Malgré un marché immobilier tendu par la remontée brutale des taux d'emprunt, les prix des logements continuent leur progression, notamment sur le segment des maisons. Revue de détails avec le dernier baromètre LPI-SeLoger.
Volume des ventes en baisse
Le resserrement des conditions d'emprunt en début d'année, conjugué à la remontée de l'inflation qui détériore le pouvoir d'achat, a restreint l'accès au crédit immobilier. Le marché a particulièrement souffert en mars, avec le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a renforcé la pression inflationniste et la hausse des taux d'intérêt, au-delà de refroidir les velléités d'achat immobilier. Les transactions avaient alors reculé de près de 24% sur un trimestre en glissement annuel.
Passé le choc, le rebond intervient en avril 2022. La progression est même spectaculaire, de l'ampleur de celle constatée après la sortie du premier confinement du printemps 2020 : +115% sur un mois ! Néanmoins le marché de l'ancien est en panne avec un volume des ventes en repli de -1,8% en rythme trimestriel glissant et de -10,4% sur les quatre derniers mois en glissement annuel.
Hausse accélérée des prix dans l'ancien
Sur un an à fin avril 2022, les prix des logements anciens ont augmenté de +1,3%. La progression est plus marquée sur 3 mois, à +2,6%. Le prix moyen du mètre carré signé s'établit à 3 412€. Voici l'évolution détaillée des prix des maisons et des appartements anciens :
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Prix m2 affiché |
Prix m2 signé |
Global Évolution sur 3 mois Évolution sur 1 an |
3 457€ +3,5% |
3 412€ +2,6% +1,3% |
Maison Évolution sur 3 mois Évolution sur 1 an |
2 849€ +4,8% |
2 817€ +3,6% -4,5% |
Appartement Évolution sur 3 mois Évolution sur 1 an |
4 097€ +2,5% |
4 039€ +1,9% +5,7% |
source LPI-SeLoger
Progression des prix dans les grandes villes
Comme une moyenne ne rend pas compte de la disparité du marché immobilier français, entrons dans le détail. Si le marché est à la peine en raison d'une demande confrontée aux exigences d'apport personnel et à la hausse des taux d'emprunt, les prix continuent de monter dans 93% des villes de plus de 50 000 habitants.
Dans certaines communes, les prix bondissent allègrement sur un an à fin avril, comme à Angers (+15,1%), Bourges (+19,4%), Cherbourg (+16,3%), La Roche-sur-Yon (+17,7%), Narbonne (+19%) ou encore Vannes (+13,6%). 25% des villes de plus de 50 000 habitants connaissent une hausse supérieure à 10%.
D'autres accusent le coup, comme Neuilly-sur-Seine (-2,2%), Lyon (-0,2%), Sevran (-5%), Tourcoing (-12%) ou Villeneuve-d'Ascq (-10,3%) où les acheteurs préfèrent les villes périphériques avec des prix plus abordables qui permettent de limiter le recours au crédit et la contrainte de l'apport personnel.
À Paris, le curseur est poussé à +6,1% sur un an, et le mètre carré moyen atteint désormais 11 260€. Un léger coup de frein s'opère dans les villes franciliennes où le mètre carré excède les 6 000€, la progression restant toutefois autour de +5% sur un an.
Les prix du neuf à mi-2022
Le marché du neuf est lui aussi pénalisé par le durcissement des règles d’emprunt, également par le renchérissement des matériaux de construction. Les prix des maisons neuves ont progressé de 5% sur 3 mois, mais reculent de près de 11% sur un an (mètre carré moyen à 2 357€). Position inverse pour les appartements dont les prix évoluent de +5% sur un an, et de 0,3% sur 3 mois en avril, pour un prix moyen du mètre carré très largement supérieur (6 269€/m2).
Le niveau des prix des appartements neufs limite les possibilités d'achat des ménages en dépit des dispositifs d'aide à l'acquisition comme le PTZ pour les primo-accédants ou le Pinel pour les investisseurs.
Le réseau d’agences immobilières Century 21 pressent une correction des prix de l’immobilier durant le second semestre 2022. La décélération déjà en cours concernerait d’abord les appartements avant les maisons pour lesquelles l’engouement des Français s’est renforcé depuis le début de la crise sanitaire.