Après une année 2023 marquée par un fort ralentissement de l’activité immobilière, 2024 va-t-elle connaître une relance du marché ? Le début de la fin de la hausse des taux permet d’être optimiste, mais ce qu’attendent les acquéreurs est une réelle baisse des prix immobiliers pour regagner quelques points de pouvoir d’achat. Les avis des experts divergent, l’hétérogénéité du marché ne facilitant pas l’exercice.
Taux d’intérêts orientés à la baisse
Amorcée début 2022, la hausse des taux d’intérêts du crédit immobilier devrait être enfin derrière nous. Les valeurs ont commencé à se stabiliser en décembre, voire à régresser de quelques points, et il n’est pas prématuré de tabler sur le retour des taux à moins de 4% en 2024.
Bien qu’orientés à la baisse, les taux ne retrouveront pas de sitôt les niveaux historiquement bas qui ont prévalu en 2021. Les valeurs avaient atteint le seuil record de 1% en moyenne sur 20 ans (hors assurance de prêt immobilier et coût des sûretés). Actuellement, on s’endette sur cette maturité à un taux brut autour de 4,20%, les meilleurs dossiers pouvant prétendre à une décote qui place le taux sous la barre des 4%.
L’envolée des taux d’emprunt en 2023 a perturbé le marché immobilier, entraînant une chute record des ventes dans l’ancien de plus de 20% et tirant le pouvoir d’achat des ménages vers le bas, sans possibilité de compter sur une correction significative des prix des logements.
Faible recul des prix immobiliers en 2023
Selon les chiffres provisoires du bilan immobilier 2023, le pouvoir d’achat immobilier s’est contracté d’environ 20% pour une baisse des prix dans l’ancien inférieure à 4%.
Dans le détail et sans surprise, le marché révèle sa vive hétérogénéité :
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Évolution prix appartements* |
Évolution prix maisons* |
Île de France |
-6,8 % |
-7,3 % |
Province |
-1,1 % |
-3,3 % |
France métropolitaine |
-3,5 % |
-3,9 % |
*Évolution des prix sur un an à fin janvier 2024 selon les projections des Notaires de France
Selon Meilleurs Agents, site référent en matière d’estimation immobilière, les prix ont reculé en moyenne de 1,8% en 2023, tous types de biens confondus, après une augmentation de 4,6% en 2022. Certaines communes accusent un repli très net, comme Nantes (-8%) ou Lyon (-6%), et même Paris (-5,3%).
Le niveau toujours élevé des prix, couplé aux trois autres facteurs, la hausse des taux d’intérêts en 2023, le durcissement des conditions d’octroi de crédit et une inflation galopante, a grippé le marché : selon les estimations des notaires sur la base des avant-contrats, le volume des ventes dans l’ancien aura subi une baisse comprise entre -21% et -25% sur un an, soit entre 850 000 et 890 000 opérations, contre 1,13 million en 2022.
Quelles perspectives pour l’immobilier 2024 ?
Une des caractéristiques de l’année immobilière 2023 est la lenteur des vendeurs à accepter un retournement du marché et à revoir leurs prétentions. La pénurie de logements dans certaines zones a contribué au phénomène : l’éternelle loi de l’offre et de la demande. Selon le réseau Guy Hoquet, le marché au cours du second semestre 2023 a été principalement alimenté par des vendeurs qui n’avaient d’autre choix que de céder leur bien (naissance, mariage, décès, séparation). Les autres, moins pressés, attendent que les prix se redressent.
Ont-ils raison ? Là encore, la grande diversité du marché immobilier ne permet pas de tirer une conclusion. Dans les plus grosses métropoles où les prix ont explosé ces dernières années, les prix ont effectivement diminué, plus nettement que ceux des villes moyennes, davantage prisées depuis la crise du Covid. Toujours le clivage ville ou campagne qui s’est renforcé à la faveur des zones rurales depuis 2020.
Meilleurs Agents table sur une baisse des prix de l’immobilier ancien plus forte en 2024, de l’ordre de -4%. Pour le réseau Guy Hoquet, il ne faut pas attendre de chute du marché pour deux raisons :
- une demande toujours supérieure à l’offre,
- la stabilisation voire la baisse des taux qui va dynamiser l’activité.
L’immobilier est et restera une valeur refuge. Selon un sondage réalisé par la start-up Bricks.co, spécialisée dans les projets d’investissements immobiliers, 61% des ménages français prévoient d’économiser en 2024 en vue d’acheter un logement et 53% comptent l’occuper. Ils pourraient être freinés dans leur projet : 75% craignent une augmentation des prix et 71% redoutent que les taux restent élevés.