Il faut désormais plus de 55 000€ d'apport personnel pour obtenir son crédit immobilier, soit 21% du prix du bien. Un record en cette période de hausse de taux d'intérêt et de progression constante des prix des logements. Voici les raisons qui expliquent le niveau hors norme de l'apport personnel moyen au premier semestre 2022.
Forte hausse de l'apport personnel
Selon la dernière étude du réseau d'agences immobilières Century 21, le taux d'apport personnel moyen atteint désormais 21% du prix d'achat d'un bien (hors frais de notaire), soit un montant moyen de 55 519€. On est bien loin des valeurs observées il y a un an, à l'époque où l'exigence d'apport personnel commençait à se relever.
Au premier semestre 2021, il suffisait de 10% d'apport pour décrocher le financement bancaire de son projet immobilier, soit 24 872€, seuil rehaussé à 13% au cours du deuxième semestre 2021 (32 153€).
En 2019, il était encore possible d'emprunter sans apport personnel, notamment pour les investisseurs qui pouvaient s'appuyer sur les futurs revenus locatifs. La pratique a disparu avec l’application des règles du HCSF à partir de janvier 2020, normes révisées en janvier 2021 et imposées juridiquement en janvier 2022 qui ont pour effet de resserrer les conditions d’emprunt en plafonnant le taux d’endettement et la durée de remboursement.
Exigence d'apport personnel
La présence d'apport personnel permet de rassurer la banque sur les bonnes intentions de l'emprunteur. Une mise financière de départ témoigne de la capacité d'épargne du candidat et permet de réduire le recours au crédit, ce qui diminue la prise de risque pour le prêteur. Mais jamais le niveau de l'apport personnel n'a été aussi élevé.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène :
- la hausse notable des prix immobiliers : le montant moyen d'acquisition pour un appartement est de 240 961€ et de 290 654€ pour une maison (données Century 21).
- la présence marquée des secundo-accédants : la vente d'un premier logement permet de gonfler l'apport personnel.
- l'épargne Covid : durant la crise sanitaire, les ménages français ont épargné massivement, par la force des choses, puisqu'ils ne pouvaient consommer, ce qui représente un surplus d'épargne de 142 milliards d'euros.
- la remontée brutale des taux d'intérêt : observée depuis le début de l'année 2022, cette hausse de plus de 50 points de base sur toutes les durées d'emprunt oblige les ménages à mobiliser un apport plus important pour limiter leur taux d'endettement, et tout simplement obtenir le financement face aux taux d’usure trop faibles durant le premier semestre 2022.
- l'arrivée des Franciliens en zone rurale : bon nombre de Franciliens vendent leur logement en Île-de-France, ce qui permet de dégager un apport personnel conséquent, pour s'installer dans des zones moins denses où l'immobilier est moins cher.
Recentrage du crédit immobilier sur les plus aisés
L'étude détaille également le panel des acquéreurs. Les plus de 50 ans voient leur part progresser, contrairement aux autres tranches d'âge qui régressent. Il s'agit principalement de secundo-accédants qui bénéficient d'un apport personnel élevé grâce à la revente d'un premier logement. Les acheteurs de moins de 40 ans représentent désormais moins de la moitié des acquéreurs (44,7%).
On constate une percée inédite des plus de 60 ans, dont la part atteint 19,6% des ventes immobilières, soit une progression de près de 10%. Jamais auparavant la proportion des seniors n'avait atteint un tel niveau. C'est une autre explication de la forte remontée de l'apport personnel, les retraités ayant eu le temps de se constituer une épargne et de devenir acquéreurs.
Les transactions concernent en premier lieu la résidence principale : 63,4% contre 29,8% pour l'investissement locatif qui perd 0,7 point sur un an. Les résidences secondaires, dont le marché avait été dynamisé par les confinements, représentent 6,9% des ventes, soit un repli de 0,4 point.