À compter du 1er janvier 2023, seuls les logements qualifiés de "décents" pourront être loués. Finie la location des passoires thermiques classées G sur le DPE. À l’avenir, les seuils de consommation énergétique conditionneront la location, ils s’ajoutent déjà aux critères de la notion de décence. En attendant, les propriétaires bailleurs peuvent engager des travaux de rénovation grâce aux aides publiques, dont MaPrimRénov', le dispositif phare applicable aux bailleurs à partir de juillet 2021.
Plus de passoires thermiques d'ici 2028
Les logements dont la consommation annuelle en énergie excède 450 kWh/m2 seront interdits à la location. Sur l'échelle du DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), ce niveau correspond à la lettre G, soit le logement le plus énergivore et le plus fortement émetteur de GES (Gaz Effet de Serre). Selon le décret n°2021-19 paru au Journal Officiel le 13 janvier dernier, "le logement est ainsi qualifié d'énergétiquement décent lorsque sa consommation exprimée en énergie finale par mètre carré et par an est inférieure à 450 kWh/m2.an en France métropolitaine". Ce texte s'imposera aux nouveaux contrats de location conclus à compter du 1er janvier 2023, soit environ 90 000 logements (dont 70 000 dans le parc privé) : c'est seulement 4,5% des quelque 2 millions de passoires thermiques que compte le pays.
Le gouvernement veut éradiquer du parc locatif privé et public à l'horizon 2028 les passoires thermiques, ces logements classés F et G sur le DPE. D'ici là, la première étape est de s'attaquer aux logements les moins vertueux. Dans une interview accordée au journal Le Figaro, Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée en charge du Logement, indique qu'un contrôle sera effectué auprès des agences immobilières pour s'assurer qu'elles ne proposent pas la location de tels logements "indécents". Pour la location en direct, les locataires seront informés qu'ils pourront "se retourner contre le propriétaire s'il refuse de faire les travaux".
Loyers bloqués dans certaines villes
Un autre décret, entré en application le 1er janvier 2021, vise déjà les passoires thermiques, en conditionnant l'évolution des loyers dans le cadre d'une nouvelle location ou d'un renouvellement de bail au critère de performance énergétique. Sont concernées par cette mesure 28 communes dont Annecy, Bordeaux, Grenoble, La Rochelle, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Toulouse ou encore Paris. Le texte pointe les zones urbaines de plus de 50 000 habitants où il existe un déséquilibre marqué entre l'offre et la demande, entraînant des difficultés d'accès au logement.
L'augmentation de loyer est possible dans ces zones uniquement lorsque la consommation en énergie primaire est inférieure à 331 kWh/m2/an (minimum classement E), condition constatée par un DPE établi moins de quatre années auparavant.
Performance énergétique, nouveau critère de décence
À courte échéance, un logement décent sera donc un logement neuf ou rénové. Un décret de janvier 2002 précise cette notion de décence. Le logement décent doit satisfaire aux conditions suivantes :
- assurer le clos et le couvert (bon état d'entretien du gros œuvre et de ses accès, logement protégé contre les infiltrations d'eau)
- être protégé contre les infiltrations d'air parasites (étanchéité à l'air suffisante, cheminées munies de trappes)
- être équipé de dispositifs de retenue des personnes (garde-corps des balcons, terrasses, escaliers, loggias et fenêtres) ;
- préserver la santé et la sécurité physique des locataires ;
- respecter les normes de sécurité pour les réseaux électrique et de gaz, et des équipements de chauffage et de production d'eau chaude ;
- permettre un aération suffisante, garantissant un renouvellement de l'air et une évacuation de l'humidité ;
- offrir un éclairage naturel suffisant dans les pièces principales.
La prise en compte de la performance énergétique dans la définition de décence d'un logement est renforcée par l'article 17 de la loi Énergie-Climat n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 qui impose la définition d'un seuil maximal de consommation d'énergie finale par mètre carré et par an au plus tard le 1er janvier 2023. Avec le décret n°2021-19, ce seuil est donc fixé à 450 kWh/m2 pour les logements situés en France métropolitaine et en Corse.
Un deuxième décret viendra préciser les seuils d'indécence énergétique applicables au-delà de l'année 2023. La mise en place de plafonds plus exigeants doit permettre l'éradication des passoires thermiques d'ici 2028. Les territoires d'outre-mer feront l'objet d'un troisième décret.
Les aides aux travaux de rénovation
En ciblant d'abord les habitations qui consomment le plus, le gouvernement offre une marge de manœuvre pour les autres. D'ici 2028, les propriétaires bailleurs sont donc encouragés à rénover leurs biens qui seraient gros consommateurs d'énergie. Parmi les aides financières à la rénovation énergétique des logements, citons la principale, MaPrimRénov', une aide accordée à tous les propriétaires occupants, sans conditions de ressources, depuis le 11 janvier 2021.
Les propriétaires bailleurs pourront en bénéficier à compter du 1er juillet 2021 pour les travaux éligibles faisant l'objet d'un devis signé après le 1er octobre 2020, même s'ils sont terminés et payés. Les conditions d'éligibilité à MaPrimRénov' pour les propriétaires bailleurs sont les suivantes :
- être propriétaire personne physique ou usufruitier ;
- être titulaire d'un droit réel immobilier ;
- s'engager à louer son bien ;
- ne pas augmenter le montant du loyer.
Outre les travaux qui assurent la décence du logement, les grands principes de MaPrimRénov' à destination des propriétaires bailleurs sont :
- les travaux de maintenance du logement ;
- les travaux d'amélioration de la performance énergétique (isolation, etc.) ;
- les travaux d'entretien des toitures et façades végétalisées.
Les montants de l'aide sont identiques à ceux des propriétaires occupants. Un bailleur pourra être aidé jusqu'à 3 logements mis en location. À la prime, dont le montant dépend du niveau de ressources du foyer demandeur et de la nature des travaux, s'ajoute un bonus entre 500€ (logement en copropriété) et 1 500€ pour le traitement des passoires thermiques (étiquette énergie F ou G).
En 2020, quelque 247 323 logements ont pu être rénovés grâce aux aides proposées par l'Anah (Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat), dont plus de 140 000 à ce jour via MaPrimRénov'. Le gouvernement vise la rénovation de 400 000 logements grâce à cette prime pour l'année 2021.