Il est désormais impossible d'emprunter sans apport personnel. En vertu des règles d'octroi imposées aux banques, l'opération est vouée à l'échec si vous ne mettez pas au moins 18% à 20% sur la table. Comment mobiliser un apport suffisant pour mener à bien un projet immobilier ?
L'importance de l'apport personnel
En 2019, il était encore possible d'emprunter 100% voire 110% du montant d'une transaction immobilière. Les banques accordaient cette souplesse aux primo-accédants dépourvus d'épargne et aux investisseurs immobiliers grâce aux futurs loyers à percevoir. La faiblesse des taux d'intérêts permettait de s'endetter sur de longues durées, souvent au-delà de 25 ans. C'est du passé.
En limitant le taux d'endettement à 35% des revenus nets et la durée de remboursement à 25 ans (jusqu'à 27 ans dans le neuf avec jouissance du bien postérieure à l'octroi du crédit), le régulateur a rendu l'accès au crédit immobilier bien plus difficile pour ces clientèles avec peu ou pas d'apport personnel, abonnées aux taux d'emprunt les moins compétitifs et aux durées les plus étendues.
L'apport personnel est devenu un paramètre incontournable pour obtenir un financement immobilier, comme en témoigne son importance qui n'a cessé de croître ces derniers mois. Il faut désormais présenter 19,5% du montant d'une opération dans l’immobilier ancien contre 17,8% en 2020, des taux bien supérieurs à celui de l'année 2019 qui était légèrement au-dessus de 6% (chiffres Observatoire Crédit Logement septembre 2021).
La coutume veut que l'apport personnel soit équivalent à 10% du prix de la transaction, qui comprend, outre le prix du bien immobilier, les frais de notaire et de garantie. Les frais de notaire n'étant pas intégrés dans le TAEG (Taux Annuel Effectif Global), taux qui agrège tous les coûts relatifs à l'obtention du financement et qui doit rester sous le seuil de l'usure, la banque commence à considérer une demande de prêt avec une mise de départ minimale de 10%, soit peu ou prou le montant des frais notariés.
Ce n'est plus suffisant actuellement. Pour diminuer le recours à l'emprunt et rester dans les clous de l'endettement réglementaire, il est aujourd'hui nécessaire d'avoir un apport conséquent. En gonflant votre apport, vous pouvez négocier au mieux les conditions d'emprunt, obtenir un taux d'intérêt plus favorable, sans compter que la banque y verra le signe d'un engagement solide à concrétiser votre projet.
Les sources d'apport personnel
Plusieurs solutions existent pour vous constituer un apport personnel qui facilitera l'obtention de votre demande de prêt.
L'épargne personnelle et l'aide familiale
Vous avez un Livret A, un PEL, un CEL, un LDDS, un LEP, un Livret Jeune ou tout autre livret réglementé ? Débloquez cette épargne constituée au fil des ans et disponible à tout moment pour alimenter votre apport personnel.
Si vos économies personnelles sont maigres, demandez de l'aide à votre famille. Les donations du vivant d'un parent à son enfant peuvent atteindre 100 000€, sans qu'il y ait de droits de donation à payer. Cet abattement peut s'appliquer en une seule ou en plusieurs fois tous les 15 ans.
Sachez par ailleurs que les titulaires d'un PEL et d'un CEL peuvent céder leurs droits à prêt à leurs proches (ascendants ou descendants), sous réserve que le bénéficiaire soit lui-même titulaire d'un PEL ouvert depuis au moins 3 ans ou d'un CEL ouvert depuis 12 mois minimum
L'épargne salariale
Tout le monde n'a pas la chance d’avoir une famille généreuse et bien dotée. Si vous êtes salarié, votre entreprise a peut-être mis en place un système d'épargne collectif qui consiste à verser à chaque employé une prime liée à la performance (intéressement) ou représentant une quote-part des bénéfices (participation). Les sommes attribuées sont généralement versées sur un plan d'épargne salariale, le PEE (Plan d'épargne entreprise), le Perco (Plan d'épargne pour la retraite collectif) ou le PER (Plan d'épargne retraite).
Dans certains cas, il est possible de demander le déblocage anticipé de cette épargne, notamment pour l'acquisition de la résidence principale.
Le Prêt Action Logement
Auparavant nommé "prêt employeur ou prêt 1% Logement", le Prêt Action Logement permet de financer jusqu'à 40 000€, dans la limite de 40% du coût total de l'opération, toute acquisition dans le neuf, la construction d'une maison ou l'achat d'un logement HLM, à un taux nominal réduit (0,5% hors assurance obligatoire), en complément d'un crédit immobilier classique.
Pour en bénéficier, il faut être salarié dans une entreprise du secteur privé non agricole de 10 salariés et plus, et respecter les plafonds de ressources réglementaires.
Attention : toutes les banques ne considèrent pas le Prêt Action Logement comme un apport personnel.
Les autres prêts aidés
Le prêt familial, le prêt aux fonctionnaires et le prêt des collectivités territoriales peuvent être assimilés à un apport personnel. Tout dépend de la politique commerciale de la banque. Il est vivement conseillé de faire appel aux services d'un courtier en crédit immobilier pour taper à la bonne porte et éviter de perdre du temps.
Enfin, si vos revenus sont modestes et que vous ne disposez d'aucun apport personnel, vous êtes peut-être éligible au PAS ou Prêt d'Accession Sociale, un prêt immobilier conventionné, accordé sous conditions de ressources, qui permet de devenir propriétaire de sa résidence principale. Le PAS peut financer la totalité de l'opération immobilière, hors frais de notaire et frais de dossier, et peut être complété par un PEL, un Prêt Action Logement ou un PTZ. Le taux d'intérêt du PAS ne peut excéder un taux maximum fixé en fonction de la durée (entre 2,30% et 2,75%), et la durée de remboursement peut aller jusqu'à 30 ans, ce que ne permet pas un crédit immobilier classique compte tenu des règles d'octroi en vigueur.