Pour la première fois depuis 2010, le taux d’usure des crédits immobiliers sur 20 ans et plus dépasse la barre des 6% à compter du 1er décembre 2023. Bonne nouvelle pour les candidats à l’emprunt recalés les semaines précédentes parce que leur dossier excédait l’usure à la marge. Cette hausse des taux légaux indique aussi que les taux d’intérêts continuent leur progression, renchérissant toujours plus le crédit à l’habitat.
Taux d’usure de décembre à 6,11%
Selon le barème publié au Journal Officiel, le taux d’usure pour les prêts immobiliers d’une durée de 20 ans et plus s’établit à 6,11% pour le mois de décembre 2023, contre 5,91% le mois précédent.
Ce sera le dernier épisode de mensualisation du taux d’usure, amorcée en février 2023 sur décision de la Banque de France pour fluidifier un marché du crédit bloqué par un système trop lent. Sauf surprise de dernière minute, la révision trimestrielle reprendra à partir de janvier 2024, le régulateur se satisfaisant a priori de l’effet escompté de la mesure : éviter les refus de prêt aux emprunteurs solvables en raison d’un effet ciseau causé de la progression constante des taux d’intérêts. La réunion du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) le 4 décembre prochain confirmera si le rythme trimestriel est remis en place.
Le taux d’usure est révisé chaque mois depuis février 2023, mais reste calculé sur la base des données des 3 mois précédents. Dans le détail, voici les taux d’usure applicables au crédit immobilier pour le mois de décembre 2023 selon la durée de remboursement :
Crédits immobiliers |
Taux effectif moyen pratiqué au cours des 3 mois précédents le 1/12/2023 |
Taux d’usure applicable au 1/12/2023 |
Prêts à taux fixe d’une durée inférieure à 10 ans |
3,30 % |
4,40 % |
Prêts d’une durée comprise entre 10 et moins de 20 ans |
4,35 % |
5,80 % |
Prêts d’une durée de 20 ans et plus |
4,58 % |
6,11 % |
Prêts à taux variable |
4,14 % |
5,52 % |
Prêts relais |
4,63 % |
6,17 % |
Taux d’usure : un taux « tout compris »
L’usure, c’est l’obstacle à ne pas franchir pour obtenir le financement d’un projet immobilier. Même un point au-dessus du taux légal, votre prêt est refusé, la banque n’ayant pas le droit de prêter à un taux usuraire.
Dans le coût d’un crédit immobilier, il y a les intérêts, ce qui pèse le plus lourd, et bien d’autres frais qui conditionnent l’obtention du financement bancaire :
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les frais de dossier
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la garantie (hypothèque ou caution)
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les primes d’assurance de prêt immobilier
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les frais annexes (frais d’ouverture et de tenue de compte, parts sociales d’une banque mutualiste, expertise du bien immobilier, etc.)
L’addition de ces dépenses permet de calculer le TAEG (Taux Annuel Effectif Global) qui est l’indicateur du coût final du prêt immobilier. Le TAEG est le taux auquel on doit se référer pour comparer les offres de crédit et pour apprécier si elles dépassent le seuil usuraire. Il a été constaté que le TAEG du crédit immobilier est variable selon les banques, il peut donc s’avérer peu fiable : certains établissements jouent en effet sur le coût de l’assurance emprunteur pour minimiser le TAEG.
Pour optimiser votre TAEG, un conseil : déléguer l’assurance emprunteur. Les offres proposées par les prestataires externes sont jusqu’à 60% moins chères que celles des banques à garanties équivalentes. Mettez les contrats en concurrence via notre comparateur d’assurance de prêt immobilier pour accéder à plus d’une dizaine de devis parmi les plus compétitifs du marché.
Vers une stabilisation des taux de crédit immobilier en 2024
Pour la première fois depuis 2010, le taux plafond surpasse la barre symbolique de 6%. Cette hausse est paradoxalement une bonne nouvelle pour les ménages emprunteurs car les banques disposent d’une plus grande marge de manœuvre pour octroyer des financements. Le crédit immobilier est redevenu rentable pour les prêteurs qui peuvent, grâce à la révision mensuelle des taux plafonds, ajuster leurs barèmes de taux en adéquation avec la politique de la Banque Centrale Européenne, largement durcie depuis l’envolée de l’inflation.
L’augmentation de l’usure indique une progression constante des taux d’emprunt accordés les semaines précédentes. On entrevoit toutefois le début de la fin de la hausse des taux et on peut tabler sur quelques éclaircies pour 2024 en lien avec la stabilisation des conditions monétaires. En revanche, un gros bémol : les 3 propositions des courtiers pour faire bouger les règles d’octroi du HCSF risquent de rester lettres mortes, la Banque de France s’entêtant sur le maintien d’une norme devenue obsolète dans une période de taux d’intérêts élevés.