L’accès au crédit immobilier s’est rétréci depuis mi-2022 en lien avec la hausse des taux d’intérêts et le dysfonctionnement de l’usure. La mensualisation des taux d’usure depuis le 1er février 2023 relâche quelque peu la tension, mais les taux d’emprunt continuent leur folle ascension. Les ménages qui réussissent aujourd’hui à financer leur projet immobilier s’endetter à un taux nominal de plus de 3% sur des durées toujours plus longues.
Nouvelle hausse des taux en mars 2023
Les taux d’intérêts des crédits immobiliers progressent de nouveau en mars 2023, et ce, pour le quinzième mois consécutif. De 1,03% en février 2022 (hors assurance prêt immobilier et coût des sûretés), le taux moyen sur 20 ans s’affiche aujourd’hui à 3%, soit le niveau établi fin 2014.
Le mouvement haussier s’est accéléré sous l’effet de la revalorisation significative du taux d’usure. Alors que les taux ont augmenté en moyenne de 11 points de base durant l’année 2022, ils ont gagné 26 points en janvier et 21 points en février 2023. Entre décembre 2022 et janvier 2023, le taux d’usure pour les prêts de 20 ans et plus est passé de 3,05% à 3,57%, et en février, il titrait 3,79%. Le taux d’usure mensualisé jusqu’à fin juin 2023 a pour effet de nourrir la progression des taux d’intérêts, car les banques peuvent ajuster leurs barèmes plus rapidement et réagir ainsi plus régulièrement aux conditions monétaires auxquelles elles sont confrontées.
Un taux d’usure à 4% sur 20 ans et plus en mars 2023 confirme si besoin est que les taux d’emprunt poursuivent leur inexorable envolée. Le gagnant avec la hausse du taux d’usure en mars 2023 est l’emprunteur recalé en février pour cause de TAEG (Taux Annuel Effectif Global) à la marge du taux maximum autorisé. Pour mémoire, le TAEG contient obligatoirement tous les frais liés à l’obtention du crédit (intérêts, frais de dossier, garantie, primes d’assurance emprunteur).
Entre hausse des taux et chute de la production de crédit, le marché immobilier de ce début d’année 2023 est à la peine, en particulier sur le segment du logement neuf, où la crise est profonde au point d’inquiéter les professionnels du bâtiment.
Une majorité de crédits immobiliers au-delà de 3%
Actuellement, 75% des ménages qui décrochent leur prêt immobilier s’endettent à un taux brut de plus de 3% (hors assurance crédit) sur une durée moyenne de remboursement de 243 mois (chiffres Observatoire Crédit Logement), soit 20 ans et 3 mois. En février dernier, 67,3% des prêts accordés affichaient une durée de plus de 20 ans, une proportion en très nette hausse par rapport à 2019 (48,1%).
S’endetter aujourd’hui sur une durée longue n’a pas la même incidence sur le coût du crédit. Un prêt de 200 000€ sur 20 ans coûtait 20 749€ d’intérêts en janvier 2022 (taux nominal à 1%), contre 66 207€ en mars 2023.
S’il était facile et bon marché d’emprunter sur 25 ans en 2019, voire même jusqu’à 30 ans, quand les taux étaient au plancher, le scénario est tout autre en 2023. Premièrement, les autorités financières ont décidé de plafonner la durée de remboursement à 25 ans depuis janvier 2020. Impossible de s’endetter au-delà sauf exception jusqu’à 27 ans quand la jouissance du bien est postérieure au déblocage des fonds (achat dans le neuf en VEFA ou dans l’ancien avec travaux de rénovation importants). Deuxièmement, le taux d’usure est identique qu’on emprunte sur 20 ou 25 ans.
La hausse des taux d’intérêts depuis le début de l’année limite les possibilités d’allonger la durée du crédit. Le taux est d'autant plus élevé que la durée s’allonge, et le TAEG vient rapidement se heurter au taux d’usure une fois intégrés tous les frais incompressibles. Les profils modestes sont les premiers pénalisés. Dotés d’un faible apport personnel, ils héritent des taux les moins performants. La moitié des ménages qui empruntent sur 20 ans écopent d’un taux supérieur à 3%.
Rappelons que le seul levier d’économies pour faire baisser le TAEG et rester sous l’usure est de souscrire une assurance emprunteur déléguée. En mettant les contrats en concurrence grâce à un comparateur d’assurance de prêt immobilier, vous constatez que les assurances alternatives sont jusqu’à trois fois moins chères que les offres bancaires à garanties équivalentes. Et si vous assumez déjà un crédit immobilier, la loi Lemoine vous permet de réduire le coût de l’assurance en changeant de formule en cours de prêt.