Alors que l'épidémie due au Covid-19 n'a pas dit son dernier mot, la reprise partielle de l'activité avec le déconfinement nous oblige à observer de plus près le marché immobilier. Selon le dernier baromètre SeLoger, les prix immobiliers se sont maintenus partout en France malgré la crise sanitaire, surtout dans les grandes villes.
Le confinement : aucun effet sur les prix immobiliers
En dépit d'un marché immobilier en pause depuis la mi-mars, les prix des logements n'ont pas reflué durant la période de confinement. Fin mars dernier, sur les 15 premiers jours du confinement, SeLoger, site spécialisé dans les annonces immobilières, n'observait aucun relâchement sur les prix. Au contraire, dans l'ancien, le gain atteignait +1,3% sur un trimestre et 5,4% sur un an, avec une progression plus marquée pour les maisons que pour les appartements (respectivement +6,2% et +4,8% de hausse annuelle). Comment expliquer cette inflation en dépit des mesures de restriction ?
Depuis début janvier 2020, l'accès au crédit immobilier s'est durci avec l'application des recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière. Il en résulte un recentrage de la production des prêts à l’habitat vers les ménages les mieux dotés financièrement au détriment des primo-accédants et des foyers modestes. Seuls les bons voire les très bons profils sont en capacité d'acheter dans le respect des nouvelles règles d'octroi (33% de taux d'endettement et durée de remboursement limitée à 25 ans). Conjuguées à la baisse de l'offre en cette période de crise, qui induit un déséquilibre, les conditions d'accès au crédit ont contribué à la progression des prix immobiliers.
Les Français attendent une baisse des prix immobiliers
Ce constat est à l'opposé de ce que les Français attendent. Selon un étude réalisée début avril 2020 par SeLoger en partenariat avec l'Observatoire du Moral Immobilier (OMI), 55% des futurs acheteurs misent sur un recul des prix dans les six mois à venir ; 6 investisseurs sur 10 pensent que les prix devraient baisser dans les prochains mois.
Il est trop tôt pour savoir si la reprise progressive des transactions leur donnera tort ou raison, la dynamique du marché étant subordonnée à deux facteurs fondamentaux : le niveau de revenus des ménages et les conditions d'octroi par les banques alors que les taux d'intérêt repartent à la hausse.
Les villes où les prix explosent sur un an
Publié par le magazine Capital, le dernier baromètre SeLoger porte le regard sur les 30 plus grandes villes de France. En avril 2020 sur un an, en plein confinement, aucune agglomération n'a vu ses prix reculer. La fourchette est large : entre une évolution nulle à Grenoble et un bond spectaculaire de 31% à Strasbourg ! Les plus fortes progressions concernent :
- Brest (+20%)
- Rennes et Villeurbanne (+19%)
- Lyon et Toulouse (+18%)
- Clermont-Ferrand (+17%)
- Paris, Marseille et Angers (+12%).
Saint-Etienne, Montpellier, Perpignan, et Nice affichent des augmentations de 11% et 10%. Habituée à une hausse record depuis 2 ans, Bordeaux se contente de +2%.
Les ménages porteurs d'un projet immobilier pourront-ils aligner leur budget ? Selon la Banque de France, le confinement de près de 2 mois aurait forcé l'épargne. Protégés par les mesures de chômage partiel, les Français auraient mis de côté quelque 60 milliards d'euros durant cette période où la consommation a été réduite. Le pouvoir d'achat immobilier s'est consolidé, mais la crise économique qui sévit et qui risque de s'installer durablement va sans conteste plonger bon nombre de familles dans les difficultés financières, et modifier en profondeur la demande immobilière.
Source : Capital et SeLoger