Mois après mois, le taux d’usure poursuit son implacable remontée. Pour septembre 2023, le taux maximum légal s’affiche à 5,56% pour les prêts d’une durée de 20 ans et plus. Le mouvement est rapide depuis fin 2022, et s’est même accéléré avec l’entrée en vigueur de la mensualisation du calcul de l’usure en février 2022. Cela atteste de taux d’emprunt toujours plus élevés, qui viennent renchérir le coût du crédit immobilier.
Nouvelle hausse du taux d’usure
La rentrée de septembre 2023 est marquée par une nouvelle progression du taux d’usure du crédit immobilier. Voici dans le détail les taux légaux qu’il est interdit de dépasser lors de l’octroi d’un financement immobilier :
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prêts à taux fixe d’une durée inférieure à 10 ans : 4,23%
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prêts à taux fixe d’une durée comprise entre 10 et moins de 20 ans : 5,28%
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prêts à taux fixe d’une durée de 20 ans et plus : 5,56%
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prêts à taux variable : 5 13%
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prêts relais : 5,53%
Pour mémoire, le taux d’usure renvoie au taux annuel effectif global (TAEG) que la banque ne peut outrepasser. Juridiquement, le TAEG est l’agrégation de tous les frais liés à l’obtention du crédit immobilier, à savoir :
- les intérêts d’emprunt
- les frais de dossier
- les frais de garantie (hypothèque ou caution)
- les cotisations d’assurance emprunteur
- les éventuels autres frais annexes imposés par la banque : frais d’ouverture et de tenue de compte, expertise du bien, parts sociales d’une banque mutualiste.
Avant février 2023, le taux d’usure était révisé à un rythme trimestriel, mais la progression brutale et inexorable des taux d’intérêts en lien avec la dérive inflationniste a obligé la Banque de France à opter pour la mensualisation de l’usure, afin d’éviter un effet ciseau trop rapide. Cette mesure est provisoirement en place jusqu’en janvier 2024. Les banques de détail peuvent ainsi ajuster leurs barèmes de taux plus régulièrement et s’adapter aux contraintes monétaires imposées par la Banque Centrale Européenne.
Crédit immobilier toujours plus cher
Les taux d’usure en augmentation indiquent que la base de calcul elle-même prend l’ascenseur. Le taux d’usure est calculé à partir des TAEG moyens de la durée concernée octroyés les trois mois précédents, et augmentés d’un tiers. Le renchérissement du crédit se poursuit sans interruption depuis début 2022. Au premier trimestre 2022, le taux d’usure pour les prêts de 20 ans et plus s’affichait à 2,41% contre 5,56% actuellement, ce qui permet de mesurer l’ampleur du mouvement et sa brutalité.
Les taux d’emprunt ont plus que triplé en un an et demi. Il n’est pourtant pas si loin le temps où l’on pouvait s’endetter autour de 1% sur 20 ans (hors assurance emprunteur et coût des sûretés) ; à présent, le taux moyen sur cette durée excède les 4%. Les profils premium peuvent obtenir des décotes qui placent le taux entre 3,50% et 3,90%.
Sur la durée maximale autorisée de 25 ans, le taux tourne autour de 4,50%, mais certaines enseignes bancaires proposent déjà un taux à 5%, soit quasiment le niveau affiché en 2008, lors de la crise immobilière des subprimes. La marge de manœuvre est donc bien mince pour intégrer toutes les autres dépenses imposées (garantie, frais de dossier, assurance de prêt). Il est à déplorer que le législateur fixe un taux d’usure identique quelle que soit la durée d’emprunt à partir de 20 ans.
Perte de pouvoir d’achat immobilier
La hausse du coût du crédit pénalise fortement la capacité d’emprunt des ménages. En décembre 2022, avec des revenus mensuels de 4 000€ (avant impôt), vous pouviez emprunter 348 574€ sur 25 ans (taux nominal à 1,04%), contre 237 482€ en septembre 2023 (taux nominal à 4,50%) : à revenus identiques, vous avez perdu un peu plus de 30% de pouvoir d’achat immobilier. C’est vertigineux, alors que les salaires ne progressent pas à la même vitesse et que les prix des logements ne baissent pas dans les mêmes proportions.
L’accès au crédit immobilier est d’autant plus compliqué que les banques se montrent plus exigeantes en matière d'apport personnel, qui représente désormais au bas mot 20% du montant d’une opération immobilière, et bien plus dans le cadre d’un logement nécessitant des travaux de rénovation. Elles sont très attentives au DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) et peuvent tout à fait refuser de financer un projet d’investissement locatif si le DPE est F ou G en raison de l’interdiction de louer ce type de bien énergivore à compter de 2025 et 2028.
Pour minimiser la perte de pouvoir d’achat immobilier, pensez à négocier l’assurance emprunteur. En mettant les offres en concurrence via un comparateur d’assurance de prêt immobilier, vous pouvez économiser jusqu’à 60% sur la cotisation. Cela permet d’abaisser le taux d’endettement et sur la durée totale de remboursement, le gain se chiffre en milliers d’euros.