Il n’y a pas que le dispositif Pinel en matière d’investissement immobilier. Passablement occulté par celui-ci, le dispositif Denormandie permet d’acquérir un logement ancien en vue de le louer, tout en bénéficiant d’un avantage fiscal. Alors qu’il devait disparaître fin 2023, le gouvernement a décidé de le proroger une année de plus. Ce n’est pas ça qui va sauver le marché immobilier, mais il aurait été contreproductif de supprimer un dispositif peu coûteux pour l’État, qui vise à redynamiser les centres-villes.
Qu’est-ce que le Denormandie ?
Le dispositif Denormandie, du nom de l’ancien ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, est une aide fiscale accordée dans le cadre d’un investissement locatif, et contrairement au Pinel, il ne concerne que le logement ancien.
Son objectif est d’encourager la rénovation de biens anciens destinés à la location et situés dans certaines zones. Le dispositif Denormandie s’applique en effet à trois types de communes :
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celles qui font partie du plan « Action cœur de ville », qui vise à maintenir l’activité et le logement dans les centres-villes des communes de taille moyenne ;
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celles ayant passé une convention d’opération de revitalisation de territoire (ORT) qui vise à lutter contre la dévitalisation des centres-villes ;
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celles dont le besoin de réhabilitation de l’habitat est important.
Près de 250 communes seraient concernées par le programme Cœur de Ville.
Pour bénéficier du dispositif Denormandie, le logement doit respecter les conditions suivantes :
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logement ancien faisant l’objet de travaux de rénovation d’un montant représentant au moins 25% du coût de l’opération ou local transformé en usage d’habitation
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logement nu, loué non meublé comme une résidence principale sur une période de 6, 9 ou 12 ans
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logement loué à un prix ne dépassant pas le plafond de loyer dépendant de la zone concernée (A, A bis, B1 ou B2).
Les travaux de rénovation doivent permettre d’améliorer de 20% au moins la performance énergétique du logement (au moins 30% pour les logements individuels). Ils doivent également comprendre la création d’une surface habitable nouvelle (exemple balcon, terrasse, garage) et être achevés au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivant l’achat du logement. La liste des travaux éligibles au Denormandie a été élargie début 2020.
Des conditions s’appliquent également au locataire :
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Il ne doit pas appartenir au foyer fiscal de l’investisseur
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Ses revenus ne doivent pas dépasser les plafonds selon zone et composition du foyer.
La carotte fiscale est identique à celle accordée à taux plein dans le cadre du Pinel Plus soit :
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6 ans de location : 12% du prix du bien (travaux compris)
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9 ans de location : 18%
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12 ans : 21%.
Et comme le Pinel, la réduction d’impôt s’entend pour un investissement maximum de 300 000€ par an et de 5 500€ le mètre carré.
Investir dans l’immobilier ancien en 2024
Lancé en 2019 et prévu de disparaître fin 2023, le Denormandie est prolongé d’une année via un amendement inclus dans la première partie du projet de loi de finances 2024, adoptée par l’utilisation de l’article 49-3 le 20 octobre dernier.
En commission des finances, le rapporteur Jean-René Cazeneuve avait pourtant suggéré de supprimer « un dispositif qui ne marche plus », qui n’aurait financé que 600 opérations en 2023 pour un coût pour les finances publiques estimé à 8 millions d’euros. Le message des élus locaux serait donc passé. Les communes éligibles plébiscitent un dispositif qui permet de lutter contre l’étalement urbain tout en facilitant la rénovation du bâti ancien en centre-ville.
Satisfecit également de l’Association française de l’immobilier locatif qui attend la montée en puissance d’un dispositif qui séduit les villes moyennes et les investisseurs. Au vu des chiffres, on mesure la marge de progression !
Le Denormandie pâtit d’un déficit de notoriété, dans l’ombre du Pinel, lui-même attaqué de toutes parts pour son caractère dispendieux pour les finances publiques. Un rapport préconise d’utiliser le Denormandie jusqu’en 2030 pour résoudre le problème de l’habitat indigne.
Le Denormandie permet de se constituer un patrimoine immobilier tout en profitant d’un avantage fiscal non négligeable. Avec le durcissement de la réglementation sur l’immobilier locatif, il y a sans doute de belles opportunités à saisir pour générer un revenu additionnel grâce aux loyers perçus.
Les propriétaires bailleurs qui ne veulent ou ne peuvent rénover se débarrassent de leurs passoires thermiques et mettent leur bien en vente à un prix décoté. Rappelons que les pires logements classés G sur l'échelle du DPE (Diagnostic de Performande Énergétique) sont qualifiés d’indécents depuis janvier 2023 et ne peuvent plus être loués. À terme, en janvier 2034, les biens des classes E, F et G seront progressivement sortis du marché locatif.