Sale temps pour le pouvoir d’achat des ménages français. La hausse des tarifs des assurances de complémentaire santé pour l’année 2024 sera beaucoup plus sévère que les +8,1% annoncés. Une enquête de l’UFC-Que Choisir révèle que la progression moyenne sera de l’ordre de +10%, avec des pics pouvant aller jusqu’à +30% pour les seniors. L’association en profite pour dénoncer le poids des frais de gestion, très variables d’un organisme à l’autre.
Tarifs de mutuelle santé : bond entre +10% et +30%
Fin décembre, la Mutualité Française annonçait une hausse record des tarifs de mutuelle santé pour 2024 : +8,1% en moyenne, tous contrats confondus (mutuelle entreprise et mutuelle individuelle), et de +7,3% pour les contrats individuels. En 2023, les tarifs des mutuelles et autres contrats de complémentaire santé avaient déjà flambé de +7,1%.
Pour l’UFC-Que Choisir, le compte n’est pas bon. La Mutualité raisonne à âge théorique constant, c’est-à-dire qu’elle ne prend pas en compte les augmentations liées à l’âge. Chaque année, les cotisations augmentent de 2 à 3 points par le simple fait de l’âge de l’assuré. L’association chiffre ainsi la progression moyenne des tarifs à +10% en 2024, mais pour 8 assurés sur 10, elle sera supérieure.
Pour les seniors, ceux qui paient le plus cher en raison de leur âge et de leurs besoins de santé, l’UFC enregistre des bonds allant jusqu’à 25%, voire 30%. D’après sa base de données, les tarifs des organismes de complémentaire santé (mutuelles, sociétés d’assurance et institutions de prévoyance) se sont envolés de 40% depuis 2018, l’inflation progressant dans le même temps de 17%.
Des frais de gestion honteusement élevés
Les primes en santé complémentaire progressent donc beaucoup plus rapidement que l’indice des prix à la consommation. Les raisons de la forte hausse des tarifs de mutuelle santé 2024 sont connues :
- augmentation annuelle des dépenses de santé
- désengagement de la Sécu avec transfert de charges vers les organismes : remboursement complémentaire des soins dentaires de 40% depuis octobre 2023 contre 30% auparavant
- déploiement de la réforme 100% Santé : zéro reste à charge en dentaire (couronnes, bridges et dentiers), en optique (lunettes de correction) et en audiologie
- taxes sur les organismes : contribution de 7%, à laquelle s’ajoute la taxe de solidarité additionnelle de 13,7%, désormais affectée au financement de la Sécu
- mise en œuvre de la résiliation à tout moment (après une année de souscription) qui entraîne une volatilité accrue.
L’UFC-Que Choisir en ajoute une autre : les frais de gestion (conception et commercialisation des contrats dont publicité, encaissement des primes, gestion des prestations dont remboursements et tiers payant).
Le taux de redistribution qui mesure le ratio entre les cotisations payées par les assurés et les prestations qui leur sont versées est très variable d’un organisme à l’autre. Le taux de redistribution oscille entre 65% et 86%, pour des frais de gestion qui représentent entre 10% et 28% du montant de la cotisation.
En 2019, lors de l’adoption de la loi sur la résiliation infra-annuelle en mutuelle santé, l’association avait obtenu que chaque complémentaire communique ce taux, afin que les consommateurs puissent faire un choix éclairé quand ils comparent les offres. Or, ce taux n’est pas souvent visible dans les devis, encore moins sur le site en ligne du prestataire.
Il ressort de cette étude que les frais de gestion restent très élevés, en moyenne de 20% des cotisations collectées, contre 4% pour la Sécu. Les énormes écarts de taux de redistribution s’expliquent par la forte variabilité des frais de gestion et par la politique commerciale de chaque acteur. En général, les institutions de prévoyance redistribuent davantage sous forme de remboursements que les mutuelles et les assurances. La liste des bons des des mauvais élèves peut être consultée sur le site d’UFC-Que Choisir.
Pour les usagers, la seule parade à cette inflation incontrôlée des tarifs est de mettre les offres en concurrence via un comparateur de mutuelle santé, et de profiter de leur droit de résilier à tout moment après une année de souscription. L’exercice permet d’économiser jusqu’à 300€ par an à garanties équivalentes. La fidélité en assurance ne paie pas : les avantages tarifaires sont toujours proposés aux nouveaux assurés.