilise bon nombre de dossiers. Ceux qui ont essuyé un refus de prêt ces dernières semaines ont droit à une seconde chance, sous réserve que leur taux d’endettement soit dans les clous (35% maximum, assurance emprunteur comprise). Il faut aussi considérer le retour à la révision trimestrielle du taux d’usure qui donne une meilleure visibilité aux candidats à l’emprunt et aux banques.
Révision trimestrielle du taux d’usure
Entre février et décembre 2023, le taux d’usure a été mensualisé pour limiter les effets néfastes de la remontée constante et rapide des taux d’intérêts. L’ajustement à un rythme plus vif a permis aux banques de mieux s’adapter aux contraintes monétaires (inflation et taux directeurs de la Banque Centrale Européenne).
Le retour à un taux d’usure trimestriel indique que les conditions monétaires se sont stabilisées. Les banques renouent avec une certaine profitabilité sur les nouveaux crédits et se montrent moins gourmandes quant à leur exigence d’apport personnel : celui-ci reste toutefois à un niveau élevé, à 30% du montant d’une opération en moyenne nationale.
La rigidité de règles d’octroi
La règle des 35% d’endettement reste toutefois un frein à l’accès au crédit immobilier. La semaine dernière, une indiscrétion du journal Les Échos nous apprenait que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire était favorable à un assouplissement de cette norme, comme le revendique un collectif de députés ayant déposé une proposition de loi en ce sens.
Cette prise de position va à l’encontre de celle du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui a réaffirmé vendredi dernier s’opposer à la remise en question des règles du HCSF. Il invite les banques à utiliser pleinement la marge de flexibilité qui leur permet de s’affranchir du cadre réglementaire, et refuse de prendre en compte le reste à vivre, critère aussi pertinent si ce n’est plus que le taux d’endettement.
Source Capital pour les chiffres