Les taux d'intérêt des crédits immobiliers n'en finissent pas de monter depuis le début 2022, et pénalisent le pouvoir d'achat des potentiels emprunteurs. Comment vont-ils évoluer en 2023 ? Faut-il mieux s'endetter maintenant ? Magnolia.fr tente de répondre à ces questions tout à fait légitimes qui taraudent les ménages voulant acquérir leur logement.
Hausse continuelle des taux d'emprunt en 2022
Enclenchée en mars 2022 avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, la remontée des taux d'intérêt des prêts à l'habitat n'en finit pas de grignoter des points chaque mois. Alors qu'il était commun de s'endetter sur 20 ans sous la barre de 1% fin 2021, il est désormais impossible d'obtenir moins de 2% sur cette maturité.
Au mois d'octobre, les banques ont relevé leurs barèmes de taux de 30 à 40 points de base sur toutes les durées. Le taux débiteur moyen se situe actuellement autour de 2,20% sur la durée classique de 20 ans (hors coût assurance prêt immobilier et coût des sûretés).
L'état du marché immobilier en octobre 2022 montre une nette dégradation de la production de crédits, en lien avec la progression marquée des taux d'intérêt depuis 7 mois et la problématique de l'usure, le sujet crispant qui met dos à dos courtiers et Banque de France. En raison d'une méthode de calcul basée sur les données du trimestre précédent, qui fige les taux d'usure pour trois longs mois, l'effet ciseau n'en finit pas d'exclure des milliers d'emprunteurs potentiels, les privant de leur rêve d'accession à la propriété.
Bloqué par l'usure 2022, le prêt immobilier est devenu inaccessible pour une majorité de ménages, indépendamment de tout critère de solvabilité. En attendant qu'émerge une idée pour accélérer la hausse de l'usure en 2023, regardons dans notre boule de cristal !
Quelle évolution des taux en 2023 ?
Difficile de prévoir l'avenir dans un environnement en perpétuel changement qui disqualifie dès le lendemain toute vérité de la veille. Soyons factuel : les taux d'emprunt présentent toujours un niveau propice à l'achat immobilier.
On a vite oublié qu'avant janvier 2014, on empruntait autour de 3% voire 4% si l'on remonte à 2009. Ces valeurs n'étaient nullement un obstacle, mais depuis 2017, les prix de l'immobilier ancien ont bondi de près de 27% (données FNAIM-Clameur) et bien que leur progression ralentisse depuis avril dernier, les ménages emprunteurs perdent du pouvoir d'achat immobilier face à la hausse graduelle des taux d'intérêt.
Selon l'Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen toutes durées confondues s'est établi à 1,88% en septembre 2022, soit 83 points de base supplémentaires par rapport à la moyenne de fin 2021. L'Observatoire tire ses données des prêts effectivement octroyés par les banques. Avec la hausse des taux en octobre 2022, il faut s'attendre à un niveau plus élevé. Au 3ème trimestre, la capacité d’achat des ménages a reculé de 4m2 (moyenne France entière).
Les chances sont minces que les taux arrêtent de pousser le curseur vers le haut. Voyons les facteurs en cause.
Taux de la BCE
La Banque Centrale Européenne a opté pour une hausse sans précédent de ses taux directeurs pour juguler l'inflation galopante (9,9% en zone euro en septembre sur un an). Relevés une première fois fin juillet, puis début septembre, les taux de la BCE devraient être rehaussés à nouveau en octobre et en décembre, ce qui porterait le taux de refinancement accordé aux banques commerciales à 2%, contre 0% avant juillet 2022.
Rendement de l’Obligation d’État
Le loyer de l'argent devient nettement plus élevé pour les banques qui répercutent les conséquences du contexte monétaire sur les financements aux entreprises et aux particuliers. Le bond spectaculaire de l'OAT 10 ans, autre indicateur utilisé par les établissements de crédit pour déterminer les taux d'emprunt, enfonce le clou : en 6 mois, le rendement de l'emprunt français sur 20 ans est passé de 1,30% à 3% ; il y a un an, il titrait 0% !
Selon l'économiste Michel Mouillart, par ailleurs directeur de l'Observatoire Crédit Logement, le taux moyen toutes durées confondues pour le prêt immobilier devrait se hisser à 2,80% en juin 2023 avant de redescendre légèrement fin 2023.
Souhaitons qu'entre temps les autorités financières aient trouvé une issue au problème récurrent de l'usure pour éviter que la situation aberrante d'aujourd'hui ne paralyse durablement le marché immobilier.