Les températures caniculaires historiques qui ont sévi partout en France la semaine dernière mettent en lumière les défaillances énergétiques du parc immobilier résidentiel. La seule arme pour lutter contre ces phénomènes climatiques extrêmes qui risquent de devenir de plus en plus fréquents est d'isoler durablement son logement grâce à une rénovation énergétique efficace.
Canicule et mauvaise isolation thermique
En période de chaleur intense, le premier réflexe est de s'équiper d'un ventilateur ou d'un climatiseur, mais ces solutions immédiates ne sont pas pérennes. Sans compter que l'utilisation d'un climatiseur fait exploser la consommation d'énergie, générant un cercle vicieux qui accentue encore plus le dérèglement climatique.
Il existe bien sûr des astuces simples qui permettent de lutter contre la chaleur dans le logement, comme fermer fenêtres et volets durant la journée, occulter les fenêtres de toit, et ouvrir durant la nuit pour rafraîchir l'air. On peut aussi suspendre des serviettes humides devant les fenêtres : en s'évaporant, l'eau va faire baisser la température.
Ces mesures offrent un peu de confort en période caniculaire, mais elles révèlent aussi la mauvaise performance thermique du logement. Depuis la mise en application du nouveau DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), les passoires thermiques sont stigmatisées pour leur consommation excessive d'énergie en hiver. La rénovation énergétique de ces logements peu vertueux permet de réduire la facture de chauffage en hiver mais aussi d'améliorer durablement le confort en été.
La rénovation énergétique : seule solution globale contre la canicule
Pour combattre l'accumulation de chaleur dans un logement, il faut isoler, une idée qui semble contre-intuitive, mais qui est pourtant la seule solution pour lutter contre l'inconfort en été. Quand on dit "isolation thermique", on pense d'abord à se protéger contre le froid en hiver, mais une bonne isolation permet de ne pas souffrir de la chaleur estivale en limitant les échanges d'air entre l'intérieur et l'extérieur.
En hiver, un logement mal isolé subit des pertes de chaleur, et en été, la situation s'inverse : l'air chaud pénètre et fait grimper la température, générant le réflexe de s'équiper d'un climatiseur qui va faire flamber la facture d'électricité. La faute aux ponts thermiques, ces points de jonction où l'isolation n'est pas continue, ce qui provoque des fuites d'air. Selon l'Ademe (Agence nationale de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), les points thermiques entraînent des déperditions variables selon l'endroit concerné :
- de 25% à 30% par le toit
- jusqu'à 25% par les murs
- jusqu'à 15% par les fenêtres
- jusqu'à 10% par les planchers bas et les sols.
L'isolation thermique du toit et des combles est la première mesure à entreprendre pour se protéger des températures extérieures. L'isolation des murs par l'extérieur est la technique la plus efficace pour supprimer les ponts thermiques, elle est aussi la plus simple à mettre en œuvre. La mise en place d'un isolant à l'intérieur est moins performante, et entraîne une perte d'espace. Des plafonds et des sols bien isolés vont améliorer la climatisation en été. On peut aussi changer les fenêtres pour des ouvertures à double voire triple vitrage qui vont réduire les échanges de température avec l'extérieur.
Le choix du matériau isolant est crucial et différent selon qu'on habite dans une région chaude ou plus tempérée. C'est ici qu'entre en jeu la notion de déphasage thermique, à savoir la capacité du matériau à retenir le chaud ou le froid. Les personnes qui résident dans une région chaude ont tout intérêt à privilégier un matériau avec une longue durée de déphasage thermique, soit un minimum de 10 heures.
Les isolants naturels comme les panneaux de bois, de liège et la ouate de cellulose affichent un déphasage thermique de 10 h ou plus, contrairement aux isolants synthétiques (polystyrène) ou minéraux (laine de roche) qui atteignent tout juste 6 h.
Pour une bonne protection thermique du logement, il convient de faire un bouquet de travaux qui isole toutes les parois. On commence par le toit pour permettre une meilleure inertie thermique. Agir sur un seul pont thermique n'est pas suffisant pour améliorer significativement la performance énergétique. Dans certains cas, il convient d'installer une VMC à double flux pour ventiler l'air hiver comme été : cet échangeur thermique renouvelle l'air intérieur sans déperdition de chaleur en hiver et sans infiltration de la chaleur en été.
Un logement bien isolé affiche une température qui n'excède par 25° en été même si à l'extérieur il faut plus de 35°.
Les aides à la rénovation énergétique
Les travaux engagés pour une rénovation énergétique globale sont le seul moyen d'offrir une bonne étanchéité à l'air du logement mais ils coûtent cher : environ 600€ par mètre carré de surface habitable. Le gouvernement soutient la rénovation énergétique de l'habitat grâce à des aides financières accordées aux particuliers :
- MaPrimRénov' : remplace le CITE (Crédit d'Impôt Transition Énergétique) et les aides de l'Anah "Habiter mieux agilité". Tous les ménages y ont droit, quels que soient leurs revenus, ainsi que les bailleurs et les copropriétés. Le montant de la prime dépend des revenus du foyer et du gain écologique des travaux.
- MaPrimRénov' Sérénité : fusion du dispositif "Habiter mieux sérénité" et de MaPrimRénov', aide accordée aux ménages ayant des ressources modestes ou très modestes, propriétaires occupant un logement individuel.
- Éco-prêt à taux zéro : prêt sans intérêt et sans avance de trésorerie accordé sans conditions de ressources, qui permet de financer une rénovation énergétique d'un montant allant jusqu'à 50 000€.
- Coup de pouce économies d'énergie (CEE) : prime pour les travaux de chauffage, isolation et rénovation globale versée par les entreprises signataires de la charte, dont le montant dépend des ressources du ménage. Elle est cumulable avec MaPrimRénov' et l'éco-PTZ.
- Chèque énergie : aide versée par les entreprises de fourniture d'énergie (EDF, Engie, Total, etc.) qui prend la forme d'un diagnostic, d'une mise en relation avec un réseau qualifié d'artisans, d’un prêt à taux bonifié ou d’une prime.
- TVA à 5,5% : certains travaux bénéficient d'un taux de TVA réduit, sous réserve que le logement soit achevé depuis plus de 2 ans.
Le montant cumulé de MaPrimRénov'/prime CEE/Action Logement va de 40% à 90% de la dépense éligible des travaux dans la limite des plafonds. Rendez-vous sur France Rénov' , le nouvel outil mis en ligne par l'État en janvier 2022 pour aider les particuliers à rénover leur logement. Le service réalise un diagnostic gratuit afin de connaître les possibilités de rénovation globale.
À noter également que certaines collectivités locales exonèrent temporairement de taxe foncière les ménages qui réalisent des travaux d'économie d'énergie. Le site de l'Anil (Agence nationale pour l'information sur le logement) recense par ailleurs toutes les aides financières aux travaux énergétiques proposées au niveau local.