Les banques ont resserré les conditions d'octroi depuis janvier dernier et opèrent une plus grande sélectivité des dossiers d'emprunt en raison de la crise économique. Les personnes qui évoluent dans les secteurs sinistrés ont du mal à obtenir un financement immobilier, comme en témoigne l'augmentation du nombre de dossiers recalés.
Les refus de prêt en nette hausse
En août dernier, les taux d'intérêt des crédits immobiliers ont légèrement baissé et se situent désormais au niveau observé en juin 2019. On s'endette aujourd'hui autour de 1,20% (hors assurance et coût des sûretés) sur la durée de 20 ans, un seuil bas à quels points du minimum enregistré en décembre dernier (1,11%). Tout laisse à penser que les conditions sont réunies pour concrétiser un projet immobilier. Deux facteurs pèsent malheureusement sur l'accès au crédit :
- le durcissement des conditions d'octroi depuis janvier 2020 : le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) a exigé des banques qu'elles plafonnent le taux d'endettement à 33% et que la durée de remboursement soit limitée à 25 ans.
- l'épidémie de coronavirus : à la crise sanitaire s'est greffée un crise économique sans précédent qui grippe tous les rouages de l'activité et oblige les banques à la plus grande vigilance.
Le taux de refus de prêts immobiliers est en nette augmentation du fait du resserrement du crédit. En août, un candidat à la propriété sur dix s'est vu recalé. Chez les courtiers, le constat est sans appel : près de 11% des dossiers essuient un refus, alors qu'ils étaient 5,5% en moyenne sur l'année 2019. Les premiers concernés sont les primo-accédants : 37% d'entre eux sont mis sur la touche car ils ne respectent pas le ratio d'endettement ou n'ont plus la latitude d'emprunter au-delà de 25 ans. La semaine dernière, le HCSF a décidé de maintenir l'encadrement du crédit immobilier au moins jusqu'à fin 2021, contre l'avis des professionnels de l'immobilier, inquiets de cette exclusion massive de personnes dont le profil permettait d'emprunter en 2019.
Accès au crédit refusé à certaines professions
Non seulement il est plus difficile en 2020 d'obtenir un financement pour un projet immobilier suite aux règles établies par le HCSF, mais la crise économique ajoute aux obstacles qui entravent le parcours d'un candidat à l'emprunt. Les portes du crédit se ferment pour les professions durement touchées par la crise. Les salariés qui travaillent dans le secteur des transports (aérien et routier) et dans l'événementiel ne peuvent plus emprunter pour financer un projet immobilier quand bien même ils respecteraient les critères de solvabilité. Comme le confirme le directeur d'un grand réseau bancaire, les établissements de crédit sont "plus regardants" sur ce type de dossier, un euphémisme pour signifier qu'on ne prête plus à ces candidats... qui doivent remettre leur projet à plus tard en attendant des jours meilleurs.
L'accès au crédit se restreint également pour les personnes employées dans l'hôtellerie, la restauration, le tourisme, l'automobile, l'agriculture et tous les secteurs en lien avec la culture. Les plans d'aide gouvernementale se suffisent pas à rassurer quant à la pérennité des revenus des candidats à l'emprunt.